La Lettre d’information n°52. Octobre 2022.

LA LETTRE D’INFORMATION

sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne

N° 52. Octobre 2022.

Responsable de la rédaction : Bernard Viale.

Délégué à  la « Communication ».

 

Le mot du Président

 

Chers membres de l’AFDMA, chers amis,

Rentrée plutôt morose, sur fond d’incertitudes très inquiétantes de la guerre en Ukraine, de dérèglements climatiques, de pénuries d’énergie l’hiver prochain, de reprise de l’inflation et d’une éventuelle nouvelle vague de COVID. Les Cassandre sont nombreux et pourraient avoir raison.

Face à toutes ces interrogations et menaces, un aspect positif : l’Europe resserre ses rangs et fait front en promouvant la solidarité de ses membres, parfois malgré les divergences d’intérêt nationales. Une fois de plus, La France et l’Allemagne ont montré l’exemple en prévoyant de mettre en commun leurs ressources énergétiques, l’un fournissant du gaz, l’autre de l’électricité à son partenaire en cas de besoin.

Même si on peut parfois avoir le sentiment que les projets de coopération ne sont pas au rendez-vous, en particulier dans le domaine des équipements de défense, le rapprochement entre nos deux pays continue. Les échanges interculturels, en particulier de jeunes, qui en constituent la base, ont beaucoup souffert de la pandémie. Ils reprennent fort heureusement et c’est important pour notre avenir commun.

Nous venons de fêter le 60ème anniversaire du discours à la jeunesse allemande du Général de Gaulle à Ludwigsburg et 2023 devrait être l’année de la grande relance de nos relations avec l’anniversaire du Traité franco-allemand de coopération, le Traité de l’Elysée, signé le 22 janvier 1963.

Nul doute que tous les acteurs de la coopération et de l’amitié franco-allemande auront à cœur de s’y associer. L’AFDMA et ses membres, qui disposent d’une expérience forte et d’un engagement certain, s’appuieront sur cet anniversaire pour renforcer nos actions.

C’est pourquoi je vous invite, dès à présent, à partager vos idées sur les propositions qui pourraient transformer cet anniversaire en un véritable mouvement qui mettra à l’honneur les relations franco-allemandes, plus nécessaires que jamais, pour relever les défis qui s’annoncent.

Je vous remercie à l’avance de vos initiatives et vous souhaite un bel automne.

Bien cordialement,

Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin

Président

 

Sommaire :

–     Le mot du Président.

–    P. 2: Publications :

–          Il y a 60 ans, le discours du général de Gaulle à la jeunesse allemande.
–           Dans les coulisses de deux Sommets franco-allemands, par Cyrille Schott.

–           Visions franco-allemandes (IFRI) : l’Allemagne, le changement d’époque et l’avenir, par Detlef Puhl.

–          Le dernier numéro d’Allemagne d’aujourd’hui.

 

– P. 11: Les manifestations franco-allemandes :

–          Le 66ème congrès de la FAFA du 21 au 23 octobre à Dortmund.

-Le Festival du cinéma allemand du 11 au 16 octobre au cinéma l’Arlequin à Paris.

–          Les conférences-débats de la Maison Heinrich Heine.

 

–  P.13: Expositions :

–          Une autre histoire de l’expressionnisme au musée Folkwang de Essen jusqu’au 8 janvier 2023

–          Les chefs d’oeuvre du Cabinet d’Art de Dresde au musée du Luxembourg (Paris) du 14.09.2022 au 15.01.2023.

–  P.17: La vie de l’AFDMA :

 

 Publications

 

Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil  dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».

Rendez-vous sur www.afdma.fr !

 

Il y a 60 ans, le discours du général de Gaulle à la jeunesse allemande

« Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple. » Il y a 60 ans, le général de Gaulle prononçait à Ludwigsburg son célèbre discours à la jeunesse allemande. Une étape marquante dans l’histoire de la réconciliation franco-allemande.

C’est l’un des grands discours de l’histoire des relations franco-allemandes. Le 9 septembre 1962, le général de Gaulle s’adressait à la jeunesse allemande dans la cour du château de Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg). « Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple. Oui ! D’un grand peuple ! », déclarait-il dans un allemand parfait. Ses mots trouvèrent un écho enthousiaste dans le cœur des jeunes Allemands. Ils demeurent un jalon dans l’histoire de la réconciliation franco-allemande.

Six mois plus tard, Charles de Gaulle allait en effet signer le traité de l’Élysée avec le chancelier Adenauer. Ce traité est la base de toute la coopération franco-allemande. Il place au centre les rencontres de jeunes en créant l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ).

En ce 9 septembre 1962, pourtant, la main tendue du général de Gaulle à la jeunesse allemande n’allait pas de soi. Dix-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les blessures étaient encore vives entre les anciens « ennemis héréditaires ». Mais l’homme du 18 juin n’agissait pas non plus sans préparation.

Une étape de plus dans le rapprochement franco-allemand
Au sein de la société, le rapprochement franco-allemand avait débuté dès la fin de la guerre. Il était, au départ, le fait d’une poignée d’intellectuels, de journalistes, d’écrivains, de fonctionnaires, de syndicalistes, d’hommes d’Église et d’acteurs du travail avec la jeunesse. Des consciences éclairées souvent issues de milieux confessionnels, catholiques ou protestants, et de la Résistance.

On comptait aussi parmi eux d’anciens prisonniers de guerre ou rescapés des camps nazis. Et notamment Joseph Rovan, qui a marqué les esprits le 1er octobre 1945 dans un article intitulé « L’Allemagne de nos mérites ». À une époque où la France pratiquait encore une politique très restrictive dans sa zone d’occupation en Allemagne, il expliquait : « Plus nos ennemis [o]nt terni la figure humaine, plus nous sommes tenus à la respecter en eux, et même à l’embellir. […] L’Allemagne de demain sera à la mesure de nos mérites. »

Dès 1945 et tout au long des années 1950, ces pionniers se sont ainsi engagés en faveur d’un rapprochement entre les Français et les Allemands. On leur doit les premiers jumelages, à partir de 1950. Ils n’ont pas eu d’impact politique direct. Mais ils ont contribué à faire évoluer les mentalités. Ils ont aussi préparé le terrain à l’action politique.

