La Lettre d’information n°53. Janvier 2023.

N° 53. Janvier 2023.

Responsable de la rédaction : Bernard Viale.

Délégué à  la « Communication ».

 

 

Le mot du Président

 

Chers membres de l’AFDMA, chers amis,

Laissez moi tout d’abord, en ces premiers jours de janvier, vous souhaiter, ainsi qu’à tous ceux qui vous sont chers, une belle année 2023 pleine de santé et de satisfactions personnelles et professionnelles.

Force est de constater que les relations entre la France et l’Allemagne sont dans une mauvaise passe pour reprendre les mots de Jérôme Vaillant. Elles sont clairement les victimes collatérales des crises qui secouent notre continent : guerre en Ukraine, crise économique, crise énergétique, crise sanitaire…Des analyses et des intérêts divergents sont clairement apparus.  Le Conseil des ministres franco-allemand prévu en novembre 2022 a dû même être reporté.

Ces difficultés relationnelles sont aussi le révélateur des nouvelles politiques nationales mises en œuvre par les gouvernements français et allemand nouvellement élus. Elles sont certainement le reflet d’une plus grande méconnaissance réciproque et d’une distanciation d’intérêt entre nos deux pays.

J’en veux pour preuve  le nombre de jeunes qui suivent  l’enseignement de l’Allemand en France et du Français en Allemagne. Jamais cette désaffection n’a été aussi importante.

Il est certain que c’est par l’apprentissage de la langue que les Français et les Allemands, et la jeunesse en particulier, parviendront à mieux comprendre le pays et sa culture, à renforcer les intérêts économiques et à trouver  ensemble des axes de coopération dans l’intérêt bien compris de nos deux pays et de l’Europe en général.

C’est dans cet optique que l’AFDMA s’est résolument engagée à soutenir l’apprentissage de l’allemand dans les lycées français. Ainsi, nos délégués régionaux sont invités à remettre  le diplôme de l’AFDMA, assorti d’un chèque, aux meilleurs élèves en allemand, désignés par les professeurs, en liaison avec les rectorats. À ce titre, je veux souligner l’action très suivie de notre délégué en Alsace, le Préfet de Région (h) Cyrille Schott.

2023, année de la relance de la coopération franco-allemande ?

La volonté de poursuivre et d’approfondir notre relation privilégiée a été cependant constamment réaffirmée et la solidarité actée, par exemple en matière énergétique. Le prochain Conseil franco-allemand des ministres est maintenant prévu le 22 janvier prochain, date anniversaire de la signature du traité de l’Elysée. Ce sera certainement l’occasion, non seulement de réaffirmer les principes qui fondent notre relation d’amitié, mais aussi de poser de nouveaux jalons pour l’avenir et de relancer le moteur franco-allemand, élément essentiel de l’Europe.

Pour cet anniversaire, de très nombreux événements sont prévus dans nos deux pays au niveau national, régional et local par les  associations et les institutions qui, inlassablement, font vivre quotidiennement cette relation à nos citoyens, jeunes et moins jeunes.

Dans ce cadre, l’AFDMA participera, en liaison avec le Souvenir français, à un dépôt de gerbe et  au ravivage de la flamme sous l’arc de Triomphe le dimanche 22 janvier à 18h, en présence des hautes autorités françaises et allemandes. Tous les membres de l’AFDMA sont cordialement invités à participer à cette manifestation.

En espérant vous voir nombreux le mardi 14 mars à l’Ambassade d’Allemagne pour notre assemblée générale, en présence de son excellence, monsieur Hans-Dieter Lucas, Ambassadeur  d’Allemagne en France, je vous réitère  mes meilleurs vœux de bonheur et de bonne santé pour cette Nouvelle Année.

Bien cordialement,

Général(2S) Bertrand Louis Pflimlin

Président

 

 

Sommaire :

Le mot du Président

P. 3 : Publications : relation franco-allemande : une simple mauvaise passe ? Par Jérôme Vaillant.

P. 7 : Les nouvelles demandes de réparation de la Pologne à l’Allemagne pour les dommages que celle-ci lui a infligés pendant la Seconde Guerre   mondiale. Par M. le  Prof. E.h. Dr. Klaus-Heinrich Standke.

P. 10 : Du 20 au 25 novembre 2022 : Une semaine intense de coopération franco-allemande.

P. 12 : Pétition de l’ADEAF (Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France)  adressée au Président de la République pour un véritable plan de relance de l’apprentissage de l’Allemand.

P. 14 : l’actualité de la revue  « Allemagne d’aujourd’hui ».

Travail de mémoire : la résistance alsacienne. Par Cyrille Schott.

P. 15 : Les manifestations franco-allemandes à la Maison Heinrich-Heine.

P. 18 : Exposition : « France-Allemagne : construire l’Europe. »

P . 19 : La vie de l’AFDMA.

 

Publications

 

Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil  dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».

Rendez-vous sur www.afdma.fr !

 

Relation franco-allemande: une simple mauvaise passe?

Par Jérôme Vaillant,

Pendant plusieurs semaines, les relations entre la France et l’Allemagne ont subi une véritable tempête médiatique au cours de laquelle il a été affirmé que le « couple franco-allemand » avait volé en éclats, voire qu’il n’avait jamais existé. Puis on a assisté à plusieurs tentatives d’apaisement de la part des gouvernements des deux pays, qui étaient pourtant eux-mêmes à l’origine de ces remous.

Que s’est-il passé au juste, et à quel point la crise est-elle profonde ?

Griefs français et gestes diplomatiques

Que reproche la France à l’Allemagne ? Pêle-mêle, sa politique énergétique telle qu’elle est défendue au niveau européen, qui mise essentiellement sur les énergies renouvelables quand la France s’en remet à nouveau au nucléaire ; sa politique de soutien aux ménages et aux entreprises, le gouvernement allemand ayant négligé d’avertir la France de la mise en place d’un fonds d’investissement de 200 milliards d’euros susceptible de provoquer des distorsions de compétitivité entre les pays membres de l’Union – alors que la France elle-même a prévu un programme de 120 milliards avec les mêmes objectifs, cumulant les multiples aides d’État pour lutter contre l’inflation et la crise énergétique ; l’absence de référence à la coopération franco-allemande dans le discours sur l’Europe prononcé à l’Université Charles de Prague par le chancelier Scholz, qui a donné à Paris le sentiment que Berlin cherchait à marginaliser la France dans les programmes d’équipements militaires européens, en particulier là où celle-ci en a la maîtrise d’œuvre, comme dans la réalisation du char de combat du futur, etc.

