La Lettre d’information n° 56. Octobre 2023.

LA LETTRE D’INFORMATION
sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne

N° 56. Octobre 2023.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».

Le mot du Président

Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
Morne rentrée ? Après le temps des anniversaires, avec leurs lots de célébrations, d’expressions de satisfaction quant au chemin parcouru et de confiance en l’avenir, la coopération franco-allemande continue et se confronte à de – parfois dures – réalités ou à des divergences d’intérêts manifestes. C’est par exemple le cas en matière de transition énergétique, où la guerre en Ukraine est venue remettre en question des choix déjà difficiles à concilier. Cette coopération s’inscrit aussi souvent dans un cadre européen, où il n’est pas facile de définir et de faire adopter des positions communes avec 27 pays membres, demain peut-être 35, tout particulièrement en matière de « frontières » et de politique migratoire. Sur un plan bilatéral, la confirmation récente de la poursuite du projet de réalisation d’un char de combat commun a cependant rassuré les opinions publiques de nos deux pays.
Même si la visite d’Etat du Président de la République, point d’orgue de cette année 2023, a dû être reportée en raison d’événements intérieurs en France, la relation de confiance et d’amitié se poursuit. Le Ministre des finances français a récemment participé à un Conseil des Ministres à Berlin, les consultations se multiplient.
Cependant, l’annonce de la fermeture prochaine des instituts Goethe de Bordeaux, Lille et Strasbourg, lieux privilégiés de transmission de la culture et de la langue de l’Allemagne, est surprenante. Elle l’est d’autant plus qu’elle s’inscrit dans l’année anniversaire du Traité de l’Elysée. Elle va pour le moins à l’encontre de la volonté exprimée par nos dirigeants d’approfondissement de nos liens et de notre connaissance réciproque. Elle attriste tous ceux qui croient en l’importance de l’amitié franco-allemande pour l’Europe.
La société civile poursuit son chemin, avec prochainement à Versailles le Congrès annuel de la Fédération des Acteurs du Franco-Allemand pour l’Europe (FAFA) avec son partenaire la Vereinigung der Deutsch-Französischen Gesellschaften (VDFG), et la reprise des échanges de jeunes, essentiels pour l’avenir de nos relations.
Les membres de l’AFDMA, une « Académie de militants », comme aimait à le souligner le général Brette, y contribuent aussi et je les en remercie.
Toutes mes félicitations à M. Stephan Steinlein pour sa nomination au poste d’ambassadeur d’Allemagne.
Je vous souhaite une bonne rentrée et un bel automne.
Bien cordialement,
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président

Sommaire :
– Le mot du Président.
– P. 3 : Publications : l’Europe et ses frontières, par Cyrille Schott.
– P. 8 : France-Allemagne, frères-ennemis de la transition énergétique. Par Jennifer Gallé, The Conversation France.
– P. 12 : Entre inertie et ouverture – L’Allemagne réforme son système d’immigration de travail, par Jeanette Süss, CERFA /IFRI.
– P. 13 :Allemagne d’aujourd’hui : le corps au 21ème siècle.
– Les manifestations franco-allemandes :
L’institut franco-allemand de Ludwigsburg a fêté ses 75 ans.
– P. 15 : Le Festival du cinéma allemand à Paris.
Le « Mémobus » mémoire franco-allemande itinérante.
– P. 16 : Le 67ème Congrès de la FAFA / VDFG à Versailles
Les manifestations franco-allemandes à la Maison Heinrich-Heine.
– P. 18 : La vie de l’AFDMA.

Publications

Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».
Rendez-vous sur www.afdma.fr !