En la matière, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont donné l’impulsion décisive à partir de 1958. Dès leur première rencontre à la Boisserie, ils ont constaté leur volonté commune de voir la France et l’Allemagne construire l’avenir ensemble. Début juillet 1962, le chancelier fédéral a effectué une visite officielle de plusieurs jours en France. Il a été acclamé par la foule. Une messe en la cathédrale de Reims en présence du général de Gaulle et de Konrad Adenauer a clos la visite par un signe de réconciliation.

La tournée du général de Gaulle en Allemagne, du 4 au 9 septembre 1962, constituait le pendant de cette visite du chancelier. Le président français a prononcé une dizaine de discours, souvent en allemand. Il s’est exprimé devant les ouvriers métallurgistes des usines Thyssen de Duisburg, dans la Ruhr, devant les officiers de l’École militaire supérieure de Hambourg, devant les habitants de Munich et de Stuttgart, et pour finir devant les 7 000 jeunes Allemands réunis dans la cour du château de Ludwigsburg. À tous, il a tenu le même discours axé sur la réconciliation, l’amitié et la construction de l’avenir en commun. Les Allemands l’ont accueilli chaleureusement aux quatre coins du pays.
A.L.

 

 

Dans les coulisses de deux sommets franco-allemands en 1984 et 1985

Par Cyrille Schott

(Extraits de ses carnets)

Le sommet franco-allemand de Rambouillet en mai 1984

Le 43ème  sommet franco-allemand va se tenir ce mardi 29 mai 1984 au château de Rambouillet. En tant que conseiller technique responsable des résidences présidentielles, j’ai contribué à sa bonne organisation. François Mitterrand et Kohl vont dormir sur place, avec leurs accompagnateurs. Ce lundi 28 mai 1984, en soirée, ils prennent ensemble le café dans le salon du Conseil du château.

Une trentaine de personnes sont réunies autour d’eux. Entre autres, Hans-Dietrich Genscher, FDP, le vice-chancelier et ministre fédéral des Affaires étrangères, Otto Graf Lambsdorf, FDP, le ministre fédéral de l’Economie, Pierre Mauroy, le Premier Ministre, Edith Cresson, la ministre du commerce extérieur et du tourisme (qui porte une superbe robe rouge et noire et qui parle un anglais très distingué), Claude Cheysson, le ministre de Relations extérieures, Roland Dumas, le ministre délégué aux affaires européennes,  Louis Mexandeau, le ministre des P.T.T., Jean-Louis Bianco, le secrétaire général de l’Elysée, Jacques Attali, le conseiller spécial, Michel Vauzelle, le porte-parole de la présidence de la République, Hubert Védrine, le conseiller diplomatique.

Le Président est assis sur le fauteuil jaune, le chancelier à sa gauche, Edith Cresson à sa droite. Il devise brillamment, de façon détendue, mais assurée. Il préside, en chef incontesté des Français. Les ministres l’écoutent religieusement, nul ne l’interrompt. Tout juste, Dumas se permet-il de préciser le pourcentage, 88 %, de la contribution britannique au budget communautaire que représenteraient les remboursements tels que demandés par Margareth Thatcher. Quant à Cheysson, il s’autorise à réagir, un tout petit peu, lorsque le Président le « chahute. » Mitterrand parle en souverain, en chef d’Etat de l’un des principaux pays de la communauté européenne. Helmut Kohl s’exprime beaucoup moins, sur un ton posé, d’une voix basse. Il est plus massif, mais moins à l’aise que Mitterrand. Il n’a pas son autorité sur les ministres de son gouvernement. Il représente un pays divisé. Il m’arrive de songer que c’est le provincial rhénan face au souverain du pays des lumières.

Mitterrand parle de la nécessité de progresser dans l’unité européenne et de développer la défense commune. Il juge l’opinion française non pacifiste, mais passive, car elle sait que le pays dispose de la bombe, ce qui lui semble tout régler. Il s’arrête longuement sur l’accord conclu avec des hommes d’affaires américains, au sujet d’un satellite de télévision, par le Luxembourg, « pays insignifiant », « européen par vocation. » Ce qui intéresse les Américains, affirme-t-il, ce n’est pas l’espace du Luxembourg – « ils ne savent même pas où c’est » -, mais l’espace de la France et de l’Allemagne. Si cela se fait, c’est très grave pour la construction européenne, car l’Europe deviendra alors « une colonie américaine. » Kohl réagit vaguement et mollement.

Le Président évoque aussi les demandes de « Madame Thatcher », le blocage du dossier pour un an, sinon plus, s’il ne se règle pas d’ici le mois de juin. Le Chancelier partage sa préoccupation.

Le chef de l’Etat envoie une pique à Cheysson : «  J’ai un ministre à qui j’ai souvent dit qu’il savait tout faire sauf de la diplomatie ! » Il pose la question : «  Y-a-t-il une différence entre les relations extérieures et la diplomatie ? » et y répond : « Oui ! Pour les relations extérieures, il ne faut pas être très malin. »

Kohl, en levant la séance, émet le souhait que le sommet se termine à temps, car il faut qu’il rentre en Allemagne pour examiner comment « combattre le socialisme. »

L’atmosphère est marquée par la cordialité, à cette nuance près, me semble-t-il, que le Chancelier reste sur une certaine réserve à la veille des élections européennes : pas de cadeau inutile aux socialistes français !

Le sommet de Rambouillet va toutefois être à l’origine de l’un des symboles puissants de l’amitié franco-allemande, puisque va y être décidée la rencontre du 22 septembre 1984 à Verdun. C’est lors de cette rencontre que va surgir l’iconique « geste de Verdun », Mitterrand et Kohl se prenant la main lors de la cérémonie en l’honneur des victimes de la Première guerre mondiale à l’ossuaire de Douaumont.

 

Les entretiens Mitterrand-Kohl au fort de Brégançon en août 1985

Mercredi 21 août 1985

J’ai en charge l’organisation des entretiens entre François Mitterrand et Helmut Kohl samedi 24 août à Brégançon. Cela parait assez simple : arrivée à la base aérienne d’Hyères ; entretiens au fort ; promenade en mer et sur l’île de Port-Cros ; retour à Hyères et départ des deux dirigeants. En réalité, comme pour tout déplacement présidentiel, il faut penser à une foule de détails, faire « manœuvrer » une quantité de services. Lundi dernier, 12 août, je me suis rendu sur place avec une mission préparatoire de dix personnes et ai passé ma journée, accompagné d’une cohorte de responsables civils et militaires, avec le préfet du Var et un amiral adjoint du préfet maritime de Toulon.