En outre, la France n’a pas apprécié que l’Allemagne rallie quatorze pays de l’OTAN à l’achat d’un bouclier antimissile alors qu’elle-même développe avec l’Italie son propre système de défense anti-aérien « Mamba ». Les désaccords portaient également sur la question sensible de la coopération sur « l’avion du futur » – nous y reviendrons.

Le couple franco-allemand est-il en instance de divorce ? (Arte, 26 octobre 2022).

Dans ce contexte tendu, les ministres allemands de l’Économie Robert Habeck, des Affaires étrangères Annalena Baerbock (tous deux du parti Les Verts) et des Finances Christian Lindner (FDP) ont été reçus fin novembre à l’Élysée, mais la tentative la plus médiatisée de réparer le mal fait a été assurément la visite de la première ministre Élisabeth Borne à Berlin, le 25 novembre, à l’occasion de laquelle une « déclaration commune sur la solidarité énergétique » a été publiée.

L’accent était mis sur la solidarité – cette solidarité dont la France avait reproché à l’Allemagne de ne pas faire suffisamment preuve à Bruxelles, précisément dans le domaine énergétique. Selon Paris, Berlin s’opposait à la mise en place d’un bouclier tarifaire sur le gaz alors qu’au même moment le gouvernement allemand n’excluait pas de mettre un « couvercle » sur les prix du gaz… tout en redoutant qu’un dirigisme des prix puisse être contre-productif. Rappelons que depuis la mi-octobre, la France livre du gaz à l’Allemagne, en contrepartie de quoi celle-ci s’engage à livrer de l’électricité à la France pendant l’hiver dans le cas où la défaillance des centrales nucléaires venait à provoquer des black-outs dans le pays.

Le dossier de l’avion du futur, nouvel épisode d’un débat ancien.

C’est à la mi-octobre 2022 que le report à janvier 2023 des consultations franco-allemandes sur la question de l’avion de combat du futur en raison d’« un besoin supplémentaire de coordination » avait manifesté au grand jour les divergences entre les deux gouvernements, alors qu’ils étaient pourtant sur le point d’aboutir à un accord.

Rappelons qu’on ne cessait en France, depuis des mois, de reprocher à l’Allemagne d’acheter des avions américains F-35 pour remplacer les Tornados vieillissants de l’Armée de l’air allemande, jugeant que c’eût été un geste de solidarité européenne que de commander des Rafales français.

C’était cependant oublier que les Tornados participaient au « partage nucléaire » dans le cadre de l’OTAN, ce pour quoi les Rafales ne sont pas équipés. C’était oublier, aussi, que l’on voyait mal la France permettre à l’Allemagne de partager un quelconque accès à la force de frappe française « sous double clé », comme elle le fait avec les États-Unis dans le cadre de l’OTAN. On est là au cœur des divergences franco-allemandes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1963, de Gaulle avait cherché, en vain, à soustraire la RFA à l’influence américaine. L’Allemagne avait alors, sans équivoque possible, affirmé qu’il revenait à l’OTAN, dans le cadre de sa doctrine de dissuasion nucléaire, de garantir sa sécurité, et que la France, qui était en train de construire sa propre force de frappe nucléaire ; n’y suffirait pas. Pour compenser l’échec de la création d’une « force multilatérale » (MLF) au sein de l’OTAN – projet perçu en France, non sans raisons, comme la tentative de mettre la future force française de dissuasion sous tutelle américaine –, proposition avait été faite à l’Allemagne, qui avait accepté, de participer à la politique de dissuasion nucléaire de l’OTAN en armant des bombardiers allemands de l’arme nucléaire sous contrôle américain.

Depuis, et même si pendant la présidence de Donald Trump, l’Allemagne a pu être tentée de commencer à se dégager de l’emprise américaine, rien n’a foncièrement changé. Certes, Berlin met davantage en avant la nécessité d’affirmer la « souveraineté européenne », reprenant en cela le vocabulaire du président français ; mais, en réalité, ce qui est mis en avant, c’est la nécessité pour l’Europe de prendre davantage de responsabilités au sein de l’OTAN, reprenant l’idée déjà ancienne, d’un pilier européen au sein de celle-ci.

C’est ce qu’a réaffirmé le chancelier allemand dans son discours de Prague du 29 août, puis dans le discours qu’il a tenu à Berlin le 16 septembre 2022 devant la Conférence de la Bundeswehr. Olaf Scholz y tire, sans fard, les leçons du « changement d’époque » provoqué par l’agression russe de l’Ukraine. Il insiste sur la nécessité, au-delà du fonds structurel de 100 milliards d’euros pour l’équipement de la Bundeswehr, de porter le budget militaire de l’Allemagne à 2 % du PIB du pays. Il explicite également que l’objectif fondamental de la Bundeswehr est la défense du pays et de l’Alliance atlantique, et que l’Europe doit disposer d’un quartier général qui coordonne les opérations militaires décidées en commun. En matière d’équipement, il répète clairement que seule une plus grande coopération permettra de surmonter les concurrences entre entreprises de l’armement et les systèmes d’armement, et dit sa conviction qu’« une politique européenne commune d’équipement en matière d’armement » est possible. Il est plus que probable qu’il pensait ici à la réalisation du SCAF.

Le SCAF enfin sur les rails ?

Ce projet franco-allemand – auquel l’Espagne s’est depuis associée – remonte à un accord passé entre Emmanuel Macron et Angela Merkel en 2017. Il ne s’agit pas seulement de construire l’« avion du futur » destiné à remplacer à l’horizon 2040 le Rafale et l’Eurofighter, mais à constituer un ensemble associant à celui-ci des drones et à assurer la communication par l’intermédiaire d’un « cloud » numérique. Pendant des années, le projet a traîné, donnant le sentiment à Paris que Berlin n’en voulait pas et que la chancelière, comme dans les autres domaines de la relation franco-allemande, faisait attendre la France : elle louait les initiatives françaises, mais aux belles paroles ne succédaient pas les actes.

Pourtant, le 18 novembre 2022, la France et l’Allemagne ont fait état d’un accord gouvernemental sur le SCAF, un « grand pas » selon la présidence française : débloqué, le programme passera de la phase 1a à la phase 1b prévoyant la mise au point d’un prototype pour 2028.

