Lettre d’information n°33. Janvier 2018.

N° 33. Janvier 2018

Responsable de la rédaction :

Bernard Viale,  Délégué à  la « Communication »

 

 

Le mot du Président

 

Chers membres de l’AFDMA, chers amis,

L’année passée a été riche en événements pour notre association.

Vous être venus nombreux participer à notre assemblée générale en l’hôtel de Beauharnais, résidence de son Excellence l’ambassadeur d’Allemagne à Paris. Vous avez ainsi  montré votre attachement à la mission et au rayonnement de l’AFDMA.

Suite à notre séminaire annuel du Bureau et des délégués régionaux à Klingenthal, le déjeuner-débat organisé par notre Délégation alsacienne à Strasbourg  a été passionnant grâce à nos deux conférenciers, les professeurs Baasner  et  Schirmann .

Le contexte des relations franco-allemandes, si prometteur au printemps, à l’issue de l’élection du Président Macron, s’est révélé porteur d’interrogations à l’automne, suite aux élections législatives en Allemagne et aux difficultés pour la future Chancelière à former un gouvernement.

Notre avenir ne peut s’inscrire que dans un renforcement équilibré des relations entre la France et l’Allemagne. Pour cela, notre rôle est d’être des porteurs de cette amitié indispensable et nécessaire pour la construction européenne. Chaque membre de l’AFDMA doit donc se sentir ambassadeur de cette vision.

Comme il est de tradition en ce début d’année, je vous adresse à tous et à tous ceux qui vous sont chers, mes meilleurs vœux de bonne santé et de réussite dans vos projets personnels et professionnels en 2018.

Bien cordialement,

Bertrand Louis Pflimlin

Président

Sommaire :

–          Le mot du Président

–          Les élections allemandes et leurs conséquences pour les relations franco-allemandes.

–          Publications : « Quelle sortie de crise en Allemagne » par J.Vaillant.

–          Résolution finale du 62ème congrès de la FAFA/VDFG à Hambourg du 23 au 26 novembre 2017.

–         « Pour un Livre blanc européen de la défense et de la sécurité »

–          Les sommaires d’Allemagne d’aujourd’hui et Documents / Dokumente

–          Les manifestations franco-allemandes.

–          La vie de l’AFDMA.

 

Les élections allemandes et leurs conséquences pour les relations franco-allemandes

Résumé d’un déjeuner-débat organisé par notre délégation régionale d’Alsace le 27 octobre 2017 à Strasbourg.

Les intervenants étaient MM. Le Pr Dr Frank Baasner, directeur du Deutsch-Französisches Institut de Ludwigsburg, et Sylvain Schirmann, ancien directeur de l’IEP de Strasbourg, Professeur de relations internationales. Le débat a été animé par Mme Aude Gambet, journaliste.

Sans constituer le verbatim du débat, le présent document en reprend la tonalité générale et les principaux points abordés, autour de la problématique générale des relations franco-allemandes à l’issue des élections de 2017 dans les deux pays.

1 – Le «choc » des élections du Bundestag de septembre 2017.

Les élections du Bundestag ont été marquées par un échec (relatif) de la majorité CDU-CSU,  plus marqué du SPD, son partenaire de la précédente coalition, ce dont ont profité les « petits » partis, et par l’émergence de l’AfD.

Le choc n’est pas tant l’émergence d’un parti d’  « extrême » droite (il y a eu les précédents du NPD et des Republikaner), mais le déchaînement de haine et de violence qui a accompagné le succès de l’AfD. Un courant semble renaître, que l’on croyait à jamais banni, et, si la présence de l’AfD au Bundestag n’est pas choquante en soi, ce n’est pas le cas de la personnalité de plusieurs de ses élus, comme la teneur de leur discours, qui laisse à penser que le temps où il faisait bon vivre en Allemagne est aujourd’hui révolu.

Ceci étant, la campagne a été marquée par l’absence de débat de fond, et l’échec des deux partis de coalition n’est pas une surprise. Le SPD aurait sans doute gagné à quitter la coalition et à formuler des propositions originales qui lui auraient permis de se démarquer de la ligne du gouvernement auquel il venait de participer.

2 – Alternative für Deutschland et Front National : similitudes et différences.

Le succès de l’AfD, alors qu’elle ne brille pas la cohérence de ses positions, est à mettre au compte de l’usure du pouvoir et de la désaffection pour les partis de gouvernement. Il est à rapprocher du succès (en dépit de son résultat final) du FN français. La situation des deux pays correspond en fait à une tendance générale, en Europe, de montée des populismes, face aux difficultés des partis traditionnels, et à la faveur des nouvelles frontières qui, dans le dernier quart de siècle, se sont créées, accentuant les particularismes régionaux. En Allemagne comme en France, on observe des régions, généralement en difficulté économique, où les extrêmes sont surreprésentés, mais la défiance vis-à-vis des partis traditionnels prospère également dans des régions économiquement saines. Ceci étant, l’AfD apparaît comme moins « antisystème » que le FN.

3 –  La grande stabilité des institutions allemandes.

Il faut à cet égard remarquer la grande stabilité des institutions de la République Fédérale, qui ont permis, dans des situations variées, depuis le quasi bi- ou tripartisme des origines jusqu’à l’heure actuelle, d’assimiler, ou du moins de faire converger les courants divergents, voire opposés.

Un bon exemple est celui de l’attitude des Verts, amenés en 1999  sous l’impulsion de Joschka Fischer, ministre des AE issu de leurs rangs, à ne plus s’opposer à l’engagement de la Bundeswehr en opérations extérieures de maintien, puis de rétablissement de la paix.

Cette capacité est due pour partie au génie des pères fondateurs, appuyés par les Alliés occidentaux, de tempérer le système proportionnel par le seuil de représentativité des partis de 5%. C’est là un gage de stabilité par rapport à d’autres démocraties reposant sur une représentation proportionnelle intégrale.

En résumé, la chancelière Angela Merkel est faible électoralement, mais les institutions pourvoiront à la stabilité de son futur gouvernement.

4 – Die Linke et France Insoumise.

Die Linke a également profité de l’échec du SPD. Rappelons que ce parti, issu du PDS (ex-SED) grossi des soutiens d’Oskar Lafontaine, véhicule une dose certaine d’Ostalgie et reste bien implanté dans les nouveaux Länder. Die Linke vit du vote de ceux que révolte l’injustice sociale et se montre contestataire sur le plan social. S’y retrouvent également des hommes politiques soucieux de faire leur propre carrière, et le parti bénéficie probablement des faveurs de la Russie qui trouve en lui un écho.