Le Président m’a téléphoné trois fois déjà pour répondre à mes notes et me donner ses directives. Ses idées sont précises au sujet de ces entretiens, qui seront un authentique tête à tête entre lui et le chancelier Kohl. Il a son idée aussi quant au déjeuner. Il veut, m’a-t-il dit hier soir, servir une bouillabaisse à son invité. On lui aurait parlé d’un excellent restaurateur près de Brégançon…mais il ne sait pas le nom de ce chef cuisinier ni qui lui en a parlé. Bref, je suis  « plongé » dans la bouillabaisse !… Le Président m’a quand même précisé que Pierre Merli, le maire d’Antibes, Gaston Defferre ou Françoise Fabius pourraient l’avoir entretenu de ce grave sujet. J’ai entrepris Defferre à la sortie du conseil de ministres : ce n’est pas lui qui a parlé de bouillabaisse… mais, bien sûr, la meilleure est celle de Marseille et il est tout disposé à me donner les coordonnées d’un cuistot de qualité. Merli, que j’ai joint au téléphone, a recommandé à son ami François un restaurant tenu par, me dit-il, l’un de ses « sujets », Sordello, qui dirige « la maison de Bacon » au cap d’Antibes et qui est tout prêt à faire la cuisine samedi à Brégançon. Je le signale au Président. Celui-ci aurait toutefois entendu parler d’un restaurant plus proche de la résidence présidentielle. Par qui ? Où ? Mystère…Françoise Fabius, que je ne parviens pas à joindre, ne peut m’aider à quitter l’obscurité. J’en suis là…Pour en sortir, j’ai proposé à Mitterrand de retenir Sordello. J’attends sa réponse.

Lors de son dernier coup de fil, il m’a demandé ce qu’il y avait de neuf à l’Elysée. Interrogation embarrassante. Dans mon domaine, ce sont les entretiens Mitterrand-Kohl. Les questions brûlantes de Greenpeace et de la Nouvelle Calédonie sont suivis assidûment par d’autres conseillers, surtout Gilles Ménage et Michel Charasse. Je ne puis m’exprimer à leur sujet. J’ai néanmoins apporté ma contribution au dossier épineux de Greenpeace, puisque dimanche, j’étais de permanence lorsque fut diffusé aux armées l’ordre du Président de la République, chef des armées, « d’interdire au besoin par la force toute entrée non autorisée dans les eaux territoriales françaises et l’espace aérien français des atolls polynésiens de Mururoa et Fangataufa… », ordre rappelant que « les essais nucléaires français dans le Pacifique continueront autant qu’il sera jugé nécessaire pour la défense du pays par les autorités françaises et elles seules. » Hubert Védrine, que j’ai relayé à la permanence à 18h, au lieu de 20h., m’a remis cette directive avant de sauter dans sa voiture pour attraper le train de son retour en vacances. Il m’a précisé qu’il fallait la rendre publique à 19h10 et faire un commentaire « off-non sourcé » à la presse. Avec Isaline de Comarmond du service de presse, j’ai fait le nécessaire et, le soir même, aux informations télévisées, la directive a été annoncée en bonne place, avec le commentaire souhaité. Le lendemain, les journaux y ont consacré la première page. Charles Hernu, le ministre de la Défense, que j’ai eu plusieurs fois en ligne, s’est chargé de diffuser l’ordre aux différents échelons de la hiérarchie militaire.

Jeudi 22 août 1985

Pour la bouillabaisse, c’est réglé. Le Président est d’accord pour Sordello et m’a prié de faire au mieux…

Samedi 24 août 1985

Le ciel est gris ce matin à Paris, lorsque je monte à Orly dans le Mystère 20 du GLAM, qui va me transporter, avec dix autres personnes, à Hyères. Là, le temps est splendide. A midi moins dix, l’avion de Mitterrand, qui vient de Biarritz, atterrit. Le préfet du Var, Ivan Barbot, le préfet maritime, l’amiral Claude Gagliardi, le commandant de la base aéronavale, le maire d’Hyères, Léopold Ritondale, accueillent le Président à sa descente d’avion. Après quelques minutes passées dans le bureau du commandant de la base, l’atterrissage de l’appareil du chancelier est annoncé. Le Président l’attend, seul, au pied de la passerelle, le salue et lui fait passer en revue un peloton de marins, qui rend les honneurs, puis le fait arrêter devant les autorités civiles et militaires présentes, ainsi que devant ses collaborateurs.

Kohl affiche un air serein, malgré les ennuis qui l’assaillent à la suite des affaires d’espionnage qui ont éclaté dans son pays ces derniers jours. Il converse avec l’amiral Gagliardi, à qui il demande notamment quel est le commandement le plus intéressant, de Toulon ou de Brest. L’amiral s’en tire bien, en mettant l’accent sur la mission différente de chacune des forces navales dépendant de ces commandements et en rappelant qu’il a été nommé par le Président de la République. Kohl relève ses talents de « diplomate ». Mitterrand a l’air satisfait de la prestation de son amiral et me dit que, tout compte fait, l’on pourrait le faire monter dans l’une des deux vedettes qui iront de Brégançon à Port-Cros. Il ajoute cependant : « dans la deuxième. » Initialement, il avait été prévu, ce que Mitterrand ignore probablement, que l’amiral accueillerait le Président sur la vedette présidentielle et participerait à la croisière sur ce bâtiment. Le chef de l’Etat dit quelques mots au militaire de son souhait et l’invite à se rapprocher de moi pour la mise en œuvre.