L’accord prévoit une répartition des tâches entre Dassault, qui construirait l’essentiel du nouvel avion de combat, et Airbus, qui se chargerait prioritairement de la construction des drones et du « cloud ». On n’insiste pas trop, du côté français, sur le fait que les retards pris par le projet venaient largement de la réticence de Dassault Aviation à coopérer avec Airbus, société européenne certes issue de la coopération entre la France et l’Allemagne mais dont la culture d’entreprise fondée sur l’international s’accordait mal avec la gestion du fournisseur privilégié de l’armée française. Dassault renâcle aujourd’hui encore à des transferts de technologie vers son concurrent européen. Dassault Aviation a malgré tout confirmé le 1er décembre qu’il était disposé à signer un accord avec Airbus Defence and Space au prix d’un délai supplémentaire d’un an pour la sortie du prototype et la garantie que soit garantie la protection de ses secrets industriels.

Le retour de la question de la centralité de l’Allemagne.

Une autre source de divergence franco-allemande porte sur l’élargissement de l’UE. L’Allemagne souhaite l’étendre assez rapidement aux Balkans occidentaux, comme l’a montré le voyage du chancelier dans cinq pays des Balkans les 10 et 11 juin derniers : le Kosovo, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et l’Albanie, les quatre derniers États ayant déjà le statut de candidat à l’entrée dans l’Union.

Pour Olaf Scholz, l’entrée de ces États doit avoir la priorité sur celle de l’Ukraine dont la préparation à l’intégration européenne durera, selon lui, plus longtemps. La guerre en Ukraine contribuerait par ailleurs à déstabiliser le couple franco-allemand par l’ouverture inévitablement plus grande de l’UE et de l’OTAN vers la Pologne et les Pays baltes. L’élargissement de l’UE et la guerre en Ukraine font ainsi naître la crainte d’une « nouvelle centralité » de l’Allemagne, la France se retrouvant sur le flanc occidental de l’UE, et l’Allemagne en son centre, avec un rôle pivot.

Géographiquement, la centralité de l’Allemagne ne peut être niée, mais est-ce bien nouveau ? Déjà dans l’Europe des Six (1957-1973), l’Allemagne était au centre de l’Europe : elle était plus sensible aux évolutions en Europe de l’Est quand la France restait davantage orientée vers la Méditerranée et l’Afrique. Mais, à l’époque, les défenseurs de l’intégration européenne faisaient valoir, en France comme en Allemagne, qu’en créant de nouveaux équilibres cette construction permettait de dépasser la question des positionnements géographiques des États membres, puisque ceux-ci avaient, au sein de la Communauté européenne, les mêmes droits et les mêmes intérêts. Cet argument ne semble plus faire recette aujourd’hui, confirmant le repli des États nationaux sur eux-mêmes. La France redoute que l’élargissement de l’Union démultiplie les possibilités d’alliances entre États membres, ce que l’Allemagne semble davantage mettre à profit.

Ce devrait être une raison de plus pour les deux États – qui disposent d’instruments de coopération politique incomparable – d’intensifier leur dialogue et de mieux coordonner leur action en politique étrangère pour aboutir dans ce domaine, conformément à la formulation choisie en son temps dans le Traité de l’Élysée, à des positions communes. Aujourd’hui, le moteur franco-allemand reste indispensable à la construction européenne mais avec l’élargissement de l’Union, si la coopération franco-allemande reste nécessaire, elle n’est plus, selon une formule devenue consacrée, suffisante. Il appartient aux deux pays de concilier autant que faire se peut leurs positions et de gagner à leur vision des choses autant de partenaires européens que possible…

Jérôme Vaillant, Prof. ém. de civilisation allemande à l’Université de Lille, rédacteur en chef de la revue « Allemagne d’aujourd’hui », Délégué régional de l’AFDMA pour les Hauts-de-France.

Article publié le 11.12.2022 dans « The conversation France ».

 

 

Les nouvelles demandes de réparation de la Pologne à l’Allemagne pour les dommages que celle-ci lui a infligés pendant la Seconde Guerre mondiale

Par M. le  Prof. E.h. Dr. Klaus-Heinrich Standke, Berlin, ancien directeur aux Nations Unies, président du Comité pour la promotion de la coopération franco-germano-polonaise (Triangle de Weimar).

I

Il y a cinq ans, Jaroslaw Kaczynski, chef du parti national-conservateur au pouvoiren Pologne, a chargé une commission parlementaire d’évaluer les dommages causésà la Pologne par l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale :« Les Allemands ont envahi la Pologne et nous ont infligé des dommages incroyables, l’occupation a été particulièrement cruelle. La Pologne va maintenant demanderdes réparations. Et la somme est tout à fait gérable pour l’économie allemande surdes décennies. » Pour le Premier ministre de la République de Pologne, MateuszMorawiecki, la question de l’indemnisation n’est pas non plus réglée, « parce que la Pologne a été très mal traitée en ne recevant pas de réparations ». Avant l’arrivée de la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock à Varsovie le 3 octobre 2022, son collègue polonais Zbigniew Rau avait signé une note diplomatique adressée au gouvernement fédéral sur les demandes de réparation de son pays.

Lors d’une conférence de presse conjointe le 4 octobre suivant, la ministre allemande a réitéré le point de vue du gouvernement fédéral selon lequel l’affaire est considérée comme close. Le ministre polonais des Affaires étrangères, quant à lui, a exprimé l’espoir que le point de vue du gouvernement fédéral changerait.

Le 1er septembre 2022, pour le 83e anniversaire de l’invasion allemande de la Pologne et soixante-dix-sept ans après la fin de la guerre, le rapport de la commission parlementaire d’experts a été présenté au château royal de Varsovie. Le document,divisé en neuf chapitres, comprend plus de 500 pages. Il s’agit, entre autres, d’évaluer les pertes humaines, les destructions matérielles et les pertes de biens culturels et artistiques. Les dommages de guerre à réclamer à la République fédérale sont estimés à 1,3 billion d’euros, ce montant correspond à six fois les recettes attendues dans le budget actuel de la République fédérale d’Allemagne.

Le co-auteur du rapport sur les dommages, Arkadiusz Mularczyk, membre de la Diète polonaise et président de la commission parlementaire sur l’indemnisation, part de l’idée que ce n’est qu’au terme d’un « long processus » qu’il sera possible d’aboutir. De son point de vue, on n’aurait jusqu’à maintenant pas conscience en Allemagne de ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale, la publication est destinéeà provoquer une prise de conscience – non seulement en Allemagne, mais aussi aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Israël et dans d’autres pays.