L’Europe et les frontières

Par Cyrille Schott

« Limites qui séparent un Etat d’un autre Etat » : c’est la définition lapidaire de la frontière retenue dans la seconde moitié du XIXe siècle par Emile Littré dans son dictionnaire de la langue française. Appliquée à l’Union européenne, qui n’est pas un Etat, cette vision si simple apparaît plutôt obsolète. La construction européenne a été bâtie sur le dépassement en son sein des frontières des Etats et à l’extérieur elle n’a cessé, en Europe sans frontière, de s’élargir pacifiquement. Toutefois, cette construction souffrant la diversité, des Europes avec des frontières différentes coexistent. Par ailleurs, face au phénomène des migrations humaines, l’Europe s’est repliée derrière ses frontières présentes et a exporté sa frontière. Plusieurs réalités se font jour lorsque l’on associe les termes Europe et frontière. Essayons de les saisir.
L’effacement des frontières au sein de l’Union européenne
La construction européenne naît, après l’épouvante de la seconde Guerre mondiale, de cette volonté des pères fondateurs : « Plus jamais cela ! » et avec au cœur la réconciliation franco-allemande. Le 9 mai 1950, Robert Schuman propose la mise en commun par la France et l’Allemagne de la production du charbon et de l’acier, des matériaux de base des armes de guerre. Ainsi, veut-il introduire « le ferment d’une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes ». Il en sortira en 1951 la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier. Suivra en 1957 la Communauté économique européenne, avec la politique agricole commune. Les frontières s’ouvrent autour du charbon et de l’acier, puis des produits agricoles, enfin plus largement pour les échanges de marchandises. Le marché commun se met en place.
L’Europe des six s’élargit, comme nous le verrons, puis se produit un événement majeur à la fin des années 1980 : l’écroulement du rideau de fer, de cette frontière presque infranchissable. La domination soviétique en Europe centrale s’efface, puis l’Union soviétique elle-même disparait en 1991 et la Yougoslavie se disloque dans la guerre. De ces évolutions naissent de nouvelles frontières, celles des Etats issus de la division pacifique de la Tchécoslovaquie, de la fin de l’URSS, de la désagrégation de la Yougoslavie. Cependant, par-delà la création de ces frontières, le mouvement vers la réunification entre les Europes séparées de force et l’ouverture de leurs frontières devient irrésistible. Il va s’étendre aux trois pays baltes échappés de la prison russe, puis à deux premiers Etats, la Slovénie et la Croatie, issus de la Yougoslavie.
A la suite de l’Acte unique européen, le marché unique est lancé le 1er janvier 1993 avec ses quatre libertés, de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Le traité de Maastricht en 1992 crée l’Union européenne et la citoyenneté européenne, celle-ci s’ajoutant à la citoyenneté nationale et permettant de circuler et séjourner librement sur le territoire de l’Union, de voter dans le pays de résidence aux élections du Parlement européen et aux élections municipales, de se présenter à ces dernières. La création de l’euro, dont les pièces et billets entrent en circulation en 2002, donne aux habitants de sa zone une monnaie commune.
Enfin, l’espace Schengen, créé en 1995, permet aux citoyens de circuler librement en son sein sans être soumis à des contrôles aux frontières. Il signifie la suppression des postes frontières.
Ces étapes dans la construction européenne, à l’approfondissement desquelles la Commission travaille, sont allées vers la disparition des frontières intérieures de l’UE. Pour habiter en Alsace dans une commune rhénane, Drusenheim, j’ai pu, en quelques décennies, voir advenir ce phénomène : le Rhin n’est plus une frontière ! Les gens le franchissent allègrement pour se rendre chez le voisin, s’y promener, aller au restaurant, y faire des courses, y travailler, y assister à des rencontres festives ou amicales…Quand j’accueille mes petits-fils, je les emmène sur le bac Drusus faire une traversée du Rhin comme si c’était le fleuve d’un même pays.
Il est vrai que le chemin vers l’abolition des frontières a connu des reflux. Face aux migrations, particulièrement après la grande vague de 2015, maints Etats, dont la France, ont rétabli des contrôles ciblés pour lutter contre leur pression. La pandémie de la covid a même entrainé, en son début, des fermetures de frontières, ainsi par l’Allemagne.
La crainte de la libre circulation de migrants illégaux, voire de criminels ou de terroristes, a été exploitée par les partis populistes et au-delà. Présentant l’ouverture des frontières comme une menace pour la sécurité du pays, ces partis hostiles à l’Europe ont plaidé pour leur retour. Dans des pays d’Europe centrale, les souverainistes sont au pouvoir. Ils se sont gardés de revenir sur l’ouverture de leurs frontières vers l’Ouest de l’Europe, malgré l’hémorragie démographique consécutive, mais ils ont adopté face aux migrations issues d’autres continents une rhétorique contraire à l’unité européenne, voire ont érigé des clôtures avec leurs voisins membres de l’Union. Ainsi, la Hongrie en a construit à sa frontière avec la Croatie. Le discours souverainiste a également trouvé un écho à l’Ouest. L’Autriche a installé des barrières à des points de passage avec la Slovénie et l’Italie.
Dans ma commune rhénane, près de la moitié des électeurs se prononce pour une formation politique partisane du rétablissement des frontières nationales. Cependant, quand, lors de la pandémie, la frontière à nouveau a été fermée par l’Allemagne, en raison de sa peur devant la propagation de la covid, cette situation a été ressentie avec douleur…et, pour finir, les gens se sont rassemblés, des deux côtés, sur les rives du Rhin et, porte-voix et banderoles à l’appui, ont manifesté, en clamant la fraternité européenne, pour réclamer la libération de la frontière haïe. Ce phénomène s’est produit à d’autres limites de l’Allemagne, comme celles avec l’Autriche ou le Luxembourg. Et aujourd’hui, la frontière à nouveau a disparu.
L’effacement de la frontière a, quoiqu’il en soit, progressé inexorablement au sein de l’UE. Il est, en effet, congénital à l’avancée de la construction européenne.

La coexistence d’Europes aux « frontières » différentes
Parallèlement à cette dynamique, s’en déploie une autre, celle de l’Europe à plusieurs vitesses. Une partie des Etats de l’Union peut, dans une démarche pionnière, décider de renforcer la coopération dans un domaine donné. Le traité d’Amsterdam introduit en 1997 le concept de coopération renforcée. Le traité de Lisbonne crée en 2007 la coopération structurée permanente (CSP) dans le champ de la défense ; cette CSP voit le jour en 2017 et regroupe aujourd’hui la quasi-totalité des Etats membres, à l’exception d’un seul. L’objectif est que tous les pays de l’UE rejoignent progressivement les démarches pionnières.
Deux d’entre elles se sont avérées significatives pour la vie des citoyens.
La monnaie européenne, l’euro, est mise en circulation en 2002 dans douze Etats membres. Aujourd’hui, ils sont vingt à l’utiliser. La zone euro s’appuie sur une institution de nature fédérale, la Banque centrale européenne (BCE), qui gère cette monnaie commune devenue la deuxième devise mondiale après le dollar. Une instance politique, l’Eurogroupe, réunit les ministres des finances de la zone. Les décisions prises par la BCE, par exemple dans la récente crise de la pandémie, entraînent des conséquences dans la vie quotidienne. Le renforcement budgétaire de l’eurozone, souhaité spécialement par la France, est de nature à accroitre la distance avec les pays non adhérents. D’ores et déjà, le fait pour un Européen de devoir changer de monnaie lorsqu’il se rend dans un pays ne disposant pas de l’euro éveille le sentiment d’un passage de frontière. Deux nations de l’Union, la Bulgarie et la Roumanie, espèrent rejoindre la zone euro dans les années à venir. Cinq, la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie, la Suède et le Danemark , ne manifestent pas, à ce jour, cette intention.
L’espace Schengen de libre circulation sans contrôle aux frontières rassemble en 1995, à son lancement, cinq Etats membres. Aujourd’hui, il réunit vingt-trois pays de l’Union et quatre non membres, l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. La Bulgarie, la Roumanie, Chypre et l’Irlande, membres de l’UE, n’en font pas partie. Si les deux premières, qui sont candidates, devraient pouvoir adhérer dans les années à venir, la perspective reste compliquée pour Chypre divisée, avec sa partie Nord en sécession. Quant à la République d’Irlande, elle est attachée à la libre circulation avec l’Irlande du Nord et donc le Royaume Uni.
La zone euro et l’espace Schengen ne se recoupent ni entre eux ni avec l’étendue de l’UE. L’objectif de l’Union est de faire coïncider les « frontières », mais cette œuvre est loin d’être achevée. Tant qu’elle ne l’est pas, des Europes avec des frontières différentes vont coexister.