Mitterrand et Kohl prennent place dans un hélicoptère Dauphin et survolent les îles au large du littoral avant de se poser sur l’aire aménagée au pied du fort. Moi-même, je m’envole à bord d’un Puma, avec Michel Vauzelle, Elisabeth Normand, Brigitte Sauzay, l’interprète, et les deux accompagnateurs du chancelier, Friedhelm Ost, le porte-parole du gouvernement fédéral, et Neuer, le chef de cabinet. A leur arrivée, les deux dirigeants rejoignent leur chambre, pour se reposer quelques instants, puis se prêtent à une séance de photos avec les journalistes, à l’extérieur du fort, sur fond de mer et de ciel bleus. Les images sont très belles. Le Président raconte au chancelier l’histoire de la résidence présidentielle de Brégançon et souligne que lui-même ne s’y est rendu que très peu. Il est vrai que ce n’est que la troisième fois. A midi moins cinq (le président m’a demandé l’heure), les deux gouvernants commencent leur entretien, en strict tête à tête, avec leur seuls interprètes. A midi trente, je les rejoins et les conduis dans la salle  à manger, où la table ronde a été dressée devant une fenêtre offrant une vue sublime sur la Méditerranée. Les deux hommes mangent de bon appétit et reprennent de la bouillabaisse, qui est excellente. Je la goûte à une table voisine, avec Vauzelle, les collaborateurs du chancelier, l’adjoint du commandant militaire de l’Elysée, l’aide de camp, le médecin et trois journalistes privilégiés. Au café, le Président m’invite, avec Vauzelle et les deux Allemands, à les rejoindre. Henri Delon, le maire de Bormes-les Mimosas, la commune sur laquelle est située le fort, a également été convié.

Les entretiens reprennent. A 16 heures, Gaston et Edmonde Deferre, que le Président à invités à la promenade sur l’île de Port-Cros, arrivent au fort. Je les accueille au portail et les dirige vers le hall d’entrée, où Kohl est déjà prêt et attend « François », remonté dans sa chambre. Une discussion amicale s’engage avec les Defferre. Les interprètes ne sont pas là. Je les supplée, traduisant en français les paroles de Kohl et en allemand celles des Defferre. Le premier rappelle qu’il était  encore en culottes courtes alors que Defferre déjà était maire de Marseille. Quand « François » descend l’escalier, il rebondit sur la remarque de « Helmut » et, sous forme de boutade, lui dit que Defferre est le « plus jeune maire de France. » Edmonde a abordé des sujets écologiques avec le chancelier et parle des « pluies acides. » Ne connaissant pas l’équivalent allemand, je cherche dans ma tête une façon de rendre l’expression. A ce moment, s’élève derrière moi une voix qui reprend le fil de la traduction et évoque les saure Regen. Sauvé ! C’est Brigitte Sauzay, l’interprète, qui descend l’escalier et renoue avec son excellent service. Kohl soutient que la France sera immanquablement touchée dans quelques années par ces pluies acides. Il évoque aussi ses vacances en Autriche près d’un lac dans les environs de Salzbourg. Edmonde Charles Roux, qui, de façon générale, aime bien parsemer son discours de mots allemands, comprend un peu cette langue, sans pouvoir néanmoins y soutenir une conversation. Le chancelier aura l’élégance à Port-Cros de lui déclarer qu’elle se débrouille très bien, elle réagissant par une mimique faussement modeste. Toujours galant, il ajoutera qu’elle comprend tout ce qu’elle veut comprendre.

Mitterrand et Kohl descendent en voiture du fort vers l’embarcadère, où les attend une vedette de la marine nationale arborant le pavillon aux armes du chef de l’Etat. Nous ne sommes que quelques-uns à pouvoir embarquer avec eux : Vauzelle, l’aide de camp, un agent de la sécurité, les deux compagnons de Kohl, moi-même, outre les interprètes et le couple Defferre, qui se tiennent  à la poupe avec les deux hommes d’Etat. A un moment, Gaston Defferre me rejoint à la proue. Nous bavardons. Je lui confie mon admiration pour son œuvre, qui lui vaudra de tenir sa place dans l’histoire de la nation : la loi cadre Defferre de 1956, qui annonce la décolonisation de l’Afrique ; les lois de décentralisation de 1982, qui constituent la plus importante réforme du gouvernement local en France depuis Bonaparte. Je suis frappé par sa vivacité d’esprit et sa fraicheur, qui contrastent avec la « fatigue » qui parait marquer tant de ses interventions publiques. La brève croisière en rade d’Hyères est pleine d’agréments : l’onde est parfaite, le ciel superbe ; de petites embarcations nous accompagnent, leurs passagers adressant des signes d’amitié aux deux dirigeants.

Trois quarts d’heure après le départ, nous débarquons sur l’île de Port-Cros. Aussitôt le pied posé sur terre, le Président me signifie que, lorsqu’ils sont photographiés ou filmés, il ne veut avoir personne derrière lui et le chancelier. La meute des journalistes et photographes est rassemblée sur le débarcadère et les deux hommes ont convenu de faire une brève déclaration. Mitterrand, conseillé par ses spécialistes en communication, ne veut pas dans son dos de présence susceptible de gâcher l’image. Lorsqu’il commence sa déclaration, l’espace n’est pas dégagé : interprète, attachée de presse, agent de sécurité, Paul Guimard…peuplent le paysage. Il me répète sèchement qu’il ne veut personne derrière lui. Je fais de mon mieux ; ce n’est pas facile. Je surprends le regard présidentiel observant sévèrement mon entreprise.

Mitterrand s’exprime brièvement, en soulignant « que c’est véritablement une rencontre de caractère personnel » et en mettant en lumière les « relations personnelles confiantes » avec Kohl. Il précise qu’ils ont « parlé des relations Est-Ouest », des « problèmes de sécurité », « de la Communauté européenne et des différents développements européens possibles, notamment Eurêka », de « l’avion de combat européen. » Il annonce la mise en place d’un « téléphone direct et protégé » entre Paris et Bonn. Kohl est encore plus laconique.

Après les déclarations, nous quittons le quai. Nouvel énervement de Mitterrand, qui veut être seul avec son hôte dans la promenade de bord de mer jusqu’au fort de l’Estissac. Les journalistes sont écartés, pas assez vite à son gré. J’en éloigne moi-même quelques-uns et croise un regard complice. Un ou deux photographes ont toutefois réussi à se poster sur le chemin de la promenade. Mitterrand réclame le préfet : « Où est M. Barbot ? » Je m’avance et lui dis maladroitement : « Je crois que c’est un membre de l’équipe Magoudi-Azoulay, pour laquelle vous avez accepté un traitement spécial… » Au demeurant, c’est faux. Il me reprend d’un ton sans réplique : « C’est un manquement grave à mes consignes ! »

Ces incidents s’avèrent cependant mineurs. La visite à Port-Cros est placée sous le signe d’une ambiance détendue, dans la complicité des deux dirigeants. Arrivés au fort, ils le visitent rapidement et y prennent un rafraîchissement. Mitterrand écarte, au bénéfice d’un simple verre d’eau, un jus de fruit, dont on ne peut lui assurer le caractère naturel. L’image des deux, assis sur un banc de pierre contre le mur du vieux fort, est simple et lumineuse.