On constate cependant que Die Linke gouverne avec sérieux là où elle est impliquée, seule ou au sein de coalitions, ce qui fait la différence avec l’attitude peu responsable de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise.

5 – Perspectives de coalition.

N.D.L.R :  les propos qui suivent ont été tenus avant l’échec des négociations en vue d’une coalition « jamaïcaine » (CDU / CSU, FDP, les Verts). La perspective d’une nouvelle « grande coalition » avec le SPD est plutôt vraisemblable. Voir l’article de J.Vaillant « Quelle sortie de crise en Allemagne ».

A la question de savoir si le résultat des élections sonne le glas des Volksparteien (CDU-CSU et SPD), la réponse est, probablement, non.

L’Union CDU-CSU a certes, connu son plus mauvais score, mais a recueilli 33% des suffrages, ce que d’autres parti, en Europe, lui envient.  Un retour en force du SPD, affaibli, reste possible dans le cadre d’un rapprochement avec Die Linke, si les pommes de discorde constituées par la politique étrangère et la défense sont surmontées. La culture de la coalition imprègne la politique allemande, comme en témoigne le précédent de Joschka Fischer.

L’on s’achemine donc vers une coalition « jamaïcaine » de la CDU-CSU, des libéraux du FDP et des Verts, ce qui n’est pas sans poser de problèmes en raison des positions respectives de ces trois partenaires. Vu de France, le FDP passe pour le grain de sable dans les rouages de la coalition.

Il convient toutefois de nuancer ce propos en notant que, à côté de l’idéologie, l’ancrage géographique des partis joue un rôle. Ainsi trouve-t-on des terres historiques libérales dans le Bade-Wurtemberg, la Hesse ou la Rhénanie- Westphalie, alors que les nouveaux Länder sont également marqués, en Saxe par l’AfD, au nord par Die Linke, sans que leurs représentants locaux soient nécessairement des « idéologues ».

Le parti libéral FDP s’est démarqué  par l’euroscepticisme de son leader, Christian Lindner, alors que les Verts sont des partisans convaincus de l’union Européenne. Mais le FDP ne devrait cependant pas faire obstacle à une coalition. Le libéralisme s’exprime en effet sur le plan des idées et sur celui de l’économie. Les libéraux considèrent certes que l’UE a ses limites, et n’admettent pas que les Allemands fassent les frais d’une économie plombée par des partenaires européens dont le laxisme économique contribue à la pauvreté. Mais ils sont, sur le plan politique, et à l’inverse de l’AfD, des Européens convaincus, prônant une gestion pure et dure de la politique européenne, dans la ligne des critères de convergence.

L’Union Européenne a aujourd’hui besoin d’une vision politique, et non gestionnaire. Le FDP, devenu au fil du temps un parti de « riches », doit renouer avec sa tradition de protection des citoyens contre le système, et sa position actuelle est en phase avec l’opinion d’une grande partie des Allemands, peu soucieux de payer pour les autres. Après les errements du « radical libéralisme » lié à des personnalités aussi emblématiques que controversées telles que Guido Westerwelle, le FDP revient vers ses fondamentaux. Le profil volontariste de Lindner a pu le faire comparer à Emmanuel Macron, mais, si Lindner fait preuve d’euroscepticisme, il est entouré d’européens convaincus et il est clair que le FDP ne bloquera pas par principe la négociation européenne et la formation de la coalition.

6 – Quid du « tandem » Macron- Merkel ?

Le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, salué par un article paru simultanément dans Le Monde et la FAZ, ouvre des perspectives de compromis sur la gestion de la zone Euro, et traduit la prise de conscience de la nécessité de développer des pistes de convergence entre France et Allemagne. Le problème est de savoir qui, en Allemagne, aura le courage de remettre en question les données du problème, comme le fait Macron.

Il faut en effet une volonté de reprendre le dialogue sur une base ferme, et une approche politique est, pour cela, nécessaire. C’est cette approche qui a fait défaut au sein du Triangle de Weimar, avec pour conséquence l’arrivée au pouvoir du PiS en Pologne, et il est temps d’inclure les pays d’Europe centrale dans notre réflexion commune. Le sentiment anti-Merkel que l’on perçoit en Europe, et qui devrait marquer la campagne à venir en Italie,  vient de son image de gestionnaire sans réelle vision pour l’Europe.

La chancelière reste dans le domaine de la tactique et du compromis pour garantir sa stabilité. A-t-elle encore aujourd’hui la vision européenne qui était la sienne en 2005-2006 ? On doit lui reconnaître le mérite d’avoir géré et préservé les acquis,  une attitude courageuse sur la question des réfugiés, et d’avoir contribué de manière décisive à empêcher le naufrage de la Grèce. Sans l’action de l’Allemagne, la question grecque n’aurait pu être réglée comme elle l’a été.

Cette gestion, et un leadership de fait,  ne sont pas possibles sans une politique étrangère pensée sur le long terme, et l’idéal, le « rêve politique » serait que la chancelière, dégagée des préoccupations électorales et bien installée avec une coalition sur laquelle elle puisse se reposer, se penche à présent sur les grandes questions touchant à l’avenir de l’Europe.

7 –Leadership et politique étrangère.

« Vu de Chine, la capitale européenne est Berlin ».  Ce leadership reconnu est-il assumé dans les faits ?

L’Allemagne a montré, de concert avec la France, sa capacité de leader international dans la gestion de la crise ukrainienne, mais souffre d’une faiblesse militaire choisie, qui a pour conséquence une faiblesse diplomatique assumée. Ceci à l’inverse de la France, puissance militaire reconnue, mais en déficit de puissance dans d’autres domaines.

Le président Macron a raison de poser la question de la puissance militaire européenne, il doit y  avoir sur ce point une volonté politique commune, et l’ambition affichée de parvenir à consacrer 2% du Pib à la défense va dans le bon sens, même s’il faut être vigilant sur le périmètre que recouvre ce pourcentage. Il s’agit d’assurer l’adéquation des moyens militaires et des ambitions politiques, y compris dans le domaine de l’armement.

Il reste qu’en matière de politique étrangère nos visions sont divergentes. En ce qui concerne l’Afrique, l’opinion allemande considère que c’est l’affaire de la France, même si la question de l’immigration tend à la faire évoluer. En revanche, elle s’intéresse davantage que Paris à l’Europe centrale, dont l’Ukraine, et aux politiques migratoires de cette région.