Une Europe repliée derrière ses frontières et exportant la frontière
Sur son étendue, l’UE veut abolir la frontière ; il en va autrement dans le contact avec l’étranger.
Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, est le premier organe européen doté, en 2021, d’un uniforme. Son contingent regroupe plus de 2100 agents destinés à devenir 10 000. C’est une police des frontières proprement européenne, qui vient en appui aux services nationaux. Malgré les critiques d’organisations non gouvernementales et de partis attentifs aux droits des réfugiés, son action ne cesse de se développer conformément à la volonté des Européens de protéger leurs frontières extérieures face aux migrations.
Tandis que, malgré les récents progrès enregistrés par le conseil des ministres de l’Intérieur de l’UE, les Etats membres peinent à s’entendre autour du pacte sur la migration et l’asile, présenté par la Commission en 2020, les clôtures se dressent sur les frontières extérieures de l’Union. Leur initiative ne vient pas de Bruxelles, mais des Etats exposés à la pression migratoire. Les murs autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc sont anciens. La vague migratoire de 2015, à la suite de la crise syrienne, a suscité des élévations de barrières par la Hongrie et la Grèce. Puis les attaques hybrides depuis la Biélorussie en 2021 ont provoqué de nouvelles constructions, spécialement par la Pologne. Enfin, la guerre d’agression russe en Ukraine a conduit à un nouveau rideau de fer avec la Russie, comme l’a souligné récemment le journal allemand Die Zeit .
En février 2023, il a été estimé que des murs et des clôtures ont été déployés par 12 pays de l’UE et de l’espace Schengen, sur 19 sections représentant plus de 2000 km de frontières extérieures . Et les projets se poursuivent, ainsi en Finlande, qui prévoit d’élever plus de 200 km de grillages sur la frontière avec la Russie.

Les critiques évoquent une Europe forteresse, qui se barricade.
Un cas particulier mérite d’être soulevé. Le Royaume Uni, depuis le Brexit, est plus que jamais séparé par une frontière de l’Union européenne. Cependant, cette frontière, dont le retour et le renforcement ont été désirés par une majorité de Britanniques, n’a jamais été aussi percée qu’aujourd’hui, où les traversées illégales de la Manche se multiplient. Le Royaume Uni a réussi à exporter sa frontière en France. Le paradoxe vient de ce que la France, qui en principe doit contrôler la frontière Schengen, donc les arrivées depuis l’Angleterre, concentre tous ses efforts pour empêcher les migrants illégaux … de quitter l’espace Schengen.
Pour en revenir à l’UE, celle-ci exporte également sa frontière. Elle le fait par les accords conclus avec des pays tiers, qui contre « rémunération », arrêtent les migrants sur leur sol, voire les reprennent. De tels accords sont intervenus avec la Turquie, une partie de la Libye, le Maroc et sont en négociation avec la Tunisie. L’UE s’appuie aussi sur Frontex, qui agit en dehors de ses frontières, en menant des opérations en Moldavie, en Serbie, au Monténégro et en Albanie.

