Le mot du Président
« Le couple franco-allemand est de retour » s’est félicité le Chancelier Merz fin août à l’occasion du conseil des ministres franco-allemands à Toulon. La réunion de ce conseil est effectivement arrivée à point nommé pour dissiper un sentiment de stagnation, voire même parfois de régression consécutivement à la réintroduction de contrôles à la frontière entre nos deux pays. La coopération franco-allemande y a été cependant particulièrement productive, comme vous pourrez le constater à la lecture de l’article qui lui est consacré dans cette « Lettre », dans les domaines les plus variés et dans une perspective de continuité et d’innovation.
Le tout, du côté français, avec en arrière-plan un gouvernement que l’on disait menacé et qui a démissionné entre temps. Une instabilité politique qui inquiète nos partenaires et amis allemands, accompagnée de mouvements sociaux à l’image dévastatrice dans l’opinion publique.
Du côté allemand, un Chancelier qui s’est libéré de certaines contraintes budgétaires mais qui doit encore trouver ses marques dans un environnement politique marqué par la constante progression de l’extrême droite, comme on a encore pu le constater pour les dernières élections municipales en Rhénanie du Nord – Westphalie, et avec un partenaire de coalition aux options politiques souvent différentes. La gestion des flux migratoires, particulièrement sensible aussi pour l’opinion publique allemande, en est un aspect.
Toutes les questions n’ont pas été résolues à Toulon, à l’exemple de la construction de l’avion de combat du futur, dont la mise en œuvre se heurte encore à des intérêts stratégiques et économiques nationaux fortement divergents. Une position commune sur la question de la Palestine aurait été appréciée, mais les approches françaises et allemandes sont, là aussi, divergentes. Force est cependant de constater que la coopération franco-allemande continue de s’inscrire dans une dynamique d’engagement, de continuité et d’efforts réciproques. Elle reste exemplaire à bien des égards, en tous cas unique dans son ampleur à l’échelle d’autres coopérations bilatérales. L’Europe aura bien besoin de cette force motrice face aux provocations de la Russie, à l’imprévisibilité des Etats Unis et à la pression économique de la Chine, même si elle a beaucoup d’atouts à faire valoir.
« Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage » (Boileau) et mettons tout en œuvre, par delà les aléas du quotidien, pour la réussite de cette belle entreprise commune empreinte d’amitié, de confiance et de solidarité qu’est la coopération franco-allemande au service de l’Europe. Merci de vous y associer !
Bien cordialement,
Général (2S) Bertrand Pflimlin