Il convient, sur ce dernier point, de saluer l’attitude de la chancelière Merkel qui a su, avec réalisme et générosité, faire face à la situation humanitaire d’urgence de l’été 2015. L’Allemagne, qui a déjà connu une immigration massive provenant d’Afghanistan et des Balkans, a consenti un effort considérable, et une mobilisation importante de la société civile au profit des migrants jetés sur les routes par l’intransigeance d’autres partenaires européens. Les Allemands peuvent être légitimement fiers de cette action, mais il reste naturellement à intégrer cette population. On peut d’ailleurs noter à ce propos l’absence de solidarité musulmane de la part de la population d’origine turque déjà implantée en Allemagne.

Sur le plan politique, on doit admettre que la vague migratoire de 2015 est, en partie, le résultat de la sourde oreille opposée entre autres par l’Allemagne aux signaux d’alerte donnés en particulier par l’Italie et l’Espagne, et de l’absence de prise en compte par l’Union européenne de ce problème latent.

Il faut en revanche porter au crédit de la chancelière son réalisme. Après la phase « humanitaire » d’accueil, Angela Merkel a rapidement changé de politique, en faisant contrôler la frontière germano-autrichienne, en prenant des mesures draconiennes pour réduire le flot des arrivées sur le territoire allemand, dans une fourchette de 150 000 à 200 000 par an, et en distinguant le caractère « politique » ou « économique » des arrivants. Le problème de leur intégration est réel, mais l’Allemagne en a déjà connu de semblables, ces dernières années, avec l’arrivée de certaines populations, notamment d’origine russe.

8 –Perception allemande du Président Macron et de son gouvernement.

Depuis plusieurs années s’est installée en Allemagne la vision selon laquelle il ne faut pas trop attendre de la France et des Français qui, certes, perçoivent les problèmes, mais ne réagissent pas. Il y a un déficit de confiance dans les déclarations des politiques français, et l’idée progresse au sein des élites que les Allemands doivent se débrouiller seuls, sans compter sur les Français, les Italiens et les Polonais jugés non fiables.

Ceci étant, les dogmes de l’époque Adenauer sont aujourd’hui battus en brèche, et l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et de son gouvernement est perçue de manière positive. Les Allemands voient un changement de cap, et considèrent qu’il faut laisser l’équipe, qui a le vent en poupe, travailler. Les Allemands se montrent plutôt confiants, et la personnalité de Bruno Le Maire, en particulier, est bien acceptée. Les attentes sont positives, en particulier dans le domaine de la défense.

9 – Perspectives à court terme et conclusion.

La chancelière Merkel travaille en concertation étroite avec un cercle restreint de conseillers, qui entretiennent des contacts approfondis avec le monde des entreprises et la société civile. Les semaines qui viennent seront marquées par la constitution du nouveau gouvernement allemand, attendue en janvier ou février 2018, prélude à une relance de la coopération franco-allemande.

Il y a beaucoup d’atouts dans le jeu de cartes, d’aspects positifs, et le côté allemand doit travailler à une vision davantage politique de l’Europe. L’élection d’Emmanuel Macron peut servir de déclic à ce nouvel élan, son volontarisme dans les réformes comme l’absence de réactions syndicales ou autres visant à bloquer son action impressionnent favorablement les Allemands. En évitant le sujet (qui fâche) de la mutualisation de la dette, et en insistant sur les investissements communs à envisager, Macron a bien joué et conforté sa position.

Au demeurant, il ne faut pas s’attendre à des changements spectaculaires, mais bien plutôt à des avancées concrètes et à un travail de consolidation. Le cinquante-cinquième anniversaire du traité de l’Elysée, le 22 janvier 2018, pourrait être l’occasion d’une déclaration commune en ce sens.

 

Général Olivier de Becdelièvre, Secrétaire général de l’AFDMA.

 

Publications

 

Quelle sortie de crise en Allemagne?

Par Jérôme Vaillant

Jeudi 30 novembre, le Président fédéral Frank-Walter Steinmeier a reçu pendant plus de deux heures les présidents des deux partis chrétiens-démocrates CDU et CSU, Angela Merkel et Horst Seehofer, et celui du Parti social-démocrate SPD, Martin Schulz. Il souhaitait touver avec eux une issue à la crise politique dans laquelle la rupture par le parti libéral FDP des pourparlers en vue de constituer un gouvernement de coalition avec les Chrétiens-démocrates et les Verts (aux couleurs de la Jamaïque) avait plongé le pays, tandis que le SPD maintenait son idée de rester dans l’opposition.

Pleinement dans son rôle en cas de pareille crise puisque c’est à lui qu’il appartient de proposer aux suffrages du Bundestag le nom d’un candidat à la chancellerie, F.-W. Steinmeier a rappelé qu’une fois investis par les élections de la responsabilité politique, les partis ne pouvaient se dérober, qu’il leur appartenait de trouver entre eux une solution à la crise. Le recours à des élections anticipées ne peut intervenir que comme solution ultime quand tout a été tenté auparavant.

Le message de F-W Steinmeier à l’intention du Parti social-démocrate, dont il est lui-même issu, ne pouvait être plus clair : parler avec les Chrétiens-démocrates pour vérifier les solutions pratiques possibles sans participer lui-même aux entretiens préliminaires. Mais pour aboutir à quoi ? Depuis l’invitation du Président fédéral du 20 novembre à rencontrer tous les présidents des partis représentés au Bundestag, y compris l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) et Die Linke, et de provoquer plus particulièrement le sommet du 30 novembre, les partis ont eu l’occasion de préciser leurs points de vue.

Angela Merkel à la manœuvre

Pour ébranlée qu’elle soit, la chancelière a réussi à un rétablissement remarqué, conforme à son tempérament fait de persévérance et de ténacité. Elle souhaite éviter la formation d’un gouvernement chrétien-démocrate minoritaire qui pourrait être toléré par les Sociaux-démocrates et surtout, conformément à la position du Président fédéral, éviter des élections anticipées. Un gouvernement minoritaire obligerait la chancelière à chercher pour chaque grand projet de loi une majorité appropriée au Bundestag et n’éviterait pas le risque, à terme, d’élections anticipées.

  1. Merkel cherche une solution qui lui permette d’aller jusqu’au bout de son quatrième mandat, seule façon à ses yeux de garantir la stabilité en Allemagne et de permettre au pays de jouer un rôle international : stabilité et responsabilité sont les maîtres mots de la chancelière. Mais elle aménage à l’occasion ses demandes, n’étant pas en mesure d’imposer son point de vue à un Parti social-démocrate qui joue la réticence. Ainsi, à ses yeux, la solution d’un gouvernement minoritaire serait encore préférable à des élections anticipées. Mais elle ne peut pas non plus exclure complètement cette éventualité.