L’élargissement d’une Europe sans frontière
Les frontières actuelles si protégées ne sont cependant pas pérennes.
L’Europe est partie à six, autour de la réconciliation franco-allemande, et s’est construite, ouverte sur l’Atlantique, face à un mur, celui du rideau de fer. Elle a couvert initialement une aire continentale, celle peu ou prou de l’empire carolingien.
Ensuite, en raison de son rayonnement et de l’évolution du contexte géopolitique, elle a repoussé ses frontières par sept élargissements : d’abord, dans la première moitié des années mille neuf cent soixante-dix, vers l’Ouest des îles britanniques et le Danemark, le général de Gaulle n’étant plus là pour s’opposer à la venue du Royaume Uni, puis dans les années quatre-vingt vers le Sud libéré des dictatures militaires, en Grèce, en Espagne et au Portugal, ensuite au mitan des années quatre-vingts dix, vers le Nord et l’Autriche, enfin, au XXIe siècle, après la chute du rideau de fer et l’extinction de l’Union soviétique, vers onze Etats de ce que l’on appelait l’Est et vers deux îles méditerranéennes. La marche de l’Europe est allée dans toutes les directions, avec dans la période récente une poussée significative vers l’Est, voulue par les peuples mêmes de celui-ci. De six, les pays de l’aventure européenne sont devenus vingt-sept, pour regrouper près de 450 millions d’habitants.
Des analystes ont jugé que l’UE devait fixer ses frontières et que l’indétermination de celles-ci interdirait sa consolidation. Cependant, la construction européenne, ce projet inédit dans l’histoire du monde, est une dynamique de paix, de prospérité et de liberté, marquée tant par l’idéal que par le pragmatisme, qui n’est pas achevée et est sans frontière. Ses limites peuvent se réduire, si un pays veut quitter l’Union, ce dont il a la possibilité, ainsi que l’a montré le Brexit. Surtout, ce projet, s’il a été abandonné par le Royaume Uni, ne cesse d’attirer de nouvelles nations. Dans les Balkans occidentaux, six Etats veulent entrer dans l’Union et patientent, ou plutôt s’impatientent, depuis tant d’années. Après l’agression russe, l’Ukraine a posé sa candidature et s’est vue reconnaitre, avec la Moldavie, le statut de candidat.
Des logiques contradictoires s’affrontent pour les Balkans : le risque d’une Europe ingouvernable au-delà du nombre déjà considérable de membres actuels, sans une réforme institutionnelle de la gouvernance ; la visée géopolitique d’amarrer les pays des Balkans occidentaux à l’Europe pour ne pas y laisser croître l’influence russe, voire chinoise ou turque. S’agissant de l’Ukraine ou de la Moldavie, se heurtent ces idées : les accueillir pleinement dans la famille européenne, pour laquelle, d’une certaine façon, le combat par les armes est engagé ; ne pas les recevoir tant qu’elles demeurent éloignées des critères d’adhésion et que leur entrée pourrait déstabiliser l’équilibre de l’Union et empêcher son approfondissement.
Quoiqu’il en soit, la perspective d’une Union à 35, la question turque étant mise à part, est entrée dans les esprits et l’un des défis majeurs de l’Europe sera de concrétiser celle-ci, en demeurant capable de progresser, conformément aux termes du traité fondateur , vers « une union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe. »
En effet, comme l’écrit un observateur averti, « l’élargissement n’est pas un détournement du projet européen, mais son accomplissement. » L’Europe est un projet toujours en construction, aux frontières potentiellement mouvantes.
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Le rapport de l’Europe avec la frontière est différencié : elle veut l’éliminer à l’intérieur, tout en admettant la coexistence, espérée provisoire, de sortes de frontières nées des coopérations pionnières ; elle la renforce face au monde extérieur, tout en sachant qu’elle n’est pas définitive.
Le chemin vers l’unité de l’Europe implique la disparition des frontières intérieures. Malgré des reculs, des débats et les imperfections liées aux géométries variables des coopérations, ce chemin a de fait été suivi et la frontière n’existe plus pour une grande majorité de citoyens européens. La construction européenne étant, par ailleurs, inachevée, ses frontières extérieures ne sont pas fixées et restent mouvantes. Celles existantes sont tant soumises à la pression migratoire de personnes attirées depuis d’autre continents par l’espace européen, qu’elles sont de plus en plus fermées, au péril de rétablir ces murs que l’Europe démocratique a su ébranler.

8 juillet 2023
Cyrille Schott, préfet (h.) de région, ancien directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), membre du bureau d’EuroDéfense France, coauteur du livre Souveraineté et solidarité, un défi européen.
Cyrille Schott est Délégué régional de l’AFDMA en Alsace.

 

France – Allemagne, frères ennemis de la transition énergétique

Si le couple franco-allemand est fréquemment décrit comme le « moteur de l’Europe », il y a un domaine dans lequel il peut être qualifié de dysfonctionnel : celui de l’énergie.
Une situation d’autant plus inquiétante que chacun des modèles énergétiques portés par l’un et l’autre pays sont aujourd’hui en difficulté ; un différend persistant qui déstabilise de manière récurrente l’ensemble de l’édifice, le « paquet climat » de l’Union européenne.
À partir d’une note approfondie publiée en juin 2023 dans Confrontations Europe – et qui s’appuie notamment sur les analyses en politique comparative de Stefan Aykut et Aurélien Evrard –, nous proposons ici de retracer une brève « histoire longue » des trajectoires énergétiques de la France et de l’Allemagne.
Il s’agit de mettre en lumière les fractures principales et d’identifier ce que pourraient être des principes d’action commune.

Des années 1950 aux crises du charbon et du pétrole
En Allemagne, après la Seconde Guerre mondiale, alors que le pays est exclu du nucléaire militaire, le charbon et le lignite vont, du fait de ressources très importantes, jouer un rôle essentiel dans la reconstruction.
Le secteur énergétique est originellement au cœur du corporatisme à l’allemande, s’appuyant sur le rôle des syndicats et des Stadtwerke, régies locales pour la gestion des services industriels et de l’énergie. Les crises du charbon des années 1950 et 1960, puis la crise du pétrole des années 1970, vont marquer une plus forte intervention de l’État fédéral, avec un plan de soutien au charbon national et le lancement d’un programme nucléaire.
À la fin des années 1970, la part du charbon dans l’énergie primaire est stabilisée à 30 % et celle du nucléaire à 40 % pour l’électricité. Mais les transformations engagées le sont dans une géopolitique régionale de l’énergie avec, au Nord-Ouest, des régions historiquement charbonnières et bastions du SPD (Parti social-démocrate) et, au Sud-Est, des Länder conservateurs (CDU et CSU) soutenant le développement du nucléaire sur leur territoire. Cette dichotomie dans la « communauté de politique publique » sera mise à profit par le mouvement antinucléaire.
En France, à l’inverse, la première caractéristique du système énergétique est sans doute sa centralisation extrême, consacrée par la loi de nationalisation de 1946, qui ne laisse qu’exceptionnellement une place aux régies et entreprises locales.
Dans cette perspective, les intérêts d’EDF et ceux de l’État, représenté notamment par la puissante Direction générale de l’énergie et des matières premières (DGEMP), sont considérés par la technocratie d’État comme ne faisant qu’un. C’est au sein de cette communauté de vues qu’est élaboré le programme nucléaire français.
Comme en Allemagne, le choc pétrolier de 1973 déclenchera des politiques publiques volontaristes pour l’indépendance énergétique. La mise en application de la vision « tout électrique, tout nucléaire » se traduira par un programme très ambitieux, le plan Messmer, calibré en fonction de prévisions de demande généreuses et des capacités de l’industrie à produire des centrales nucléaires en série. Cela au service de l’indépendance énergétique et de la « grandeur de la France ».