Le retour au port s’effectue en méhari, puis les hélicoptères ramènent tout le monde à la base aéronavale d’Hyères, d’où le chancelier, puis le président s’envolent. Mitterrand a l’air satisfait de sa journée. J’ai trouvé Kohl, dont le contact est simple et direct, calme, placide, mais déterminé, comme savent l’être les Allemands du sud. Il va faire appeler l’Elysée le lendemain pour remercier de l’excellente organisation.

Kohl parti, l’amiral Gagliardi nous convie dans le bureau du commandant de la base à prendre un ultime rafraichissement, en attendant l’hélicoptère des Defferre et le mystère 20 qui va nous ramener dans la capitale. Alors, Edmonde Charles-Roux : «  Kohl… il est gentil, sympathique…agréable… mais, comment dirais-je, il est vraiment TRES allemand ! », le tout dit sur un ton TRES parisien et « France, pays des lumières » !

Cyrille Schott, ancien Préfet de Région, ancien directeur de l’Institut National de Hautes études de la Justice et de la Sécurité, délégué de l’AFDMA pour l’Alsace, a été conseiller du Président Mitterrand lors de son 1er mandat.

 

Dans la série « Visions franco-allemandes », n°33, de l’IFRI (CERFA)

« L’Allemagne, le changement d’époque et l’avenir de l’OTAN »

Par Detlef Puhl.

35 pages. A télécharger sur www.ifri.org

Résumé

L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a adopté un nouveau concept stratégique, qui doit donner une orientation pour les dix prochaines années. Mais l’agression russe contre l’Ukraine le 24février 2022 a tout changé. Le chancelier Scholz parle de changement d’époque. Le concept stratégique est-il à la hauteur des défis qui se posent ? Les ambitions de la Chine sont définies pour la première fois comme une menace pour notre sécurité. Mais ne le sont-elles pas en premier lieu pour les États-Unis ? Le champ des missions de l’Alliance continue de s’étendre. Ne risque-t-elle pas ainsi la surcharge ? Une coopération renforcée avec l’Union européenne (UE) est-elle la solution ? Sa « boussole stratégique » définit des ambitions élargies. Les documents stratégiques de l’OTAN et de l’UE apportent des réponses limitées. La politique de sécurité de l’Allemagne change de façon radicale. Les attentes à l’égard de Berlin, pour prendre un rôle charnière en Europe, sont élevées. Le pays est-il prêt pour cela ? Cela n’est pas certain.

L’auteur :

Jusqu’en 2016, Detlef Puhl a travaillé en tant que Senior Advisor for Strategic Communication pour le Secrétaire général adjoint de l’OTAN chargé des « Nouveaux défis de sécurité », une division nouvellement créée au sein de l’état-major international de l’Alliance atlantique à Bruxelles. Auparavant, de 2008 à 2011, il a été détaché à Paris par le ministère allemand de la Défense pour servir en tant que directeur adjoint à la Délégation aux Affaires stratégiques, l’état-major de planification du ministère français de la Défense.

De 2002 à 2008, il a exercé la fonction de doyen adjoint au College for International and Security Studies du George C. Marshall Center à Garmisch-Partenkirchen, une institution commune des ministères de la Défense allemand et américain pour la formation et la coopération avec des représentants d’Europe centrale et orientale et d’Eurasie.

De 1998 à 2001, il a été chef d’état-major de presse et d’information et porte-parole du ministère allemand de la Défense à Berlin et à Bonn. Il avait travaillé de longues années comme journaliste, depuis 1986 comme correspondant militaire et de sécurité du Stuttgarter Zeitung à Stuttgart puis à Bonn à partir de 1995.

 

Allemagne d’aujourd’hui

N° 241, Juillet-septembre 2022

Un éditorial de Jérôme Vaillant, « où en est la « coalition tricolore », un an plus tard », et un dossier « vieillir au 21ème siècle. Regards sur la vieillesse dans la littérature germanophone contemporaine ».

 

Les manifestations franco-allemandes

66ème congrès de la FAFA / VDFG à Dortmund
du 21 au 23 octobre 2022.
« Europa im Kopf und im Herzen « , « l’Europe dans la tête et dans le cœur »
« Was verbindet, was trennt uns? / Ce qui nous unit, ce qui nous sépare. »

Une reprise attendue : le grand rendez-vous annuel des sociétés civiles françaises et allemandes.
Hendrik Wüst, Ministre-Président du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, a accepté de parrainer le Congrès.

Le formulaire d’inscription est en ligne sur le site web de la Vereinigung der deutsch-französischen Gesellschaften für Europa (VDFG). Vous trouverez le bouton sur la page d’accueil du site web : www.vdfg.de.

Dès que vous aurez retourné ce formulaire, vous recevrez à l’adresse mail que vous nous aurez indiquée une confirmation d’inscription, ainsi que la facture précisant les coordonnées bancaires où vous pourrez virer le montant à payer. Dès réception de votre virement sur le compte de l’Auslandsgesellschaft, vous recevrez par mail une confirmation de participation détaillée, que nous vous demandons d’imprimer et d’apporter au congrès.

Le Forum intergénérationnel, cette année aussi, aura lieu en même temps que le congrès. Il commencera dès le 19 octobre 2022 et fusionnera avec le congrès pour sa deuxième partie. Les personnes intéressées sont priées de s’inscrire directement ici sur le site de la CFAJ, qui se chargera alors de les inscrire automatiquement au congrès de la VDFG.

Le 66ème congrès VDFG / FAFA est soutenu par  le Fonds citoyen franco-allemand.

L’AFDMA est membre de la Fédération des Associations Franco-Allemandes pour l’Europe (FAFA).

 

Festival du cinéma allemand 2022

 

Du 12 au 16 octobre au cinéma l’Arlequin, rue de Rennes à Paris.

Le meilleur de la production cinématographique allemande, de nombreux films en avant 1ère et  avec les réalisateurs.