Aussi bien la pression qu’Angela Merkel exerce sur le SPD quand elle lui demande de prendre ses responsabilités en formant sous sa direction une nouvelle grande coalition est aussi une façon de se positionner par rapport à lui et de lui faire porter par avance, dans l’éventualité d’élections anticipées, l’échec des négociations.

Dans l’adversité la CSU fait corps à Berlin avec la CDU. Mais son président Horst Seehofer se voit lui-même confronté en Bavière à une guerre de succession engagée par son rival Markus Söder, ministre des Finances dans le gouvernement bavarois de Seehofer. Il s’agit de savoir qui mènera la campagne électorale pour les élections bavaroises de 2018 et qui sera à l’avenir président du parti. Un double problème de succession à Munich qu’une grande coalition à Berlin permettrait de régler sans trop casser de porcelaine en permettant à H. Seehofer d’y occuper un poste ministériel important.

Au SPD, le repoussoir de la grande coalition

La situation pour le SPD reste délicate de par la décision prise dès le soir des élections par son président, Martin Schulz, de ne pas engager la moindre discussion avec les Chrétiens-démocrates et de se retirer dans l’opposition – une position réaffirmée avec fracas par la direction du parti à l’annonce de l’échec des pourparlers sur la formation d’une coalition aux couleurs de la Jamaïque.

Martin Schulz, le 1ᵉʳ décembre, au siège du SPD à Berlin, sous l’œil de Willy Brandt.

L’usage veut que tous les partis démocratiques représentés au Bundestag soient prêts à parler entre eux pour sortir le pays de la crise, et le SPD aurait pu au moins sonder les intentions des Chrétiens-démocrates et voir ce qu’il était possible de continuer à faire avec eux, la coopération ne s’étant pas révélée aussi mauvaise que cela au sein des grandes coalitions. Même si celles-ci sous la houlette d’A. Merkel n’ont pas profité, électoralement parlant, au SPD malgré l’apport qui a été le leur dans la politique sociale.

Il y a, aux yeux de Martin Schulz et d’une partie de la direction du SPD, de bonnes raisons de ne pas vouloir de grande coalition : la crainte de perdre sa crédibilité en reniant les décisions prises dans le passé et celle d’être encore plus fortement défait aux élections qui suivront dans quatre ans ainsi que le souci de renforcer, au nom de la démocratie, le rôle de l’opposition au Parlement et de ne pas laisser à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivée troisième aux élections du 24 septembre, le rôle de leader de l’opposition.

Martin Schulz sous pression

L’opposition au sein du SPD à une nouvelle grande coalition est forte, notamment dans la frange la plus à gauche et plus particulièrement chez les Jeunes socialistes qui viennent d’engager une campagne en faveur du non sur Internet. Lors de leur Congrès fédéral à Sarrebruck, fin novembre, ils n’ont applaudi M. Schulz que lorsque celui-ci rappelait les décisions du parti de ne pas entrer dans une grande coalition. Comme en 2013, où la formation d’une grande coalition n’avait déjà pas été facile, la base sera consultée sur une telle opportunité. Et on peut craindre que les tensions soient aujourd’hui plus fortes au sein de la direction du SPD et de sa base militante qu’il y a quatre ans.

Pourtant, il est probable que le sens des responsabilités et la recherche de la stabilité l’emportent en 2017 comme en 2013, quand 76 % des votants avaient finalement voté en faveur de la formation d’une grande coalition. La ministre-présidente de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, à la tête à Mayence d’une coalition tricolore SPD-FDP-Verts, pense qu’il n’y a pas au sein du SPD de majorité favorable à une grande coalition et propose en conséquence de tolérer à Berlin un gouvernement minoritaire CDU-CSU. Ce faisant, elle contribue à rendre acceptable l’idée d’un soutien du SPD aux Chrétiens-démocrates : dès lors que l’on est prêt à les soutenir, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de la logique de ce soutien et négocier avec eux une coalition à laquelle imprimer son empreinte ?

Vers une nouvelle grande coalition ?

Il semblerait bien que le long entretien du 30 novembre entre CDU, CSU et SPD chez le président fédéral ait, malgré les polémiques qui ont suivi dans les médias entre Schulz et Merkel, porté ses fruits et que la position défendue désormais par la direction du SPD consiste à favoriser le principe de pourparlers avec les Chrétiens-démocrates. Le résultat de ces discussions, dit-on en Allemagne, sont ouverts et peuvent aboutir à l’une ou l’autre solution : grande coalition, gouvernement minoritaire chrétien-démocrate toléré par le SPD ou élections anticipées.

L’impression générale qui se dégage des débats politiques de ces derniers jours en Allemagne est que la direction du SPD cherche non pas la porte de sortie, mais la porte qui lui permettra de justifier son revirement pour s’engager sur la voie d’une nouvelle coopération avec la CDU-CSU, même si elle sait devoir redouter plus qu’auparavant l’avis de sa base. Stabilité et responsabilité devraient rester les maîtres mots du moment.

Mais les choses n’iront pas vite, les obstacles à surmonter pour le SPD sont multiples, de leur Congrès à la mi-décembre au cours duquel il faudra convaincre les délégués du parti à la consultation de la base qui pourrait avoir lieu en janvier ou février 2018.

Dans ce contexte, l’affaire du glyphosate, dont la réautorisation a été votée à Bruxelles par l’Allemagne par son seul ministre de l’Agriculture (CSU) alors que la ministre de l’Environnement (SPD) y était opposée – ce qui aurait dû entrainer selon les règles de fonctionnement du gouvernement fédéral un vote d’abstention – n’a certes pas contribué à créer la confiance au sein de l’actuel gouvernement intérimaire d’A. Merkel. Mais cela ne semble pas avoir pris une importance telle qu’elle puisse faire échouer la reprise du dialogue entre Chrétiens- et Sociaux-démocrates.

