L’Allemagne et la France s’accordent sur le « char du futur »

L’Allemagne et la France s’accordent sur le « char du futur »

Les ministres allemand et français de La Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, ont signé vendredi à Paris un accord sur le char franco-allemand du futur
30.04.2024

Les ministres allemand et français de la Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, ont signé vendredi à Paris un accord sur le développement du « char du futur » (MGCS). Un pas important pour ce grand projet franco-allemand.

Il a vocation à remplacer les chars français Leclerc et allemand Leopard à l’horizon 2040. Le projet de « char du futur » franco-allemand (MGCS) vient de faire un grand pas en avant. Vendredi 26 avril, les ministres allemand et français de la Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, ont signé à Paris une déclaration d’intention qui précise la répartition des responsabilités industrielles entre l’Allemagne et la France. Le sujet avait été cause de retards.

Selon l’accord, l’Allemagne et la France se répartiront les responsabilités et les coûts industriels à égalité (50 %-50 %). Dans la répartition des tâches, nous reprenons symétriquement la structure utilisée pour le projet SCAF (Future Combat Air System), le projet franco-allemand d’ « avion du futur », a indiqué M. Pistorius.

Le projet SCAF est sous la responsabilité de la France. Le développement du MGCS (Main Ground Combat System) ou Système principal de combat terrestre sera placé sous la responsabilité de l’Allemagne.

Partage des coûts et des contrats industriels à 50/50

Une société de projet va être créée. Elle associera les entreprises KNDS Allemagne, KNDS France, Rheinmetall Landsysteme et Thales SIX. Les quatre plateformes du système de combat (canon, missiles, soutien, système d’intervention) y seront rassemblées sous une direction franco-allemande commune.

Au niveau inférieur, le projet sera structuré selon huit piliers, qui seront placés sous responsabilité allemande, française ou franco-allemande. L’Allemagne gèrera le développement des plateformes, et la protection et la lutte anti-drones. La France aura dans son giron les feux innovants et les capteurs. Les feux classiques, la connectivité, la simulation, ainsi que les infrastructures et le soutien seront sous responsabilité partagée.

Un nouveau système de combat terrestre ultra-moderne

Le MGCS ne remplacera pas seulement les blindés lourds existants. Ultramoderne dans sa conception comme dans ses équipements, pensé comme un système multiplateforme, il ambitionne de révolutionner le paysage des chars et du combat terrestre.

Il intégrera des innovations technologiques de rupture comme l’intelligence artificielle et l’hyperconnectivité. Selon le ministère français de la Défense, il utilisera l’intelligence artificielle en soutien au renseignement, à la planification, au commandement et à la coordination des feux. Sa connectivité renforcée permettra de partager des informations tactiques en temps réel grâce à un cloud de combat intégré.

« Face aux nouvelles menaces (drones armés, armes autonomes, cyberattaques…), l’objectif du nouveau système multiplateforme est de créer un environnement de combat dans lequel les combattants comprennent, décident et agissent plus rapidement que l’adversaire pour être plus efficaces et mieux protégés », est-il indiqué.

Le MGCS n’est pas la continuation des chars de combat Leopard et Leclerc, souligne de son côté M. Pistorius. « Il s’agit de quelque chose de totalement nouveau : des véhicules de combat interconnectés, qui pourront en partie opérer sans équipage. »

Dimension européenne

En écho aux propos du président français, Emmanuel Macron, le ministre allemand a souligné l’importance d’envisager l’industrie de l’armement sous l’angle européen. « Nous devons y travailler », a-t-il déclaré.

Lancé en 2017, le projet MGCS souligne « les liens et l’amitié profonds » qui existent entre la France et l’Allemagne, a ajouté M. Pistorius. L’axe franco-allemand possède un « poids qui donne l’élan de ce qui se passe en Europe. »

La France et l’Allemagne espèrent maintenant boucler le contrat d’ici à la fin de l’année, et le soumettre en 2025 à l’approbation des parlementaires. À moyen terme, le projet sera ouvert à d’autres partenaires européens, tels que l’Italie. « Si nous voulons renforcer l’Europe, cela signifie qu’il nous faut associer d’autres partenaires », a souligné M. Pistorius.

A.L.