Tél : 0145442880.

www.festivalcineallemand.com

 

A la Maison Heinrich Heine,

Cité internationale universitaire de Paris, 27c bd Jourdan, 75014 Paris,

« Le triangle France – Algérie – Allemagne »

Conférence-débat hybride lundi 10 octobre de 19h30 à 21h00

Les relations entre l’Allemagne et l’Algérie lors de la guerre d’Algérie sont peu connues du grand public. Pourtant, l’Allemagne a eu sa petite part dans l’indépendance de l’Algérie : les « porteurs de valises » allemands ont soutenu le Front de Libération National et une coopération clandestine a eu lieu entre les Algériens et les Allemands – étudiants, syndicalistes, intellectuels, chrétiens et personnalités politiques. Néanmoins, cette coopération n’a pas gêné la réconciliation franco-allemande. Aujourd’hui, 60 ans après la proclamation de l’indépendance, l’Algérie ne joue pratiquement aucun rôle dans la politique étrangère allemande. Les relations franco-algériennes restent tendues et le travail de mémoire est toujours un enjeu sensible. Quelle est l’histoire, le présent et l’avenir possible du triangle France – Algérie – Allemagne ? Ces trois pays n’auraient-ils pas bien plus en commun que ce dont ont conscience la plupart des observateurs ?

Intervenants :

Claus Leggewie, politologue, directeur émérite du Kulturwissenschaftliches Institut Essen.

Malika Rahal, historienne et directrice de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP).

Thomas Wieder (mod), correspondant du Monde à Berlin.

 

« Un an de gouvernement Scholz – Quel bilan ? »

Table ronde hybride, jeudi 8 décembre de 19h30 à 21h00

Élu chancelier en 2021, l’ancien ministre fédéral des Finances Olaf Scholz innove avec un gouvernement SPD, Verts, FDP. Cette première année permet de mieux connaître sa personnalité et son style de gouvernement. Comment ont été relevés les principaux défis (pandémie, crise climatique et énergétique, guerre en Ukraine) ? L’attention portera sur l’évolution politique, économique et sociale, sans oublier les relations franco-allemandes et l’Europe.

Intervenants :

Patricia Commun, professeur et directrice du CICC.

Stefan Kornelius, directeur du service politique à la Süddeutsche Zeitung à Munich.

Paul Maurice, responsable de la mission franco-allemande à la Direction de l’UE au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Henri Ménudier, professeur honoraire à l’université Sorbonne Nouvelle, Paris 3.

 

Infos pratiques
Les manifestations auront lieu en présentiel, dans la Salle Alfred Grosser, et en ligne, sur l’application Zoom.

Veuillez vous inscrire directement sur Zoom en suivant ce lien : cliquez ici
Vous recevrez ensuite un mail de confirmation avec le lien de connexion à la salle virtuelle.
Il est nécessaire de télécharger l’application pour avoir accès à la traduction simultanée.

Pour un aperçu complet du programme , voir www.maison-heinrich-heine.org.

Expositions

Une autre histoire de l’expressionnisme

Promoteur de l’art expressionniste depuis ses origines, le musée Folkwang lui consacre jusqu’au 8 janvier une vaste rétrospective. Il y raconte aussi sa proppre histoire, cent ans après son installation à Essen. Entre le musée Folkwang et l’expressionnisme, c’est une longue histoire. Elle débute avec le XXème siècle lorsqu’un mécène avant-gardiste, Karl Ernst Osthaus (1874-1921), crée une collection d’art avec l’ambition de mettre l’art contemporain à la portée de tous. Le musée Folkwang voit le jour à Hagen en 1902. Karl Ernst Osthaus, féru d’art moderne, entretient aussi des liens étroits avec la jeune garde des artistes allemands de l’époque. Il est l’un des premiers directeurs de musée à acheter leurs toiles et à leur consacrer des expositions. L’expressionnisme devient l,un des grands axes de sa collection. Il l’est resté jusqu’à nos jours malgré les vicissitudes de l’histoire.

La passion d’un mécène
Ce n’est donc pas un hasard si le musée Folkwang, l’un des phares culturels du bassin de la Ruhr, met aujourd’hui l’expressionnisme à l’honneur. L’établissement fête cette année le centenaire de son installation à Essen en 1922. À cette occasion, il présente jusqu’au 8 janvier 2023 une grande exposition retraçant ses liens privilégiés avec l’expressionnisme. Près de 250 œuvres majeures de Vassily Kandinski, Ernst Ludwig Kirchner, Oskar Kokoschka, Franz Marc, Paula Modersohn-Becker, Edvard Munch, Gabriele Münter, Emil Nolde et Egon Schiele sont à découvrir.

« Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés » -c’est son titre- réunit un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre. Ils viennent des collections du musée Folkwang, mais aussi de musées espagnols, autrichiens, allemands et suisses.

Le visiteur se voit offrir une plongée originale à travers l’histoire de l’art. Première rencontre : Edvard Munch. Les œuvres du peintre norvégien ont fait scandale à Berlin en 1892. En 1903, Karl Ernst Osthaus est le premier directeur d’un musée allemand à acquérir des toiles. Dès 1906, il lui consacre une exposition.

Les liens sont aussi très étroits avec « Die Brücke  ». Le mouvement regroupe la jeune garde expressionniste allemande. En 1906, l’un de ses principaux animateurs, le peintre Erich Heckel, propose à Karl Ernst Osthaus de s’y joindre en tant que membre passif. L’adhésion n’aura pas lieu. Mais le musée Folkwang consacre deux expositions à « Die Brücke » en 1907 et 1910. Des liens durables perdureront avec Ernst Ludwig Kirchner après la dissolution du groupe.

Le mécène contribue aussi à la diffusion des œuvres du « Cavalier bleu  ». Le musée Folkwang accueille dès l’été 1912 des toiles présentées sous cette étiquette, six mois après la création de cet autre grand mouvement de l’avant-garde expressionniste. Elles sont signées de Franz Marc, Vassily Kandinsky et Gabriele Münter.

Un riche chapitre de l’exposition s’intéresse aux Viennois Oskar Kokoschka et Egon Schiele. Osthaus découvre le premier dans une galerie berlinoise en 1910. Six mois plus tard, le musée Folkwang est le premier musée allemand à acquérir ses œuvres. En 1915, une donation d’Alma Mahler, qui a été la partenaire de Kokoschka, enrichit la collection d’un portrait et de plusieurs dessins.