Le 15 septembre 2022, l’opposition à la Diète s’est associée au plan du gouvernement visant à demander réparation à l’Allemagne pour les dommages de guerre causés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le vice-président du principal parti d’opposition, la Plateforme civique (PO), Tomasz Siemoniak, a déclaré que « … Bien entendu, un futur gouvernement PO poursuivra également cette préoccupation dans un souci de continuité… Pour obtenir quoi que ce soit de l’Allemagne, vous avez besoin de dialogue et de relations correctes avec lui. » La résolution a été approuvée par une majorité écrasante de 418 des 437 députés présents. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung titrait le 22.09.2022 : « L’Allemagne, éternelle débitrice ? »

II

La question des réparations allemandes à la Pologne à la suite de la Seconde Guerre mondiale a été définitivement réglée dans le cadre des négociations « Deux plus quatre » à Moscou par la cession irrévocable des territoires allemands à l’est de la ligne Oder-Neisse. Ces territoires représentaient environ un cinquième de la superficie du Reich allemand et ont entraîné l’expulsion d’un septième de sa population.

À la suite du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 et du traité frontalier et d’amitié germano-soviétique du 28 septembre suivant, la Pologne avait perdu un territoire d’une superficie de 201 000 km², soit 52,1 % de son territoire total, au profit de l’Union soviétique. Près de 40 % des personnes qui y vivaient parlaient le polonais comme langue maternelle, 34 % l’ukrainien et le ruthène, 15 % le biélorusse et 8,4 % le yiddish. En outre, des Russes, des Lituaniens, des Tatars, des Arméniens, des Allemands, des Tchèques et d’autres y vivaient également, soit un total de13,2 millions de personnes. Pendant l’occupation soviétique, des parties du territoire occupé ont été intégrées dans les Républiques soviétiques socialistes de Biélorussie et d’Ukraine. On ignore si le gouvernement polonais aurait réclamé la restitution de ses anciens territoires polonais à l’Union soviétique après la fin de la guerre ou à la Biélorussie ou à l’Ukraine après avoir recouvré sa souveraineté étatique. À la lumière des demandes de réparations de la Pologne à l’Allemagne, cela aurait eu d’une certaine façon du sens, mais le temps pour cela est manifestement révolu.

Depuis le 24 février 2022 au plus tard, la Pologne soutient de manière exemplaire l’Ukraine, qui craint pour sa survie en tant qu’État après la guerre d’agression et de destruction russe. L’Allemagne fait partie de la solidarité occidentale qu’à juste titre le gouvernement PiS exige de l’Allemagne vis-à-vis de l’Ukraine. Outre l’aide militaire dans le cadre de la communauté occidentale, l’Allemagne occupe la deuxième place– après la Pologne – pour l’accueil d’un million de réfugiés ukrainiens. L’image de l’ennemi allemand que propage actuellement la Pologne est d’autant plus frappante que même dans les jours les plus froids de la guerre froide, aucun des gouvernements communistes de la République populaire de Pologne de l’époque n’en ont fait à ce point usage. Peut-être que l’espoir exprimé, à vrai dire dans un contexte différent,par le ministre des Affaires étrangères Zbigniew Rau le 4 octobre 2022 deviendra réalité, à savoir que l’attitude de son gouvernement envers l’Allemagne pourrait changer un jour.

III

Avec la signature le 12 septembre 1990 à Moscou du Traité Deux plus Quatre « portant règlement définitif concernant l’Allemagne » dans l’hôtel « Octobre » par les ministres des Affaires étrangères des quatre pays vainqueurs et des ministres des Affaires étrangères des deux États allemands, la question d’éventuelles réparations allemandes aux pays en guerre contre le Reich allemand pendant la Seconde Guerre mondiale – y compris la Pologne – a été définitivement réglée en droit international.

Lors des négociations qui ont préparé le traité « Deux plus quatre » les six ministres des Affaires étrangères se sont réunis le 5 mai 1990 à Bonn, le 22 juin 1990 à Berlin-Est et le 13 juillet 1990 à Paris. Le gouvernement polonais avait précédemment réclamé d’être impliqué dans les négociations, mais le président américain George W. Bush avait lors d’un entretien téléphonique fait savoir en mars 1990 au Premier ministre Tadeusz Mazowiecki qu’il faisait confiance au gouvernement allemand et que Mazowiecki devrait le faire également. Comme la Pologne ne comptait pas parmi les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale, il était hors de question quela Pologne participe sur un pied d’égalité aux négociations « Deux plus Quatre ».

Le ministre soviétique des Affaires étrangères, Édouard Chevardnadze, a également exhorté la Pologne à accepter le format « Deux plus Quatre ».

Afin de sauvegarder les intérêts de la Pologne, le ministre polonais des Affaires étrangères, le professeur Krzysztof Skubiszewski, un internationaliste respecté puis juge à la Cour internationale de Justice de La Haye, a participé en tant qu’invité à la seule réunion « deux plus cinq » qui a eu lieu le 13 juillet 1990 à Paris. Le ministre français des Affaires étrangères, Roland Dumas, qui présidait la réunion de Paris, a indiqué dans ses mémoires Le Fil et la Pelote que son collègue polonais Skubiszewski l’avait contacté avant la réunion de Paris. Il était important pour lui qu’en plus du traité germano-polonais prévu sur les frontières, l’accord « Deux plus Quatre » qui interviendrait à Moscou comprenne une garantie solide en droit international pour la pérennité de la frontière germano-polonaise. Les pourparlers de Paris se sont donc concentrés – avec l’approbation expresse du président François Mitterrand – sur le règlement de la question jusque-là ouverte de la frontière occidentale de la Pologne.

L’ancien ambassadeur Frank Elbe, décédé à Bonn en mai 2022, a participé aux négociations de Paris ainsi qu’à la réunion finale à Moscou en tant que conseiller du ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, a déclaré : « Je me souviens encore des remarques détaillées et émouvantes du ministre polonais des Affaires étrangères Skubiszewski sur le traité de bon voisinage, qui devait régler l’avenir des deux États… ».

