Comment l’Allemagne veut attirer des étrangers qualifiés

 
L’Allemagne précise les conditions dans lesquelles elle compte accueillir les immigrés qualifiés extérieurs à l’Union européenne
 
À Berlin, les partis de la coalition viennent de s’accorder sur les grandes lignes d’une « loi sur l’immigration de main-d’œuvre qualifiée ». Ses modalités faisaient débat depuis plusieurs années.
 
D’un côté, des entreprises qui peinent à recruter et qui en appellent à l’immigration. De l’autre, une société qui voit ré-émerger les thèmes de l’identité, du territoire, voire du repli. Comment répondre aux besoins en main-d’œuvre qualifiée de l’économie sans provoquer des tensions dans la société ? C’est l’enjeu d’un débat qui se jouait en Allemagne depuis plusieurs années. Les partis de la coalition viennent d’y mettre un terme en s’accordant sur les grandes lignes d’une nouvelle loi sur l’immigration de main-d’œuvre qualifiée.
Après plusieurs mois de débats, les partenaires de la coalition d’Angela Merkel se sont accordés la semaine dernière sur les grandes lignes d’une « loi sur l’immigration de main-d’œuvre qualifiée ».
Après plusieurs mois de débats, les partenaires de la coalition d’Angela Merkel se sont accordés la semaine dernière sur les grandes lignes d’une « loi sur l’immigration de main-d’œuvre qualifiée ».© dpa
 
Ce compromis vise à faciliter l’immigration de personnes diplômées ou qualifiées venant de pays extérieurs à l’Union européenne (UE). Car s’il convient d’exploiter toutes les qualifications disponibles en Allemagne et dans l’UE, cela ne suffira pas pour compenser les effets de la démographie, constate le gouvernement allemand.
Assouplissements pour les étrangers qualifiés hors-UE
 
Plusieurs mesures d’assouplissement sont donc prévues. Le recrutement d’étrangers non européens ne se limitera plus aux professions en tension. Il sera étendu à toutes les professions en rapport avec le diplôme ou la qualification de la personne. L’employeur n’aura plus non plus à se préoccuper d’examiner s’il existe un salarié allemand disponible pour occuper le poste à pourvoir (sauf dans les régions à fort taux de chômage).
 
Seule condition pour le candidat à l’immigration : que sa qualification professionnelle ou son diplôme soit reconnu en Allemagne. Si ce n’est pas le cas, des aides seront développées pour permettre une remise à niveau qualifiante.
Délai et conditions
 
À son arrivée, la personne désireuse de faire valoir ses qualifications en Allemagne se verra ainsi accorder un délai de six mois pour trouver un emploi. Pendant cette période, elle n’aura droit à aucune aide sociale. Elle devra donc prouver au préalable sa capacité à assurer sa subsistance le temps nécessaire afin d’éviter toute immigration motivée par le haut niveau de protection sociale. Elle devra, par ailleurs, disposer d’un niveau d’allemand compatible avec l’exercice du type de poste qu’elle convoite. Si elle n’a pas trouvé d’emploi au bout de six mois, elle sera tenue de quitter le territoire.
 
Enfin, un dernier volet du projet de loi prévoit d’améliorer le statut des déboutés du droit d’asile dont le séjour en Allemagne reste cependant « toléré ». C’était le principal point de cristallisation du débat.
 
L’idée avait notamment été émise de faire « changer de file » les personnes tolérées qui exercent un emploi et sont bien intégrées dans la société, c’est-à-dire de leur permettre de rester au lieu de les expulser à l’expiration de la période de « tolérance ».
 
Ce n’est finalement pas la solution retenue. Le gouvernement n’entend pas déroger au principe de séparation entre asile et immigration de travail. En revanche, les personnes « tolérées », employées et bien intégrées se verront accorder à l’avenir « un statut fiable », défini sur des critères clairs, afin de pouvoir rester sur le territoire.
 
A.L.