Jérôme Vaillant

Professeur émérite de civilisation allemande à l’Université Lille III

Rédacteur en chef de la revue « Allemagne d’aujourd’hui »

Membre de l’AFDMA

Article publié dans « the conversation »

 

 

Résolution finale du 62ème congrès de la FAFA/VDFG à Hambourg

du 23 au 26 novembre 2017

 

La Fédération des Associations Franco-Allemandes pour l’Europe (FAFA) et la « Vereinigung Deutsch-Französischer Gesellschaften (VDFG) für Europa e.V.» ont traité lors de leur 62ème congrès annuel qui s’est tenu à Hambourg, du 23 au 26 novembre 2017, des « contradictions fécondes » entre la France et l‘Allemagne dans leurs relations mutuelles et plus largement en Europe.

La FAFA pour l’Europe et la VDFG für Europa sont convaincues

– que dans un monde globalisé, seule une Europe unie et solidaire peut affirmer sa place;

– qu’il est temps de développer de nouvelles visions pour l’avenir de l’Europe et d‘accomplir des pas courageux, comme l’ont fait au début les pères fondateurs de l’Europe;

– que le couple franco-allemand assume une responsabilité particulière pour une telle Europe;

– qu’un engagement public clair et non équivoque pour l’Europe de la part des Etats et de la société civile est la condition pour le renforcement du sentiment de son appartenance et pour permettre des mutations positives.

Elles voient dans le discours du président Macron à la Sorbonne, le 26 septembre 2017, en faveur d‘ « une Europe souveraine, unie et démocratique » et dans sa proposition d’un nouveau partenariat franco-allemand un ensemble d’initiatives prometteuses, dont le président fédéral Steinmeier s’est fait l’écho dans son discours du 10 novembre au Hartmannwillerskopf.

Elles lancent un appel aux gouvernements des deux pays à entamer le plus rapidement possible un dialogue constructif et efficace pour transformer les approches franco-allemandes quelquefois divergentes en « contradictions fécondes » pour le développement futur de l’Union européenne et à oeuvrer sans tarder pour une refondation de l’Europe.

C’est ainsi qu’elles se félicitent de la proposition du président français d‘organiser en 2018 des conventions démocratiques sur l’avenir de l’Europe, car elles contribueront à consolider la culture démocratique en Europe par-delà les frontières, à promouvoirl’identité européenne et à associer la société civile à la construction de l‘Europe.

Les membres de la FAFA pour l’Europe et de la VDFG für Europa se déclarent prêts à participer, en tant qu‘acteurs de la société civile, à l’organisation de ces conventions dans les deux pays.

 Adopté en Assemblée Générale commune de la FAFA pour l’Europe et de la VDFG für Europa à Hambourg, le 25 novembre 2017

 

 

 « Pour un Livre blanc européen de la défense et de la sécurité »

Le 13 novembre, vingt-trois pays de l’Union européenne ont signé une notification conjointe sur la

« coopération structurée permanente » (CSP),publiée dans LE MONDE  du 16.11.2017.

Cyrille Schott, ancien directeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice, Délégué régional de l’AFDMA pour la Région Grand est (Alsace), est cosignataire de cette

 

Tribune

 

Responsabilité régalienne par excellence des Etats, la souveraineté ne saurait se dissocier de la puissance. Qu’est la souveraineté sans la puissance, quand il faut protéger ses intérêts ? Le monde du XXIe siècle est celui des Etats continents, comme la Chine, la Russie, les Etats-Unis ou l’Inde, plus puissants que chaque Etat européen pris isolément.

Aussi, les Etats européens n’ont qu’une alternative : soit le choix d’alliances au cas par cas, au gré des circonstances et des aléas de la conjoncture, soit l’union de leurs forces, afin d’atteindre la puissance suffisante pour protéger leurs intérêts et leurs valeurs, conserver une influence et éviter d’être dominés.

En signant, le 13 novembre, une notification conjointe sur la « coopération structurée permanente » (CSP, en anglais Pesco), vingt-trois Etats membres de l’Union européenne (UE) ont clairement exposé leur volonté de renforcer leur coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense et d’avancer dans la direction d’une union de leurs forces.

Une mutualisation européenne permettra aux Etats s’y engageant d’atteindre ensemble des capacités d’action supérieures à celles qu’ils pourraient espérer en restant seuls. L’union des forces aura l’effet multiplicateur de puissance nécessaire à l’autonomie stratégique de l’UE.

Dépasser la coopération intergouvernementale

 Le réalisme de cet objectif dépend des formes prises par la mutualisation, avec les visées suivantes : dans le domaine politique, la définition d’intérêts communs, l’acceptation de risques partagés par tous, une solidarité politique assumée et crédible et enfin une déclinaison diplomatique visible ; dans le domaine opérationnel, des structures de direction et de commandement européennes efficaces, des capacités et modes d’action opérationnels adaptés, des forces entraînées à agir ensemble et interopérables ; dans le domaine industriel, un accroissement des programmes de recherche et développement en coopération, répondant aux besoins opérationnels communs et alimentant une base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne capable de garantir l’autonomie stratégique de l’UE.

Avancer dans ces directions signifie dépasser la coopération intergouvernementale, où chaque organe décisionnel fonctionne à partir de l’intersection d’intérêts nationaux souvent divergents, avec des priorités variées selon la position géographique, la taille et l’histoire des Etats, et qui aboutit en général au plus petit commun dénominateur. Avancer signifie aussi considérer l’UE comme une entité, fondée sur des valeurs et un destin communs, à défendre en tant que telle.

C’est pourquoi les besoins et priorités de défense et de sécurité de cet ensemble doivent être analysés et définis selon une vision commune, concrétisée par un document fondateur, un Livre blanc européen « défense et sécurité », qui compléterait les analyses nationales et leur fournirait un cadre de cohérence. Ce point de départ est incontournable pour favoriser l’émergence de souverainetés partagées

Convergence des intérêts de sécurité des Etats membres

 Ce Livre blanc de défense et de sécurité compléterait, d’une part, la stratégie européenne de sécurité intérieure 2015-2020, où sont abordées les priorités que sont le renforcement de la protection des installations critiques, la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, celle contre la grande criminalité et celle contre la cybercriminalité, d’autre part les travaux doctrinaux ayant conduit à l’élaboration de la nouvelle stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’UE (2016), en favorisant chaque fois que possible la convergence des intérêts de sécurité des Etats membres, le rapprochement des cultures opérationnelles et l’émergence d’un « leadership européen »  : La convergence des intérêts de sécurité reposerait sur l’analyse partagée des risques et défis de sécurité. Cette analyse permettrait de cerner des intérêts supérieurs européens, intégrant etdépassant à la fois les intérêts nationaux, et d’examiner les réponses possibles aux menaces, aux échelons européens, régional et national, ainsi que les mesures de cohérence entre ces niveaux.