Après les chocs pétroliers et avec la crise climatique, deux récits de la transition
En Allemagne, le récit de la transition, Energiewende, se forge dans les années 1980, à partir des analyses d’intellectuels publics sur la crise écologique (Robert Jungk, Carl Friedrich von Weizsäcker), de la contestation anti-nucléaire, portée par le parti écologiste Die Grünen, et de travaux d’experts de l’énergie, comme ceux de l’Öko-Institut.
Mais, progressivement, la remise en cause initiale du modèle de croissance laisse place à une vision plus consensuelle, défendant l’idée de « croissance et prospérité sans pétrole ni uranium ». Cette perspective diffuse progressivement au sein du SPD dans des alliances « rouge vert » au niveau local, puis fédéral dans les coalitions de 1998 et 2002.
Alors que les partis conservateurs sont sur la réserve, la coalition qui porte Angela Merkel au pouvoir en 2005 plaide pour un maintien du nucléaire comme « énergie de transition ». L’accident de Fukushima fera basculer la perspective et entraînera la décision pour une sortie en 2022.
En France, la « communauté de politique publique » soutenant le nucléaire reste solide et stable. Ni la catastrophe de Tchernobyl en 1986 ni le retour au pouvoir de la « gauche plurielle » en 1997 ne changeront la donne. En revanche, après la signature la même année du Protocole de Kyoto, on assiste à un regain d’intérêt pour les questions énergétiques : l’association néga Watt publie régulièrement depuis 2006 des scénarios de sobriété et forte proportion d’énergies renouvelables.
Après l’élection de François Hollande, le Débat national sur la transition énergétique constitue, en 2013, un temps fort de la construction des récits et conduit à identifier quatre trajectoires de transition, selon le niveau de réduction de la demande et la contribution respective du nucléaire et des énergies renouvelables.
Ces quatre trajectoires – allant de la très grande sobriété avec sortie du nucléaire, au maintien du modèle actuel fortement nucléarisé –, reflètent fidèlement les positionnements des grands courants politiques en France.
Depuis lors, dans la paralysie tenant aux enjeux électoraux, les documents de référence de la politique énergétique française (PPE, SNBC) ont laissé dans un brouillard épais la question de la part du nucléaire à long terme. Cela jusqu’aux dernières décisions de redéveloppement de nouveaux réacteurs prises par Emmanuel Macron, juste avant les présidentielles de 2022.
Cinquante ans après le premier choc pétrolier et trente ans après la signature de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique, les résultats en termes de mix énergétique sont extrêmement contrastés. Force est de constater que la France a aujourd’hui un bouquet énergétique deux fois plus décarboné que celui de l’Allemagne (52 % contre 26 %), même si la part des énergies renouvelables y est légèrement plus faible (18 % contre 22 %). Mais les deux modèles sont en crise.

Aujourd’hui, deux modèles en crise
Dans les bouleversements consécutifs à la guerre en Ukraine, la crise du modèle énergétique français, fondé sur une forte contribution du nucléaire, est manifeste et a abouti à une réduction de 30 % de la production nucléaire en 2022 par rapport à la moyenne de ces vingt dernières années, dans une période par ailleurs critique pour le système électrique européen.
Le rétablissement de niveaux de production stables à long terme dans le contexte du « grand carénage » des centrales existantes, comme le financement du redémarrage de la filière pour la construction de six unités supplémentaires au moins, sont possibles, mais ne sont pas garantis. À ces incertitudes s’ajoutent évidemment celles tenant à l’incontournable accélération du déploiement des renouvelables, dans toutes les hypothèses des scénarios RTE. Quant à l’Allemagne, l’Energiewende doit faire face aujourd’hui à de nouveaux défis, dans un contexte périlleux et incertain. Le schéma premier de l’Energiewende était bien celui d’une « fusée à 3 étages », comprenant le développement des renouvelables, la sortie du nucléaire puis celle du charbon.
On peut considérer qu’au début des années 2020, les deux premières phases ont été menées ; la sortie du charbon était, elle, encore loin d’être achevée en 2022, avec encore 31 % de la production d’électricité venant du charbon et une augmentation de cette production de 11% par rapport à l’année 2021.
Dans une tradition politique, fortement ancrée en Allemagne, de construction des interdépendances économiques avec la Russie (Wandel durch Handel), le changement par le commerce), c’était bien le gaz, russe, qui devait assurer une passerelle entre le charbon et l’hydrogène vert à venir. D’où l’importance des infrastructures gazières de type Nordstream. Cette stratégie est aujourd’hui mise à bas par l’invasion de l’Ukraine.
Mais ce qui est également problématique pour l’Allemagne, c’est que la révision de l’Energiewende impose une nouvelle accélération dans l’installation des renouvelables, à des rythmes encore jamais atteints par le passé. Cela, alors même que la faisabilité d’un système électrique reposant essentiellement sur des énergies renouvelables variables (solaire, éolien) n’est pas encore démontrée.