Des demandes de réparation au-delà de cette exigence de reconnaissance de la frontière germano-polonaise n’ont été formulées par aucune partie à Paris. Le ministre Dumas en tant que « témoin oculaire » a précisé dans un courriel adressé à l’auteur du 11.09.2017 : « La question de réparation de la guerre a été réglée dans les différents traités que nous avons négociés. »

Après son retour à Varsovie, le ministre Skubiszewski a, dans son rapport à la Diète polonaise, qualifié les résultats de la Conférence de Paris de « succès pour la Pologne ». L’accord conclu à Paris est reflété dans l’article 1 du traité « Deux plusQuatre » signé à Moscou le 12.09.1990 :

  1. L’Allemagne unie comprendra le territoire de la République fédérale d’Allemagne,de la République démocratique allemande et de l’ensemble de Berlin. Ses frontières extérieures seront les frontières de la République fédérale d’Allemagne et de la République démocratique allemande et seront définitives à partir de la date d’entrée en vigueur du présent Traité. La confirmation du caractère définitif desfrontières de l’Allemagne unie constitue un élément essentiel de l’ordre de paix en Europe.
  1. L’Allemagne unie et la République de Pologne confirmeront la frontière existante entre elles par un traité ayant force obligatoire en vertu du droit international. Le 14 novembre 1990, c’est-à-dire immédiatement avant l’entrée en vigueur de la réunification allemande le 3 octobre 1990, le traité frontalier germano-polonais a été signé à Varsovie par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, KrzysztofSkubiszewski et Hans-Dietrich Genscher. Le 17 juin 1991, le traité frontalier a été complété à Bonn par le « Traité germano-polonais de bon voisinage », qui porte les signatures du chancelier fédéral Helmut Kohl et du ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, d’une part, et du Premier ministre polonais Jan Krzysztof Bielecki et du ministre des Affaires étrangères Krzysztof Skubiszewski, d’autre part.

À l’occasion des 11es consultations intergouvernementales germano-polonaises,qui se sont déroulées le 21 juin 2011 sous la présidence du Premier ministre Donald Tusk et de la chancelière fédérale Angela Merkel, les gouvernements des deux pays ont publié une déclaration commune : « Le traité de bon voisinage et de coopération amicale, dont nous célébrons aujourd’hui le 20e anniversaire, a créé un fondement stable pour notre coopération tournée vers l’avenir. Avec le traité sur la confirmation de la frontière commune, il constitue le fondement des relations de bon voisinage et de partenariat sans lesquelles l’Europe unie d’aujourd’hui serait inconcevable. » Les deux parties ont convenu d’un partenariat encore plus étroit à l’avenir afin de poursuivre le processus de réconciliation entre Allemands et Polonais. Lors de la réception de l’ambassade d’Allemagne à Varsovie à l’occasion de la Journée de l’unité allemande le 3 octobre 2022, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock,a mis en garde contre le danger d’une érosion de ce qui a été atteint avec le traité de bon voisinage germano-polonais de 1991.

IV

Les dernières demandes de la Pologne pour des réparations d’un montant de plus d’un billion d’euros sont, en droit international, irrecevables et tendent vers l’impossible. Et ce n’est pas tout. À l’heure actuelle, dans le contexte des récentes tensions entre Berlin et Varsovie, ils ouvrent de vieilles fractures des deux côtés, qui, espérait-on, étaient surmontées depuis longtemps au cours des décennies de coopération amicale et de bon voisinage entre les deux pays. Le processus de réconciliation entre les deux peuples, compte tenu de la monstruosité de la guerre provoquée par les Allemands, sera une tâche non seulement pour ceux qui vivent maintenant, mais aussi pour les générations futures des deux pays. Il faut également garder cela à l’esprit dans le débat qui vient de s’enflammer.

– Traduit de l’allemand par Jérôme Vaillant

 

 

Du 20 au 25 novembre 2022 : Une semaine intense de coopération franco-allemande.

 La Première ministre française, Élisabeth Borne, a rencontré le chancelier Olaf Scholz  le vendredi 25 novembre à Berlin. C’était la conclusion d’une semaine de consultations intenses entre les gouvernements allemand et français.

Le report du conseil des ministres franco-allemand, fin octobre, avait résonné comme un avertissement. Mais la concertation a vite repris le dessus. Depuis, les gouvernements allemand et français se sont mis au travail pour faire converger les points de vue sur les nombreux dossiers en cours. La semaine écoulée a été particulièrement intense. Pas moins de trois ministres du gouvernement fédéral ont été reçus à Paris par le président Emmanuel Macron et par leurs homologues français : Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères, Robert Habeck, ministre de l’Économie et de la protection du climat, et Christian Lindner, ministre des Finances.

Le vendredi, la Première ministre française, Élisabeth Borne, a à son tour rencontré le chancelier Olaf Scholz à Berlin. Elle a été reçue avec les honneurs militaires. Elle s’est entretenue avec M. Scholz de la coopération bilatérale, de la politique européenne, de l’économie et de l’énergie. Une conférence de presse a eu lieu à l’issue de l’entretien.

Auparavant, la coopération franco-allemande avait déjà enregistré un nouveau progrès dans le domaine de la culture. La ministre allemande adjointe à la Culture, Claudia Roth, avait reçu à Berlin son homologue française, Rima Abdul Malak. L’un des enjeux de la rencontre était la mise en place d’un pass Culture (KulturPass) en Allemagne sur le modèle français. Il permettra aux jeunes de 18 ans de bénéficier d’un forfait de 200 € pour profiter d’offres culturelles. L’Allemagne et la France entendent coopérer étroitement pour mettre cette idée en œuvre, a indiqué Mme Roth.

Nouvelle stratégie pour l’apprentissage de la langue

 Dans la même journée, Berlin a vu la nomination d’un nouveau Plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne chargé des relations culturelles franco-allemandes. Le ministre-président de Rhénanie-du-Westphalie, Hendrick Wüst, a passé le relais à son homologue sarroise, Anke Rehlinger. Elle représentera la République fédérale sur les questions franco-allemandes relatives à l’éducation et à la jeunesse, deux domaines qui ressortent en Allemagne de la compétence des länder.

Mme Rehlinger en a profité pour présenter les grandes lignes d’une nouvelle stratégie conjointe de promotion de la langue du partenaire. L’apprentissage du français a tendance à diminuer en Allemagne, et plus encore celui de l’allemand en France. Paris et Berlin se sont donc accordés sur des stratégies pour relancer cet apprentissage dans chaque pays. Ils veulent notamment offrir à tous les élèves un accès à la langue du partenaire, multiplier les rencontres de jeunes, accroître l’attractivité du métier d’enseignant et développer fortement l’innovation pédagogique et numérique.

« Nous devons travailler à convaincre », a commenté Mme Rehlinger. Il faut faire comprendre que les élèves n’ont pas à choisir entre l’anglais, d’une part, et l’allemand ou le français, de l’autre. Dans une Europe qui se veut multilingue, ils peuvent maîtriser plus qu’une langue étrangère. « Nous avons besoin de davantage de programmes » d’échanges, a souligné Mme Rehlinger.