Un lien de cohérence serait ainsi créé entre intérêts de sécurité européens et nationaux, ouvrant la voie à une certaine complémentarité des défenses nationales et à leur renforcement mutuel, stimulant la solidarité des Etats membres et confortant les Européens dans leur communauté de destin. Il autoriserait aussi une meilleure anticipation des réactions politiques et opérationnelles possibles de l’UE aux menaces, une répartition plus juste des efforts de défense, une approche capacitaire harmonisée, un partage plus équilibré des coûts d’intervention dans les crises et la clarification des domaines où devrait jouer l’assistance mutuelle.

Cette approche globale donnerait sens aux coopérations renforcées d’Etats sur une base régionale ou transverse et aux actions de certains d’entre eux agissant au nom de l’Union contre des menaces, dans le cadre de l’article 44 du traité de Lisbonne. Elle pourrait même démarrer avec quelques pays, ce que permet la coopération structurée permanente en cours de lancement.

 Des cultures nationales éloignées

 La convergence des cultures opérationnelles serait stimulée par la préparation de réponses européennes. Malgré l’habitude des militaires de travailler ensemble, notamment dans les états majors intégrés de l’OTAN, les cultures nationales restent éloignées.

Une analyse commune des besoins et des réponses envisagées conduirait à définir des concepts et des doctrines communes. Elle encouragerait les mutualisations, en renforçant les coopérations et endéveloppant progressivement une logique de juste intégration, en commençant par les fonctions depréparation et de soutien (formation, logistique, maintenance). Le rapprochement des besoins opérationnels susciterait une réduction des coûts dans de nombreux domaines, ce qui se traduirait par davantage de moyens à budget équivalent.

Enfin, l’émergence d’un « leadership » européen, politique et opérationnel, visible et crédible seraitportée par ce Livre blanc. Par l’affirmation de leurs besoins de défense et de sécurité au plancontinental et des réponses à y apporter, les Européens créeraient les conditions de leur autonomie stratégique et d’une certaine unité d’action.

Cette évolution rejoindrait l’intérêt des Etats, en accroissant leur capacité de défense et de sécurité en échange de l’acceptation d’un cadre commun partagé. Elle ouvrirait la voie vers plus d’intégration, tout en respectant les prérogatives des Etats. Elle surmonterait les blocages issus du simple croisement des intérêts nationaux. Elle renforcerait en outre les capacités européennes dans le cadre du partenariat transatlantique (OTAN).

Des avancées

 Dans le champ de la sécurité comme de la défense des avancées se dessinent, à la suite de prises de position récentes du Conseil européen, portant sur la création de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes ou le renforcement de la coopération en matière de sécurité, mais aussisur l’objectif d’autonomie stratégique de la stratégie globale de l’UE, de récentes propositions de la Commission européenne en matière de financement des investissements de défense et de la notification toute récente de vingt-trois Etats membres à s’engager dans la coopération structurée permanente.

Toutefois la dynamique est loin d’être achevée et un grand chemin reste à parcourir pour conduire à de véritables partages volontaires de souveraineté, seuls gages d’efficacité dans un monde interdépendant et compétitif. Le Livre blanc pour la défense et la sécurité en constituerait un jalon significatif.

Membres du bureau de l’association EuroDéfense-France, les signataires sont :

Patrick Bellouard (président d’EuroDéfense-France, IGA 2S), Jean-Charles Boulat (directeur des affaires UE et OTAN, du groupe industriel Naval Group), JeanCady (ancien secrétaire général adjoint de l’ONU), Colin Cameron (président, Europe Institut des hautes études de défense nationale), Patrick de Rousiers (général d’armée aérienne 2S, ancien président du comité militaire de l’Union européenne), Michel Desmoulin (président d’honneur de l’Union des associations d’auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale), Jacques Favin-Lévêque (général 2S, ancien délégué général du Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres), Patrick Hébrard (vice-amiral d’escadre 2S), Jean-Loup Kuhn-Delforge (ancien ambassadeur), François Laumonier (ancien ambassadeur), Jean-Paul Palomeros (général d’armée aérienne 2S, ancien chef d’état major de l’armée de l’air, ancien commandant allié transformation de l’OTAN), Jean-Paul Perruche (général 2S, ancien directeur général de l’état-major de l’Union européenne), Jean Rannou (général d’armée aérienne 2S, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air), Philippe Roger (IGA 2S), Cyrille Schott (ancien directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice) et Denis Verret (président, DV Conseil).

 

 

Sommaire  Allemagne d’aujourd’hui

AA N° 222.  octobre – décembre 2017

 

Wittenberg, patrie de Luther et haut-lieu de la Réforme, hier et aujourd’hui.

ENTRETIEN – Une mémoire d’exil. Interview d’A.-M. Corbin avec G. S. TROLLER.

Comptes rendus

Henrik Uterwedde, Frankreich – eine Länderkunde (M. TAMBARIN) – Siegfried Kracauer, Politique au jour le jour 1930-1933 (S. BAUMANN) – Hélène Camarade, Le tract, média du pouvoir et des contre-pouvoirs. L’exemple de l’espace germanique (XVe-XXe siècles) (A.-M. CORBIN) – Laurent Joly, Dénoncer les juifs sous l’occupation (A.-M. CORBIN) – Aurélie Denoyer, L’exil comme patrie. Les réfugiés communistes espagnols en RDA (1950-1989) (A.-M. CORBIN) – Daniel Argelès, Klaus Schlesinger ou l’écriture de l’histoire. Berlin et l’Allemagne 1937-2001 (R. ZSCHACHLITZ).

Notes de lecture de J.-C. FRANÇOIS

Marcel Santi, Carnets de balles et… de voyages – Heinrich Gerlach, Durchbruch bei Stalingrad – Joseph McVeigh, Ingeborg Bachmanns Wien – Revue Text+Ktitik n° 47/48, Max Frisch – Max Frisch, Interviews und Gespräche – Ludwig Klages, L’homme et la Terre – Oswald Spengler, L’homme et la Technique – Revue Europe, Numéro 1058 – 1059 – 1060, juin à août 2017, consacré à Günther Anders.

DOSSIER

 Les élections fédérales du 24 septembre 2017. Bilans, analyses, perspectives.

Un dossier dirigé par Hans Stark et Jérôme Vaillant.

ÉDITORIAL

À la recherche d’un gouvernement stable, par J. Vaillant.