Un impératif pour l’Europe : réconcilier les politiques énergétiques, en respectant les choix nationaux
Alors même que les pays de l’UE sont capables d’initier des actions communes fortes, avec notamment le Green Deal ou encore le plan Repower EU, une fracture s’opère aujourd’hui entre des États aux modèles énergétiques et aux stratégies de décarbonation très différents, voire antagonistes.
De fait, la montée de ces conflits est essentiellement structurée autour de la divergence entre la France – qui mène « l’alliance du nucléaire » avec les Pays-Bas, la Finlande, la Pologne, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie — et l’Allemagne, membre clé du groupe des « amis du renouvelable », emmené par l’Autriche et suivi par l’Espagne, le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg, le Portugal, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie.
Ces deux coalitions se déchirent sur presque tous les grands chantiers de la transition énergétique, dont la taxonomie européenne, la réforme du marché de l’électricité, la définition de l’hydrogène vert…
Ces trois chantiers révèlent la profondeur des conflits qui trouvent leur origine dans la polémique autour du classement du nucléaire comme énergie verte, et qui ont abouti, après de longs mois de tensions, à des compromis entre les deux camps (le nucléaire sera par exemple inclus dans la taxonomie, à la condition que le gaz naturel soit également considéré comme une énergie de transition).
Il ne s’agit donc pas de débats techniques, mais d’oppositions de fond dont le déploiement reflète bien les rapports de force entre des pays défendant leurs intérêts nationaux et leur vision de la transition.
Les États membres semblent incapables de construire les compromis structurels qui permettraient de sortir de la paralysie actuelle sur plusieurs politiques communes de transition.
S’il est exclu de dégager un modèle unique de transition bas carbone « à l’européenne », on peut toutefois tenter d’identifier les conditions de principe pour que, dans le respect des stratégies nationales, le système énergétique européen évolue rapidement, et de manière coordonnée, vers une neutralité carbone collective à l’horizon 2050.

Dans cette perspective, trois principes devraient être structurants.
Tout d’abord, que le primat soit donné à la lutte contre le changement climatique, et donc à la décarbonation des systèmes énergétiques ; que soit reconnue ensuite et acceptée la diversité des options décarbonées susceptibles d’être mises en œuvre en Europe ; enfin, que les actions ou dispositifs portés par les États membres dans l’élaboration des actions communes ne conduisent pas à empêcher celles entreprises par d’autres États membres dans leur trajectoire de décarbonation.
Primat du climat, subsidiarité des politiques et principe de non-nuisance. La formulation est à ce stade trop générale, mais on peut souhaiter qu’un effort à la fois de compréhension réciproque des représentants des États membres et de définition juridico-administrative au niveau de la Commission puisse permettre des progrès rapides dans la mise en cohérence de la politique européenne de transition énergie-climat.

Jennifer Gallé, article paru dans The conversation France. Août 2023

Entre inertie et ouverture. L’Allemagne réforme son système d’immigration de travail

Notes du Cerfa, n° 174, Ifri, juillet 2023

Par Jeanette SÜẞ

Avec sa nouvelle loi sur l’immigration qualifiée (Fachkräfteeinwanderungsgesetz) du 23 juin 2023, l’Allemagne entend devenir le pays doté du « droit de l’immigration le plus moderne en Europe ». Un nouveau système à points ainsi que de nouveaux dispositifs pour les travailleurs expérimentés ayant un diplôme étranger montrent la volonté du gouvernement allemand d’ouvrir davantage son marché de travail aux immigrés.

Pour ce faire, un minimum de 400.000 travailleurs par an sera nécessaire selon les estimations de l’Institut de recherche sur le marché de l’emploi et la formation professionnelle (IAB) si l’Allemagne ne veut pas perdre en compétitivité.

Changer de dispositifs juridiques est toutefois jugé insuffisant. Une meilleure concertation entre les différentes administrations concernées et un processus moins bureaucratique sont déterminant pour la réussite de la nouvelle loi. Pour éviter des répercussions négatives sur les pays d’origine et mieux maîtriser les flux, la collaboration avec les pays tiers permet d’offrir des voies d’immigration légale dans le cadre d’accords sur mesure.

Jeanette SÜẞ est chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (Ifri), où elle travaille en particulier sur l’Union européenne et les relations franco-allemandes.

Vous pouvez trouver toutes les publications sur le site du Cerfa / IFRI.

Allemagne d’aujourd’hui

Le dernier n° de la revue est consacré à la mutation des pratiques corporelles dans
les pays germanophones au XXIe siècle.
Un dossier dirigé par Cécile Chamayou-Kuhn et Olivier Hanse, publié avec le soutien du Pôle LLECT et du CEGIL de l’Université de Lorraine.

Le corps au XXI e siècle : survivance, autocontrôle et métamorphoses.
Autodiscipline, culte de la performance et corps quantifiés.
Idéologie de la santé et avatars de la Lebensreform.
Arts de la scène comme expression de nouveaux rapports au corps.