Schiele, lui, n’a que 20 ans quand il fait son entrée dans la collection, en 1910. Karl Ernst Osthaus a acheté deux de ses aquarelles. Beaucoup d’autres suivront. En 1912, le musée Folkwang détient la plus grande collection d’œuvres de Schiele. Il organise la première grande exposition consacrée à l’artiste.

Une autre vedette de l’exposition est l’Allemande Paula Modersohn-Becker. L’artiste rencontre Karl Ernst Osthaus en 1905, deux ans avant sa mort prématurée. En 1913, son mari Otto Modersohn et ses amis organisent au musée Folkwang la première rétrospective de son œuvre. Elle sera une contribution importante à sa découverte.

Une histoire dans l’Histoire
L’avènement du nazisme met un terme à cet élan. Les mouvements artistiques étrangers au goût des nouveaux maîtres du pouvoir se voient diffamés. Ils disparaissent peu à peu de la vie publique. En 1937, l’exposition « Art dégénéré », à Munich, cible tout particulièrement les artistes expressionnistes. Le musée Folkwang se voit confisquer 1 400 œuvres, dont la totalité de sa collection d’art expressionniste.

La restauration de la collection a commencé dès les années 1940. La toile « Kaffeetisch » d’Ernst Ludwig Kirchner est, en 1949, l’une des premières pierres de la nouvelle collection. Un travail de longue haleine débute. Il passe par des achats ciblés, par l’acquisition de toiles confisquées à d’autres musées et par l’achat de toiles appartenant à des particuliers. Certaines ont-elles été volées à des juifs par le régime nazi ? Au musée Folkwang aussi, le travail de recherche sur la provenance des œuvres est devenu un pan indispensable de l’activité quotidienne.

A.L.

Les chefs-d’œuvre du Cabinet d’art de Dresde s’exposent à Paris
 

Le Musée du Luxembourg, à Paris, présente dans une somptueuse exposition des trésors acquis entre le XVIe et le XVIIIe siècle par les princes électeurs de Saxe. L’exposition est à voir du 14 septembre 2022 au 15 janvier 2023.

C’est un monde en miniature. Il contient des objets d’art et des curiosités ethnographiques, des instruments scientifiques et des matériaux rares, des globes terrestres et des pièces en ivoire. Le Cabinet d’art de Dresde est l’un des joyaux de la Florence de l’Elbe. Ses trésors sont des pièces uniques, achetées par les princes électeurs de Saxe entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Elles expriment la quintessence de sa splendeur et de l’esprit baroque. Elles sont aussi le reflet de la puissance et de l’influence acquises par la cour de Saxe en Europe. Il est rare de pouvoir les admirer en France. Du 14 septembre 2022 au 15 janvier 2023, elles font l’objet d’une grande exposition au musée du Luxembourg, à Paris.

L’exposition s’intitule « Miroir du Monde. Chefs-d’œuvre du Cabinet d’art de Dresde ». Elle rassemble une centaine d’œuvres et d’objets exceptionnels, dont certains remontent à 450 ans. Elle met l’accent sur la qualité artistique des œuvres, et sur leur provenance qui reflète l’intensité des relations politiques et culturels entre la Saxe et le reste du monde. On y trouve des trésors provenant de la Voûte verte, de la Salle d’armes, du Salon de mathématiques et de physique, de la Galerie des maîtres anciens ou encore des Collections d’ethnographie de Saxe.

Un monde en miniature
La Kunstkammer (cabinet d’art) fut la première collection d’Europe à ouvrir ses portes au grand public. Elle était considérée comme un lieu de savoir et d’éducation. Ses trésors témoignent d’une fascination pour le rare et l’inconnu. Des cartes et des globes illustrent l’accroissement des connaissances sur les différentes régions du monde. Des instruments scientifiques astucieusement conçus rappellent l’essor des activités de recherche, stimulé par l’esprit de conquête de l’époque moderne.

Des matériaux variés, pour certains précieux, illustrent la multiplicité des échanges avec le reste du monde. Ils ont été acquis lors d’expéditions ou offerts comme cadeaux diplomatiques. Plus ils étaient rares en Europe, plus ils étaient précieux, à l’instar des ivoires d’Afrique, des noix des Seychelles et des Maldives, des nautiles du Pacifique, de la porcelaine de Chine, de la nacre d’Inde ou des ethnografica d’Amérique du Sud et d’Afrique.

L’or blanc de Saxe
La porcelaine a revêtu pour la Saxe une importance particulière. Cet « or blanc » a été l’un des premiers produits à avoir été commercialisé à l’échelle mondiale. Il est devenu l’un des symboles des échanges entre l’Orient et l’Occident. Et nombreux sont les souverains à avoir succombé à la « maladie de la porcelaine ».

Auguste Le Fort (1670-1733), Prince électeur de Saxe et roi de Pologne, fut l’un d’entre eux. Ce souverain extravagant, étonnant, amateur de faste et grand admirateur du Roi Soleil alla jusqu’à échanger un régiment de ses dragons avec son cousin Frédéric II de Prusse contre 151 magnifiques pièces de porcelaine d’Asie. Il rassembla à Dresde la plus grande collection européenne de porcelaine asiatique. C’est à lui que l’on doit la création de la célèbre manufacture de Meissen, en 1710.

Les objets, les chefs-d’œuvre que rassemblent l’exposition témoignent d’une grande soif de nouveauté et d’une curiosité insatiable. Ce faisant, ils sont aussi le reflet de la vision du monde, moderne et euro-centrée, des contemporains. Elle se déploie sous la plume des artistes qui prenaient part aux voyages de découverte. Ils ont laissé de nombreux esquisses, dessins et comptes rendus. On y lit à la fois l’intérêt pour la découverte scientifique et les prémisses des stéréotypes qui allaient marquer les relations avec les hommes des autres cultures.
A.L.