 

Le bilan du mandat 2013-2017

– H. UTERWEDDE : Bilan économique et défis à relever

– D. KOHLER, J.-D. WEISZ : Industrie 4.0, une révolution sociétale ?

– H. STARK : La fin de la « culture de la retenue » ? La politique étrangère de l’Allemagne sous le gouvernement Merkel III.

– C.-A. CARO, O. WIENTZEK : Sur tous les fronts. La politique européenne de l’Allemagne entre 2013 et 2017.

– B. LESTRADE : Quel bilan social de la grande coalition ?

– G. SEBAUX : La politique migratoire du 3e gouvernement Merkel en temps de crise.

– H. MÉNUDIER : Le terrorisme et les élections allemandes 2017.

Campagne électorale, situation des partis et évolution du système des partis

– J.-L. GEORGET : La CDU entre recherche de son électorat et questions d’avenir.

– J. THOREL : « L’Union n’a jamais été une association pour élire un chan­celier » : la CSU entre réaffirmation identitaire et réalisme électoral.

– É. DUBSLAFF : Le SPD dans le contexte de la crise de la social-démocratie en Europe.

– H. MÉNUDIER : Le FDP et les élections fédérales de 2017.

– B. ZUNINO : Die Linke et le serment de Buchenwald.

– M. WEINACHTER : L’entrée de l’AfD au Bundestag,un choc et un défi.

– F. DANCKAERT : L’extrême droite au-delà de l’AfD. Retour à la case départ pour le NPD.

– D. HERBET Les médias français en campagne pour les élections au Bundestag de septembre 2017 ?

 

 

 Documents /Dokumente

 

Au sommaire du n°4 /2017,

un dossier  «Questions d’identité », avec des articles sur « les identités nationales et l’identité européenne » :

Thomas Jansen : « Français et Allemands cherchent la définition de la nation pour surmonter la crise de l’identité nationale ».

 Clemens Kühnemann : « Comparaisons « nationales » – les observations de Machiavel au 16ème siècle ».

François Talcy : « l’éclairage de Michel Winok sur l’héritage de divisions qui constitue la culture et la pratique politique des Français ».

Medard Ritzhofen : « A la recherche de l’identité – une compilation des repère culturels allemands ».

Gérard Foussier : « Litérature et sentiment national ».

Cornelia Frenkel-Le Chuiton :« Figures emblématiques – le livre de Philippe Meyer sur le génie allemand ».

Gérard Foussier : « Qui est Thomas Müller ? Une carte d’identité originale de l’Allemagne ».

Marie Baumgartner : « Convivialité à tous les niveaux – une exposition sur les associations en Allemagne ».

 

Et, bien sûr, les rubriques  « Histoire»,  « Culture » et « Chronologie ».

Des articles en français et en allemand.

Pour plus d’informations : E-Mail : redaktion@dokumente-documents.info

Internet : www.dokumente.documents.info

 

Ce n° de Dokumente / Documents sera le dernier pour son rédacteur en chef et prolifique auteur Gérard Foussier, dont la santé aura eu raison de l’engagement et de l’enthousiasme. Il aura présidé pendant 13 années aux destinées de la revue et, inlassablement, aura décodé nos cultures et informé les lecteurs sur les réalités politiques, sociales, économiques, historiques et culturelles de nos deux pays.

Une immense contribution à une meilleure connaissance et compréhension entre les citoyens français et allemands, sans jamais se départir d’une pointe d’humour relativisant bien des certitudes.

L’AFDMA lui souhaite un bon rétablissement et lui adresse ses meilleurs remerciements.

 

 

Les manifestations franco-allemandes

 

A la Maison Heinrich Heine,

Cité universitaire internationale , Bd Jourdan, 75014 Paris

Extraits du programme des manifestations culturelles de janvier à mars 2018.

 

Table ronde
Emmanuel Macron et Angela Merkel
Connivences et différences
Lundi 15 janvier 2018 de 19h30 à 21h30

Il est instructif de comparer les origines, la formation,les carrières, les idées et les projets de ces deux personnalités, ainsi que leurs complicités et leurs désaccords. Réussiront-elles à relancer le couple franco-allemand et sauront-elles éviter le délitement de l’Europe?

Historienne et journaliste indépendante à Berlin, Jacqueline Boysen a publié une biographie remarquée d’ Angela Merkel (Ullstein). La biographie écrite par la journaliste Anne Fulda Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait (Plon) vient d’être publiée en Allemagne. Jean-Dominique Merchet a consacré un livre pertinent sur Macron Bonaparte (Ed. Stock). Les correspondants du Monde à Berlin, Thomas Wieder et de la F.A.Z. à Paris, Michaela Wiegel, exprimeront aussi leur avis sur ces livres et sur l’avenir du couple Macron-Merkel.

 

Débat – Table ronde

Relations franco-allemandes – État des lieux
Lundi 22 janvier 2018 à 19h30

Le « franco-allemand » a le blues déplore Georg Blume, correspondant du ZEIT à Paris, dans Der Frankreich Blues – Wie Deutschland eine Freundschaft riskiert (Edition Körber, 2017). Les Allemands ne s’intéressent plus assez au voisin, même l’europhile Macron n’a rien pu y changer. Les bases mises en place il y a 55 ans sont-elles assez solides pour donner un nouveau souffle au binôme France-Allemagne ?

Avec A.Kefalas, journaliste Ta Nea, H. Miard-Delacroix, prof. A la Sorbonne, H. Stark, secrétaire général du CERFA et C.Duquesne, prof. et éditeur (ERIS)

 

Table ronde

Qui est et que veut l’AFD ? La nouvelle droite en Allemagne.

Lundi 26 mars 2018 à 19h30

L’AFD (Alternative pour l’Allemagne) est devenue un acteur incontournable dans le paysage politique allemand. Le politologue P.Moreau propose dans « l’Autre Allemagne – le réveil de l’extrême droite » une analyse de ses origines et de son organisation. Pour « was will die AFD », J.Bender, rédacteur politique à la FAZ a mené des centaines d’entretiens avec des responsables du parti. Le philosophe D.-P. Zorn, co-auteur de « mit Rechten reden » propose une série d’arguments pour affronter l’AFD. R.Strassenburg est journaliste.

 

Table ronde

Après les élections, où va l’Allemagne ?

Jeudi 29 mars à 19h30

Les nouveaux rapports de force qui se dégagent après les élections du 24 septembre 2017 sont révélateurs des tensions internes de la société et de la démocratie allemande. Ils aident à comprendre l’échec des négociations CDU-CSU, FDP, Verts et les hésitations entre gouvernement minoritaire, élections anticipées ou retour à la grande coalition. Que eput-on attendre du nouveau gouvernement ?