La veille, la future Plénipotentiaire était à Paris. Elle y a rencontré le ministre l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le ministre de la Santé, François Braun.

Paris a également vu passer trois ministres du gouvernement fédéral. Lundi, Annalena Baerbock a souligné les convergences entre l’Allemagne et la France, notamment sur le dossier ukrainien. Elle a rencontré son homologue française, Catherine Colonna, et participé à la troisième conférence de soutien à la République de Moldova.

Mardi, Robert Habeck et Bruno Le Maire ont annoncé que Paris et Berlin entendaient renforcer leur coopération dans des secteurs technologiques clés tels que l’hydrogène, les batteries et la santé. « Nous voulons donner des impulsions pour une politique industrielle européenne qui renforce notre capacité d’affronter l’avenir », a déclaré M. Habeck. Cela est nécessaire pour améliorer la souveraineté européenne et pour surmonter les défis que sont l’invasion russe de l’Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et l’évolution de la concurrence mondiale.

M. Habeck et M. Le Maire ont, par ailleurs, exprimé leur souhait d’élaborer une réponse européenne à l’Inflation Reduction Act (IRA), nouvelle législation américaine qui menace l’Europe d’une vague de délocalisation.

Ils ont, par ailleurs, siégé ensemble au conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA) et signé avec l’Italie une déclaration commune sur l’activité des lanceurs européens.

Ce fut ensuite au tour du ministre allemand des Finances, Christian Lindner, de s’entretenir avec Bruno Le Maire. Les deux ministres ont affirmé à l’issue de l’entretien leur volonté de donner la priorité à la lutte contre l’inflation, leur intention d’aider les ménages et les entreprises en difficulté et leur objectif d’équilibre des finances publiques.

Le rythme de la coopération franco-allemande n’avait plus été aussi intense depuis un certain temps. Une bonne nouvelle à l’heure où se profile le 60e anniversaire du traité franco-allemand de l’Élysée, le 22 janvier 2023.

Info : Vers un billet de train franco-allemand pour les jeunes

La France et l’Allemagne travaillent aussi à la mise en place d’un « billet de train franco-allemand à destination des jeunes » afin de favoriser les déplacements entre les deux pays. C’est ce qu’ont annoncé les ministres des Transports allemand et français, Volker Wissing et Clément Beaune, le 5 novembre dernier. Ce « billet spécial jeune à prix réduit » pourrait, par exemple, entrer en vigueur lors de la saison estivale. Les détails seront élaborés d’ici au prochain Conseil des ministres franco-allemand, en 2023.

 

A D E A F

Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France

 Pétition adressée au Président de la République pour un véritable plan de relance de l’apprentissage de l’Allemand

Monsieur le Président,

L’allemand est la langue de l’amitié franco-allemande!

A  la  veille  du  60e anniversaire  du  traité  de  l’Elysée, en dépit de l’importance des engagements franco-allemands et du besoin reconnu des germanistes, la situation de l’allemand et des professeurs d’allemand n’a cessé de se dégrader après les récentes réformes qui ont eu des conséquences désastreuses :

– en quantité avec la baisse du nombre d’heures de cours, d’élèves et même d’enseignants.

– en qualité avec une baisse de niveau inévitable en raison du nombre d’heures d’enseignement insuffisant.

L’ADEAF dénonce:

– la fermeture de nombreuses sections qui a eu pour conséquence qu’il n’est plus possible d’apprendre l’allemand partout en France.

– les regroupements aberrants et anti-pédagogiques qui épuisent les collègues et nuisent à l’image de la discipline.

– les conditions de travail très difficiles de nombreux collègues sans compensation horaire ou salariale (sur plusieurs établissements et sur tous les niveaux), avec la crainte constante de fermeture de sections)qui nuisent à l’attractivité du métier et ont pour conséquence un manque criant de professeurs d’allemand depuis plusieurs années(72% des postes de professeurs d’allemand non pourvus au CAPES en 2022)

L’ADEAF demande :

– une politique linguistique nationale assumée et perenne, un véritable plan de relance de l’apprentissage de l’allemand afin que son apprentissage soit accessible sur tout le territoire.

– un véritable parcours bilangue allemand-anglais ouvert à tous, à parité horaire (3 heures par langue) de la 6ème à la 3ème avec des moyens fléchés pour mettre un terme à des inégalités qui pénalisent l’allemand.

– des horaires suffisants qui permettent aux élèves de progresser tout au long de leur scolarité : au moins 3 h / semaine au collège comme au lycée.

– un enseignement de spécialité LLCE (Langues, Littératures et Culture Etrangères) à deux langues permettant d’approfondir l’allemand et l’anglais, au cycle terminal du lycée.

– deux langues vivantes obligatoires dans tout le second degré, y compris dans les voies professionnelles ainsi que dans les classes post-bac (classes préparatoires aux grandes écoles et BTS).

– une augmentation de l’attractivité du métier de professeur d’allemand par de meilleures conditions de travail, notamment par un allègement de service pour les collègues sur plusieurs établissements.

Pour le Bureau national: Thérèse Clerc, Présidente.

Presidence@adeaf.net

 

Allemagne d’aujourd’hui

Le n° 242 de la revue a porté sur les « spoliations et les restitutions en Allemagne ».

Le prochain n° sera consacré à l’Ukraine : « Changement d’époque : l’Allemagne face à l’agression de l’Ukraine par la Russie. Une analyse des aspects politiques, énergétiques, migratoires des réactions allemandes et un retour sur le passé de la relation de l’Allemagne à la Russie. »

 

 Travail de mémoire : la Résistance alsacienne

Suite à un article paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, notre Délégué Régional Cyrille Schott a réagi et évoqué un sujet peu connu en France : la Résistance alsacienne pendant la 2ème Guerre mondiale.

Point de vue 

 Brumath doit honorer Marcel Weinum

 Par C.S. (Cyrille Schott, préfet honoraire de région (*)

01 oct. 2022

Je lis dans l’édition de Haguenau des DNA du 23 septembre que le baptême du collègue de Brumath fait débat, autour apparemment du nom de Marcel Weinum.