Miroir du Monde. Chefs-d’œuvre du Cabinet d’art de Dresde
Exposition au Musée du Luxembourg, à Paris, du 14 septembre au 15 janvier 2023
organisée en collaboration avec les Staatliche Kunstsammlungen Dresden

 

 La vie de l’AFDMA

Nouvel adhérent

Bienvenue à Daniel Groscolas, qui a intensivement œuvré au rapprochement franco-allemand surtout  dans sa fonction d’ancien Secrétaire général de l’OFAJ (1983-1988). Ancien Inspecteur général de l’Education nationale, ancien Maire de l’Houmeau (Charentes maritimes), il s’est particulièrement engagé ces dernières années dans des actions humanitaires en faveur d’Haïti.

Réunion du Bureau le 26 septembre 2022 au BILD

Tous nos remerciements au BILD et à son Secrétaire général, Peter Herzberg, pour l’accueil qui a été réservé aux membres de notre Bureau.

Un point sur la situation, le fonctionnement et les activités futures de l’association a pu être réalisé. Les décisions suivantes ont été actées :

Prochaine assemblée générale 

Il est indispensable de relancer le cycle de nos réunions, en particulier avec les Délégués régionaux (D.R). Pour 2023, il est envisagé de regrouper, sur une seule journée, l’AG annuelle et une réunion des D.R.

Le schéma de principe retenu est le suivant : réunion des DR le matin à partir de 10h00, déjeuner en commun, AG à partir de 14H30. Cette journée, fixée en principe au mardi 14 mars 2023, ou, à défaut, à une date proche de cette échéance, se déroulera à Paris, si possible dans les locaux du Bureau d’information du Parlement Européen. Les horaires définis doivent permettre au plus grand nombre des Délégués régionaux d’effectuer l’aller-retour à Paris dans la journée.

Nouveau Trésorier 

Bernard Lallement nous a fait part de problèmes de santé l’empêchant de poursuivre son activité de Trésorier de notre association. Avec tous nos regrets et nos remerciements, nos pensées amicales et nos meilleurs vœux l’accompagnent pour un prompt rétablissement. Notre Secrétaire général, le général Olivier de Becdelièvre, a accepté de lui succéder dans cette charge. Avec tous nos remerciements.

Nouveau Délégué régional pour les Pays de la Loire 

Jean-Paul Couasnon, ancien Président du Comité de Liaison Maine-Basse-Saxe et de la Maison de l’Europe du Mans, dès l’origine au cœur du jumelage entre le Mans et Paderborn, acteur et animateur  infatigable des relations entre nos deux pays au service de l’Europe, nous a également fait part d’ennuis de santé ne lui permettant plus d’assurer sa mission de Délégué régional. A lui aussi, tous nos regrets et nos remerciements, avec nos pensées amicales et nos meilleurs vœux pour un bon rétablissement.

Jean-Paul Couasnon sera remplacé par William Falguière, fondateur de l’association « cœurs sans frontières » (les enfants de la guerre) désormais résidant à Angers. Auparavant, il était Délégué régional pour PACA et la Corse.

La prochaine réunion du Bureau est prévue le 6 décembre à 14h30 au BILD.

 

Prix de l’AFDMA

Le 5 juillet, Cyrille Schott, Délégué régional de l’AFDMA pour l’Alsace, a remis notre Prix à Matthieu Bonnemains, élève du Collège St Etienne à Strasbourg, en présence de son directeur, M.Heitz et de ses professeurs d’allemand.

Remise du Prix de l’AFDMA à Matthieu Bonnemains le 5 juillet 2022 au Collège St Etienne de Strasbourg par Cyrille Schott, Préfet h. de Région et délégué régional de l’AFDMA pour l’Alsace, en présence de M. Heitz, directeur, et de ses professeurs d’allemand.

Matthieu Bonnemains  était en Terminale 1 au Collège Saint Etienne; ses spécialités étaient mathématiques (20/20 au bac) et physique/chimie (19/20 au bac). Extrêmement curieux et très réfléchi, fidèle en amitié, Matthieu Bonnemains est très au fait de l’actualité et très concerné par le développement durable. Très doué dans toutes les matières scientifiques, il s’est également passionné pour les humanités : il a tenu à suivre à titre d’auditeur libre le cours de spécialité « humanités, littérature, philosophie  » en classe de première et l’option grec jusqu’au baccalauréat.

Doué en informatique, il était référent numérique de la classe et, à ce titre, il a pu « dépanner » plus d’un de ses professeurs et de ses camarades.Malgré le contexte de la pandémie, il est parti dans une famille en Allemagne en 2020 et il a suivi les cours au Gymnasium pendant 6 mois. Lors d’un oral blanc cette année, il fit impression par sa prestation sur son professeur d’allemand, Monsieur Torsten Dresing, qui le gratifia d’un 20 sur 20.

Matthieu Bonnemains envisage des études à la Technische Universität à Darmstadt ou, à défaut, de suivre une classe préparatoire au lycée Kléber à Strasbourg.

 

En juin, lors de la « Fête de la Trime » du Prytanée National Militaire de La Flèche, le Prix de l’AFDMA a été remis à Melle Eolyne Moreau. Un Prix a été également remis à une élève de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur à St Denis.

Deux nouveaux Prix seront remis par Cyrille Schott le 19 octobre à Strasbourg.

Pour mémoire, le Prix de l’AFDMA récompense des jeunes particulièrement méritants dans l’apprentissage de l’allemand et engagés dans la relation franco-allemande.

 

 

APPEL / RAPPEL

La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis. Il semble que la pandémie ait entraîné une sorte de léthargie ou d’oubli chez certains de ses membres.

Pour les retardataires, merci de penser à la régler pour 2022 !

Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2022, à adresser par chèque à notre trésorier, Olivier de Becdelièvre,

Secrétaire général de l’AFDMA, 101bis rue Lauriston, 75116 Paris.

Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA :

Compte n° 08231147386 auprès de la Caisse d’Epargne d’Île-de-France

IBAN : FR76 1751 5900 0008 2311 4738 636.

Merci de soutenir notre engagement.

Site internet www.afdma.fr

Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe. Voir le « carroussel d’actualité » et « en direct du franco-allemand ».

N’hésitez pas à m’adresser vos articles ou contributions dans le cadre des objectifs de notre association et traitant de l’Allemagne, des relations franco-allemandes et de leur place en Europe.

Page « facebook » de l’AFDMA

Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».

Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend, conformément à la mission de l’AFDMA, des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe. Elle permet une interactivité.

Venez nombreux la visiter et nous faire part de vos avis sur les sujets abordés.