David Berger, l’infréquentable, par Benoit Pivert
Chroniques de Brigitte Lestrade et Jean-Pierre Bernardy

Les manifestations franco- allemandes

L’Institut franco-allemand de Ludwigsburg a fêté ses 75 ans

Né le 2 juillet 1948 à l’initiative de pionniers du rapprochement franco-allemand, l’Institut franco-allemand (DFI) de Ludwigsburg œuvre à la compréhension réciproque. Il a fêté ses 75 ans. Centre de recherche, de documentation et de dialogue, le DFI incarne par son histoire l’esprit pionnier du rapprochement franco-allemand et le rôle de la jeunesse dans l’entente entre les deux pays.

À la racine du rapprochement franco-allemand
Située à une quinzaine de kilomètres au nord de Stuttgart (Bade-Wurtemberg), Ludwigsburg a, en effet, accueilli les premières semences d’une volonté de rapprochement entre Français et Allemands au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De « réconciliation », il n’était pas encore question. L’Allemagne détruite et sous statut d’occupation, la France libérée mais traumatisée pansaient leurs plaies. La France menait une politique d’occupation restrictive surtout destinée à contenir le « danger » allemand. La République fédérale n’était pas encore née. Mais un petit groupe de pionniers pensait déjà que le cercle vicieux de la haine et de la guerre ne pouvait pas être le dernier acte de l’histoire.
Il s’agissait de démocrates allemands tels que le juriste Carlo Schmid, le futur président fédéral Theodor Heuss et le romaniste et historien Fritz Schenk, ainsi que d’intellectuels Français tels que Joseph Rovan et Alfred Grosser. Le 2 juillet 1948, ils fondèrent le DFI, sous l’impulsion de Fritz Schenk, qui en devint le directeur jusqu’en 1972. L’objectif était de créer un forum dans lequel Allemands et Français pourrait à nouveau nouer le dialogue. « Nous avons l’intention de promouvoir la rencontre franco-allemande et l’échange d’individus et de groupes, et de contribuer ainsi à la compréhension et à la formation d’un esprit international tolérant », soulignait Fritz Schenk.
L’Institut se consacra à ses débuts à faciliter les rencontres et à promouvoir la compréhension mutuelle entre les habitants des deux pays. La graine d’un rapprochement s’enracina. Et elle porta bientôt ses premiers fruits : en 1950, la ville de Ludwigsburg scellait avec Montbéliard le tout premier jumelage franco-allemand. « Qui ose encore nier la nécessité d’un rapprochement ? Se regarder toujours […] le doigt sur la détente du fusil, prêts à mettre le feu au monde, n’est pas une existence raisonnable pour deux peuples », commentera le maire de Montbéliard, Lucien Tharadin.
Le général de Gaulle et la jeunesse allemande
Le DFI a vu son rayonnement croître d’année en année. En 1955, Robert Schuman, l’un des pères de l’Europe, est venu prononcer au château de Ludwigsburg une conférence qui portait sur une nouvelle phase de l’idée européenne.
Et surtout, c’est à Ludwigsburg que le général de Gaulle a prononcé le 9 septembre 1962 son célèbre discours à la jeunesse allemande. Ses mots, « Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple », résonnent dans toutes les mémoires. On parle même d’une « génération Ludwigsburg » pour évoquer ceux que ce discours a animés à s’engager. Six mois après ce discours, le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer signaient le traité de l’Élysée. Ils scellaient entre les deux peuples la réconciliation et ouvraient une ère de coopération entre la France et l’Allemagne.
Le DFI a évolué au fil des décennies. Son deuxième directeur, le sociologue Robert Picht (1972-2002), en a fait un centre de recherche scientifique sur la politique de la France et sur les relations franco-allemandes. En 1984, il a créé un groupe de travail sur la recherche en sciences sociales sur la France, tout en poursuivant son travail de diffusion d’informations auprès du public. Il a également lancé les conférences annuelles du DFI, dont les contributions paraissent dans le « Frankreich-Jahrbuch ». Parallèlement, l’Institut a développé sa fonction de documentation en créant notamment la bibliothèque scientifique (Frankreich-Bibliothek).

Une conférence franco-allemande sur l’avenir
Aujourd’hui présidé par Frank Baasner, le DFI se définit comme un centre de recherche, de documentation et de conseil indépendant « qui accompagne le dialogue entre les acteurs des deux pays, et contribue à façonner la coopération franco-allemande dans les domaines politique, économique et social ».
Son regard est résolument tourné vers l’avenir. Pour son 75e anniversaire, l’Institut organise une « Conférence franco-allemande sur l’avenir » en plusieurs parties. Il a aussi fait réaliser pour l’occasion un sondage d’opinion sur les relations entre les sociétés française et allemande. L’enquête sera publiée le 1er juillet. Elle permettra de comprendre les points de vue des deux sociétés sur la situation actuelle et sur l’Europe, ainsi que de mieux cerner leurs attentes, leurs espoirs et leurs préoccupations face aux profonds changements du 21e siècle.

 

Festival du cinéma allemand à Paris

Le 28e Festival du cinéma Allemand se déroulera du 11 au 15 octobre 2023  au cinéma l’Arlequin / 75006 Paris .

MEMOBUS
Mémoire franco-allemande itinérante

Le MEMOBUS est un projet de coopération franco-allemande pour l’Europe.
Ce projet a besoin de votre soutien. Pour cette raison nous nous permettons de vous faire parvenir un lien ULULE (financement participatif) et demandons votre appui pour ce projet, dont vous trouvez quelques informations ci-après.
https://fr.ulule.com/memobus-europe/

En cette année des 60 ans du traité de l’Elysée, l’atelier Mémoire issu du congrès commun FAFA pour l’Europe – VDFG für Europa e.V. d’octobre 2021 à Saint-Brieuc a voulu mettre en place un projet qui marque les esprits et qui aide à ne pas oublier les fondamentaux de la paix en Europe.