Marcel Weinum, qui a organisé avec d’autres jeunes l’un des premiers réseaux de lutte contre le nazisme, est décapité à l’âge de 16 ans à Stuttgart. Il était profondément Mal par son idéologie, selon laquelle par le pur hasard de la naissance, les êtres humains étaient pour certains classés dans la race dominatrice, celle des Aryens disposant de tous les droits, pour d’autres classés dans celles destinés à la soumission comme les Slaves ou les Latins, enfin pour d’autres encore classés dans celles destinées à l’extermination, comme les Juifs ou les Tsiganes. Cette idéologie rejetait la pensée humaniste de l’Occident pour laquelle les êtres humains sont fondamentalement égaux, au regard de Dieu pour ceux qui croient au Ciel, ou à la lumière de la raison pour ceux qui n’y croient pas.

Mal par son incarnation, un épouvantable totalitarisme guerrier, qui a causé une cinquantaine de millions de morts en Europe et l’extermination dans la Shoah de six millions de Juifs.

L’Alsace a été cruellement soumise à la botte nazie. Souvent, on le rappelle à juste titre. Mais l’Alsace a aussi été le sol de la Résistance. Le magazine Les Saisons d’Alsace de 2010 a consacré à cette Résistance un article ainsi sous-titré : Fragments d’une histoire mal (re)connue. Naguère, un président de la République a fait lire dans les lycées de France la lettre d’adieu de Guy Môquet, un jeune résistant exécuté à l’âge de 17 ans ; en Allemagne, on a redécouvert et multiplié les hommages à la Rose blanche, ce groupe d’étudiants résistants assassinés par les nazis.

L’Alsace doit reconnaître sa Résistance et honorer ses résistants. Brumath peut être fière d’être la cité natale de Marcel Weinum, doit être fière de pouvoir donner comme modèle aux collégiens ce héros qui a écrit à ses parents : “Si je dois mourir, je meurs avec un cœur pur”. »

(*) Préfet honoraire de la République, ancien conseiller maître (SE) à la Cour des comptes, ancien directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), président de la section du Bas-Rhin de la Société des membres de la Légion d’honneur, délégué en Alsace de l’Association française des décorés du Mérite allemand, président de la Fondation Raoul Clainchard.

 

 Les manifestations franco-allemandes

 

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A la Maison Heinrich Heine,

Cité internationale universitaire de Paris, 27c bd Jourdan, 75014 Paris,

 

Lundi 16 janvier 2023.

de 19h30 à 21h00

Table ronde hybride
« 60ème anniversaire du traité de l’Élysée
Réconciliation, Coopération, Amitié »

Signé il y a 60 ans, le traité de l’Élysée (22/01/1963, De Gaulle / Adenauer) et son approfondissement par le traité d’Aix-la-Chapelle (22/01/2019, Macron / Merkel) ont installé dans différents secteurs une coopération bilatérale permanente qui a été utile à la construction de l’Europe. Les difficultés internes des deux pays, la défense des intérêts nationaux et de graves défis européens et mondiaux provoquent cependant tensions et désaccords entre Paris et Berlin. Si la réconciliation est acquise, la coopération et l’amitié restent, elles, des objectifs à toujours renouveler.

Intervenants :

–          S.E. M. Hans-Dieter Lucas, ambassadeur d’Allemagne à Paris

–          Henri Gaymard, Président de la Fondation Charles de Gaulle.

–          Christian Lequesne, professeur à Sciences Po.

–          Michaela Weigel, correspondante de la FAZ à Paris.

Modération :  Henri Ménudier, prof. hon. à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, membre de l’AFDMA.

 

Mercredi 25 janvier 2023

de 19h30 à 21h00

Table ronde hybride

« La France et l’Allemagne face aux enjeux stratégiques »

Avec le « changement d’époque », l’enveloppe de 100 milliards d’euros pour la modernisation de l’armée allemande, qui a fait couler beaucoup d’encre, l’Allemagne a changé le cap de sa politique de défense. Dans son discours à l’Université Charles de Prague le lundi 29 août 2022, Olaf Scholz s’est prononcé en faveur d’un renforcement de la « souveraineté européenne » en matière de défense, sujet cher à Emmanuel Macron. Pourtant, les désaccords des deux pays dans ce domaine persistent : en achetant des chasseurs F-35 américains, Berlin mise sur le partenariat de défense germano-américain au sein de l’OTAN. L’Allemagne est également à l’initiative du « bouclier du ciel européen », projet d’acquisition en commun de matériels de défense de 15 membres de l’OTAN – sans la France, qui reproche à l’Allemagne de faire cavalier seul. Quelles perspectives pour les relations franco-allemandes en matière de sécurité et de défense ?

Intervenants :

–          François Heisbourg, Président du CA de la Fondation pour la recherche stratégique

–          Jakob Ross, chercheur à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP)

–          Gaspard Schnitzler, co-directeur de l’observatoire de l’Allemagne de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS)

Modération :  David Capitant, président de l’Association Réalités et Relations Internationales et professeur de droit public à l’Université Paris1

 

Lundi 30 janvier 2023

de 19h30 à 21h30

Table ronde hybride

« Les relations franco-allemandes mises à l’épreuve – quelles conséquences pour l’Europe ? »

Politique énergétique, de défense et économique : sur toute une série de sujets, la France et l’Allemagne n’arrivent pas à trouver une position commune. La guerre de la Russie en Ukraine, l’urgence mise sur la défense et la sortie du gaz qui en découle n’ont fait que cristalliser les désaccords entre les deux pays, à tel point que le conseil des ministres franco-allemand, prévu le 26 octobre 2022, a été reporté. Quelles conséquences les tensions entre la France et l’Allemagne ont-elles pour l’Europe ?

Intervenants :

–          Daniel Cohn-Bendit, homme politique franco-allemand

–          Claus Legewie, politologue et titulaire de la chaire Ludwig Börne à l’Université de Giessen

–          Joseph de Weck, historien, politologue et journaliste

Modération : Michaela Weigel, correspondante de la FAZ à Paris

 

Mardi 14 mars 2023

de 19h30 à 21h00

Table ronde hybride

« Histoire allemandeLes cent dernières années »
L’Histoire de l’Europe et de l’Allemagne oscille entre temps de guerre et temps de paix, entre dictature et démocratie – tel est le sujet du dernier ouvrage Deutsche Geschichte – die letzten hundert Jahre. Von Krieg und Diktatur zu Frieden und Demokratie (Piper, 2022) de l’historien Horst Möller. Comment s’explique la déchirure de l’histoire allemande au cours du siècle passé, quel rôle jouèrent la « longue durée », les causes à moyen et à court terme, quels dangers menaçaient alors la démocratie ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelle dialectique existe-t-il entre les développements nationaux et internationaux depuis 1900 ? Comment le progrès scientifique et la modernité culturelle ont-ils modifié la politique ?