Avec Brigitte Lestrade ( Univ. Cergy-Pontoise), Etienne Dubslaff (Univ. Montpellier), Hans Stark (Sorbonne), Jérôme Vaillant (Lille SHS) et Michèle Weihnachter (Univ. Cergy-Pontoise).

Modération : Henry Ménudier.

 

La vie de l’AFDMA

Disparition : le Dr. André Desbois nous a quittés

Le Dr.André Desbois, éminent acteur de la réconciliation et de la coopération franco-allemande, était le Président-fondateur de l’association France-Allemagne Vétérinaires.

L’association France-Allemagne Vétérinaires a été enregistrée le 22.6.1974, après un appel du Président-fondateur André Desbois le 01.11.1971. L’Union européenne des vétérinaires praticiens avait été fondée un an auparavant et le Dr. Desbois, qui croyait en l’amitié entre nos deux peuples, a proposé de rapprocher les vétérinaires français et allemands.

L’association France-Allemagne Vétérinaires est la seule au niveau européen constituée de membres d’une profession libérale. Elle a contribué, grâce à l’engagement et à la passion du Dr. Desbois, depuis près de 50 ans, au resserrement des liens confraternels entre les vétérinaires  et aux échanges fructueux entre les établissements d’enseignements de nos deux pays.

Le Dr. Desbois était membre de l’AFDMA.

Nos condoléances les plus sincères à sa famille et à ses proches.

 

 Séminaire des Délégués régionaux du 25 au 27 octobre 2017 à Klingenthal.

Le Bureau et les Délégués régionaux de l’AFDMA se sont réunis, sous forme de séminaire, les  mercredi 25 et jeudi 26 octobre 2017 au château de Klingenthal (67530), lieu de rencontres et de séminaires de la Fondation Goethe.

L’objectif de la réunion était d’approfondir les contacts et l’information mutuelle des membres du Bureau et des Délégués régionaux. L’AFDMA souhaitait également approfondir sa relation avec la Société allemande des membres de la Légion d’honneur, qui a été représentée (à partir du jeudi 26) par M. Karlheinz Schaedler.

Les discussions ont porté sur la situation, les effectifs, les activités, les finances de l’association.

L’année 2017 a été marquée par deux évènements, le déroulement de notre AG à l’Hôtel Beauharnais en présence de M. l’Ambassadeur, qui y a pris la parole, et l’organisation d’un déjeuner-débat à Strasbourg, autour de MM. Le Pr.Dr. Frank Baasner, directeur du DFI de Ludwigsburg, et Sylvain Schirmann, ancien directeur de l’IEP de Strasbourg. Le bureau remercie M. Robert Walter d’avoir pris en cours d’année la suite de Mme Kempf pour l’organisation de cette importante manifestation.

 Le site Internet de l’AFDMA, www.afdma.fr, en service depuis un an, est régulièrement visité. Il donne toute satisfaction par sa clarté et la qualité des informations mises en ligne. Bernard Viale le met régulièrement à jour et a besoin des contributions de tous pour l’enrichir. Le Président et le bureau remercient Bernard pour son engagement et la qualité de son travail.

La publication de la Lettre d’information se poursuit régulièrement, à la satisfaction générale de ses lecteurs.

La date du prochain séminaire des délégués régionaux est ainsi prévue : du mercredi 17 au vendredi 19 octobre 2018,  la disponibilité du château de Klingenthal ayant été confirmée.

.M. Karlheinz  Schaedler a présenté l’activité de la Deutsche Gesellschaft der Mitglieder der französischen Ehrenlegion und des französischen Nationalen Verdienstordens e.V., elle-même membre de la SEMLH dont elle constitue la section allemande. Forte d’environ 120 membres acquittant une cotisation annuelle de 60 €, elle organise plusieurs manifestations annuelles et est régulièrement reçue à l’Ambassade de France en Allemagne.

L’AFDMA et la SEMLH pourraient, sur des questions majeures d’intérêt franco-allemand,  élaborer des documents communs qui pourraient prendre la forme d’adresses au Président de la République et à la Chancelière, ou définir et exprimer des positions communes sur des sujets ponctuels, tels que la conservation de la chapelle de Soest (chapelle d’un ancien camp de prisonniers de guerre, richement décorée par eux, aujourd’hui menacée).

Les perspectives de travail en commun pourront être approfondies à l’occasion d’une rencontre des Bureaux des deux associations, prévue le 5 février 2018 à Sarrebruck.

L’Assemblée générale de l’AFDMA aura lieu le mardi 20 février 2018 à 14 h, au bureau parisien du Parlement européen, 288 Boulevard Saint Germain (75007)

Résumé du procès-verbal du Général Olivier de Becdelièvre, Secrétaire général de l’AFDMA.

Compte rendu plus détaillé sur le site www.afdma.fr

 

 Hélène Miard-Delacroix

 distinguée en Allemagne le 24 nov. 2017

Hélène Miard-Delacroix, Professeur d’Histoire et civilisation de l’Allemagne contemporaine à la Sorbonne, a reçu jeudi en Allemagne le Prix international de la recherche de la Fondation Max Weber auprès du Collège d’histoire.

« Votre intérêt pour l’Allemagne va de pair avec votre engagement pour l’Europe en tant que scientifique et en tant que citoyenne », a souligné Thomas Maissen, directeur de l’Institut historique allemand de Paris, qui a prononcé l’éloge aux côtés du Professeur Alfred Grosser. Hélène Miard-Delacroix est récompensée pour l’ensemble de ses recherches sur l’histoire allemande contemporaine et pour son rôle de médiatrice entre les cultures scientifiques française et allemande. Le Prix international de la recherche distingue des scientifiques pour leurs recherches internationales en lettres et sciences humaines, sciences sociales et études culturelles.

Hélène Miard-Delacroix est membre de l’AFDMA. Toutes nos félicitations.

Source/ CIDAL

 

APPEL / RAPPEL

 

En ce début d’année, il est bon de rappeller que la vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres.

Merci de nous soutenir dans notre engagement.

 

Le montant reste inchangé en 2018 :  30€, à adresser par chèque dans les meilleurs délais à notre trésorier, Bernard Lallement, 142 rue Boucicaut, 92260 Fontenay aux Roses.

Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA :

Compte n° 08231147386 auprès de la Caisse d’Epargne d’Ile de france

IBAN : FR76 1751 5900 0008 231 4738 636