L’image de l’Allemagne en France

15.01.2021

Plus de neuf Français sur dix (91 %) ont une bonne image de l’Allemagne, selon une enquête IFOP pour l’ambassade d’Allemagne. Un chiffre impressionnant, en hausse de sept points depuis 2018. Que révèle-t-il de la perception que les Français ont de l’Allemagne ?
Ils étaient 82 % en 2012, 84 % en 2018… et ils sont aujourd’hui 91 %. De plus en plus de Français ont une bonne (79 %) ou une très bonne (12 %) image de l’Allemagne, selon un sondage IFOP pour l’ambassade d’Allemagne en France. Selon cette enquête menée du 17 au 24 novembre dernier auprès de 1.002 personnes, 83 % des personnes interrogées voient l’Allemagne comme le principal partenaire de la France. Une proportion qui place la République fédérale loin devant tout autre État. « Je suis impressionné », commente l’ambassadeur d’Allemagne, Hans-Dieter Lucas. Ce sont des chiffres « très encourageants ».

La gestion des crises renforce un a priori positif

La gestion du Brexit et la crise sanitaire ont, semble-t-il, amplifié l’a priori positif dont l’Allemagne jouissait dans l’Hexagone. Les Français « ont retenu que les pays européens étaient restés unis dans les négociations avec la Grande-Bretagne », explique Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP. Quant à la Covid-19, elle a « montré la puissance du modèle sanitaire allemand » et « les transferts très médiatisés de patients vers les hôpitaux allemands ont marqué les esprits ».

Les qualificatifs associés par les Français à l’Allemagne

Le « respect » (82 %) est ainsi l’appréciation la plus souvent portée sur l’Allemagne. Le chiffre est en hausse de 8 points par rapport à 2018. Les Français sont aussi deux fois plus nombreux (16 %) qu’en 2017 à évoquer le rayonnement de l’Allemagne sur le plan « scientifique ». Et ils jugent que la crise sanitaire a eu une influence positive (26 %) sur la coopération franco-allemande plutôt qu’un impact négatif (11 %). Il faut toutefois noter que l’enquête a été réalisée en novembre, avant la dégradation de la situation sanitaire outre-Rhin, commente M. Fourquet.

Une relation plus « équilibrée »

L’évolution de la coopération bilatérale joue également un rôle positif. Incarnée par le « couple » président-chancelière, la relation franco-allemande apparaît « meilleure » qu’il y a quelques années à près d’un tiers (29 %) des Français. Et 68 % la jugent équilibrée, un chiffre en forte hausse (+ 7 points par rapport à 2018), souligne M. Fourquet.

La « confiance » est d’ailleurs nettement plus souvent citée parmi les qualificatifs associés aux relations franco-allemandes (27 %, contre 19 % en janvier 2012 et 23 % en 2018), tout comme la « solidarité » (22 %, contre 18 % en 2018). Ainsi, qu’ils la qualifient de partenariat (56 %) ou d’« amitié » (36 %), les Français voient la relation bilatérale comme « nécessaire pour l’avenir de l’Union européenne » (92 %, + 7 points), « solide » (85 %, + 8 points) et « satisfaisante » (81 %, + 9 points).

La perception que l’Allemagne et la France font avancer l’Europe ensemble est en forte hausse

L’enquête ne révèle pas de « crainte d’une Allemagne forte », ni sur la scène internationale, ni sur le plan militaire, se félicite, par ailleurs, M. Lucas. « C’est important, par exemple, pour savoir si une augmentation des investissements allemands dans le domaine de la défense poserait problème aux Français ». 54 % des sondés estiment, en effet, que l’Allemagne prend la place « qu’il faut » sur la scène internationale. Près d’un tiers (32 %) affirme même qu’elle devrait se mettre « davantage en avant ».

Un rayonnement nouveau auprès des jeunes

Dans l’ensemble, l’image de l’Allemagne auprès des Français montre un visage positif et relativement stable dans le temps, résume M. Fourquet. Mais stable est aussi, malheureusement, la méconnaissance du pays. 73 % des sondés affirment ne « pas bien » connaître l’Allemagne. Moins de six sur dix (59 %) y sont déjà allés, et 25 % parlent allemand (dont 3 % couramment). Pour M. Lucas, il importe de réfléchir à la manière de soutenir l’apprentissage de l’allemand. Et il faut mettre en valeur les instruments de la coopération franco-allemande, qui restent très mal connus à l’exception de la chaîne ARTE.

L’Allemagne a toutefois un « noyau dur » non négligeable de « fans inconditionnels », souligne M. Fourquet. Il représente environ 10 % des sondés, soit quelque 4,5 millions de personnes si on le rapporte à la population. Par ailleurs, l’Allemagne exerce une attractivité indéniable, que ce soit sur le plan touristique (83 % des sondés), culturel (79 %) ou linguistique (45 %).

L’enquête confirme, enfin, un phénomène récent : l’engouement des jeunes Français pour l’art de vivre à l’allemande dans les métropoles comme Berlin. Là où leurs aînés conservent une image « classique » de l’Allemagne, la capitale apparaît aux 18-24 ans comme un phare « culturel ». Cela attire vers l’Allemagne des jeunes qui ne s’y seraient pas intéressés spontanément, note M. Fourquet.
A.L.