Intervenants :

Hélène Miard-Delacroix, prof. d’histoire et de civilisation de l’Allemagne contemporaine à Sorbonne Université. Déléguée de l’AFDMA pour l’Île-de-France.

–          Henri Möller, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Louis et Maximilien de Munich

–          Georges-Henri Soutou, historien et prof.émérite à Sorbonne Université, membre de l’Institut de France

–          Gilbert Merlio, prof. émérite d’histoire des idées à Sorbonne Université

Modération : Jérôme Vaillant, prof. émérite de civilisation allemande à l’Université Lille 3. Délégué de l’AFDMA pour les Hauts-de-France.

Traduction simultanée

 

Pour un aperçu complet du programme de la Maison Heinrich Heine,  voir

www.maison-heinrich-heine.org.

 

Exposition

 

« France-Allemagne : construire l’Europe. »

Depuis la signature du traité d’Aix-la-Chapelle, en 2019, la coopération franco-allemande a franchi une nouvelle étape. Dotée de nouveaux instruments et axée vers davantage de convergence, elle s’est aussi plus que jamais fixé l’intégration européenne pour horizon. Ce faisant, la France et l’Allemagne ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire déjà ancienne de leurs relations en Europe. Depuis le début des années 1950, leur réconciliation puis leur coopération, organisée par le traité de l’Élysée du 22 janvier 1963, ont en effet été les moteurs de la construction européenne.

Quelle a été la contribution franco-allemande à la construction européenne ? Pourquoi le couple ou tandem franco-allemand est-il si indispensable à l’Europe ? Pourquoi donne-t-il parfois l’impression d’être « en panne » ? Quelles nouvelles perspectives le traité d’Aix-la-Chapelle a-t-il ouvertes ? C’est ce qu’Allemagne Diplomatie vous propose de découvrir dans sa nouvelle exposition, « France-Allemagne : construire l’Europe ». Elle est présentée dans les locaux

d’Allemagne Diplomatie, 31 rue de Condé, 75006 Paris jusqu’au 3 mars à l’occasion du 60e anniversaire du traité de l’Élysée.

 

La vie de l’AFDMA

 

 Entretien avec l’Ambassadeur.

Le Président Bertrand Pflimlin a été reçu le 2 décembre dernier par S.E. M. l’Ambassadeur Hans-Dieter Lucas. Au cours de cet entretien, il lui a présenté notre association, ses objectifs et ses activités, et remis la fiche d’information de l’AFDMA.

Réunion du Bureau le 6 décembre 2022 au BILD

Tous nos remerciements renouvelés au BILD et à son Secrétaire général, Peter Herzberg, pour l’accueil qui a été réservé aux membres de notre Bureau.

Un point sur la situation, le fonctionnement et les activités futures de l’association a pu être réalisé. Les décisions suivantes ont été actées :

Prochaine assemblée générale 

L’AG du 14 mars 2023 se déroulera à l’Ambassade d’Allemagne, 13-15 avenue Franklin D. Roosevelt à Paris (75008). Monsieur l’Ambassadeur a accepté d’y prendre la parole et fera à cette occasion le point des relations franco-allemandes.

Il est hautement souhaitable que les membres de l’AFDMA participent en nombre à cette AG et un courrier en ce sens leur est adressé par le secrétaire général.

Comme prévu lors de la réunion de bureau du 26 septembre, l’AG sera précédée d’une réunion des délégués régionaux. Celle-ci se déroulera le matin au BILD, 50 rue de Laborde (75008) selon le schéma de principe suivant :

 

–          9h30 : réunion des DR au BILD,

–          12h00 : déjeuner en commun, lieu à définir, a priori quartier Saint-Augustin, puis déplacement vers l’Ambassade,

–          14h30 : assemblée générale et intervention de M. l’Ambassadeur,

–          17h00 : verre de l’amitié à l’Ambassade.

Prix de l’AFDMA

Comme les années précédentes, le recteur Olivier Faron a accueilli le 19 octobre dernier dans les salons du rectorat de Strasbourg la remise des Prix de l’Association française des décorés du mérite allemand (AFDMA). Retenu par une réunion, il a été représenté par Mme Isabelle Wolf, déléguée académique aux relations internationales et aux langues vivantes. Madame Marianne Therre-Mano, consule d’Allemagne, a honoré la cérémonie de sa présence.

Cyrille Schott, préfet honoraire de région et délégué en Alsace de l’AFDMA, a remis le prix de l’AFDMA à deux élèves scolarisés dans deux établissements de l’académie, le lycée Jean Mermoz de Saint Louis et le lycée Stanislas de Wissembourg.

Ce prix récompense l’intérêt et l’enthousiasme des élèves pour l’Allemagne et la langue allemande. Les deux récipiendaires, Lisa Delucis et Marcel Rohrbacher Faltenbacher, ont été sélectionnés sur leurs résultats scolaires en allemand, leur projet de poursuite d’études et leur engagement franco-allemand.

Remise du Prix le 19.10.2022 à Strasbourg. De g. à dte, Marianne Therre-Mano, Lisa Delucis, Marcel Rohrbacher Faltenbacher, Cyrille Schott, Isabelle Wolf.

Cet événement a fait l’objet d’un article dans les DNA le 3 décembre 2022

 

APPEL / RAPPEL

La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis. Il semble que la pandémie ait entraîné une sorte de léthargie ou d’oubli chez certains de ses membres.

Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2022, à adresser par chèque à notre trésorier, Olivier de Becdelièvre,

Secrétaire général de l’AFDMA, 101bis rue Lauriston, 75116 Paris.

Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA :

Compte n° 08231147386 auprès de la Caisse d’Epargne d’Île-de-France

IBAN : FR76 1751 5900 0008 2311 4738 636.

Merci de soutenir notre engagement.

 

 Site internet www.afdma.fr

Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe. Voir le « carroussel d’actualité » et « en direct du franco-allemand ».

N’hésitez pas à m’adresser vos articles ou contributions dans le cadre des objectifs de notre association et traitant de l’Allemagne, des relations franco-allemandes et de leur place en Europe.

Page « facebook » de l’AFDMA

Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».

Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend, conformément à la mission de l’AFDMA, des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe. Elle permet une interactivité.

Venez nombreux la visiter et nous faire part de vos avis sur les sujets abordés.

 

 

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