C’est ainsi que l’idée du MEMOBUS est née.

• MEMOBUS est un véhicule circulant pendant deux mois sur les routes de France et d’Allemagne afin d’informer à chaque étape sur les possibilités de rencontres, d’échanges, de coopération, d’information.
• Mémoire commune franco-allemande, ce véhicule contient des extraits de nos expositions brochures, dépliants, livres, affiches … les adhérents accueillant le MEMOBUS présentent, animent et informent !
Sur un trajet de 6 000 km – départ fin août 2023 de Berlin, arrivée à Versailles à l’occasion du congrès commun FAFA pour l’Europe – VDFG für Europa e.V, qui aura lieu du 20 au 22 octobre 2023 – le MEMOBUS apportera une contribution à la solidarité et la compréhension franco-allemande pour l’Europe.

 

67e congrès franco-allemand de la FAFA et de la VDFG
du 20 au 22 octobre 2023 à Versailles

Chaque année, la Fédération des Acteurs Franco-Allemands (FAFA) pour l’Europe et la Vereinigung Deutsch-Französischer Gesellschaften (VDFG) für Europa e.V. organisent, en alternance en France et en Allemagne, une grande rencontre franco-allemande autour d’un thème d’actualité.
Pour cela, elles s’appuient sur différents acteurs (monde académique, économique, politique, société civile…) pour les accompagner dans l’organisation de tels événements emblématiques.
« Les mobilités, des leviers de relance du franco-allemand pour l’europe »

Dans un monde ouvert et alors que 2023 est l’année européenne des compétences, on parle des :

– mobilités humaines (formation tout au long du parcours éducatif et de la vie professionnelle)
– mobilités des transports (multi- et intermodalités des transports favorisant les mobilités humaines)
– mobilités durables et virtuelles

et si elles sont au rendez-vous pour répondre aux besoins des citoyens et aux attentes de la société.

Une interculturalité nécessaire est-elle accessible ?
Comment lever les freins et les obstacles ?
Comment agir pour faciliter les échanges franco-allemands au service de l’Europe?

Pour partager, débattre et s’enrichir des réflexions et expériences :
Une rencontre organisée autour d’acteurs allemands et français
du monde économique : Chambre de commerce et d’industrie franco-allemande, Club d’Affaires Franco-Allemand de Hambourg (M. Claus-Michael Allmendinger), Club d’Affaires Franco-Allemand de Rennes (M. Philippe Menke) , Deutsche Bahn, SNCF, Transdev, Akteos, Dassault Systèmes, Simone et les Robots, …..
du monde politique : SEM l’ambassadeur d’Allemagne en France – Mme Laurence Boone, Secrétaire d’Etat en charge de l’Europe – Mme Brigitte Klinkert, Co-Présidente de l’Assemblée parlementaire franco-allemande, Députée du Haut Rhin – Dr. Christophe Arend, Directeur de Cabinet de la ministre plénipotentiaire en charge des relations France-Allemagne – M. Paul Maurice, chef de mission franco-allemande, Ministère des affaires étrangères – M. Frédéric Petit, Député des Français établis hors de France, membre de l’Assemblée parlementaire franco-allemande.
du monde académique : Prof Dr Eva Martha Eckkrammer, Vice-Présidente de l’Université franco-allemande – M. Stefan Steifen, Responsable international au CESI – Prof. Axel Bozier, ESTACA – MmeThérèse Clerc, ADEAF – M. Gregoire Fisher, VDF, ….
d’organisations internationales : M. Jean Arthuis, Président d’Euro App Mobility – Mme Sandra Schmidt, Cheffe de bureau Formation professionnelle, OFAJ – Dr. Claire Demesmay, Cheffe de bureau Formation interculturelle – M. Jonathan Spindler, Génération Europe, OFAJ – M. Marc Meyer, délégué français Pro-Tandem – M. Benjamin Kurc, Responsable du Fonds citoyen franco-allemand – Mme Cathrin Gräber, Secrétaire générale allemande, Comité de coopération transfrontalière, …
du monde associatif : FAFA pour l’Europe (M. Jean-Michel Prats, Mme Julie Benkétira, M. Raymond Becouse, Mme Françoise Arnold, Mme Antje Aubert), VDFG für Europa (M. Jochen Hacke, Mme Nicole Greppel,
Mme Tanja Herrmann, M. Detlef Puhl), CFAJ/DFJA (M. Felix Hake, Mme Lisa Hake), Mouvement Européen France (M. Hervé Moritz)
des collectivités territoriales : M. Pierre Bédier, Président du Conseil départemental des Yvelines, M. Richard Delepierre, Vice-Président Département des Yvelines, en charge de la mobilité, M. de Mazières, Président de l’agglomération de communes Versailles Grand Parc, Maire de Versailles, M. Mike Schubert, Maire de Potsdam, M. Hervé Guihard, Maire de St Brieuc, M. le Maire d’Alsdorf, Mme Anne Pirwitz, Bureau de coordination Allemagne de l’Est – France, Région IDF, …
des media : M. Sylvain Etaix, Acteurs du franco-allemand – Mme Michaela Wiegel, Frankfurter Allgemeine Zeitung
et également des congressistes français et allemand , des étudiants, des personnes intéressées par le franco-allemand au service de l’Europe

Pour s’inscrire, rendez-vous sur www.congres-fafa-vdfg-eu

Les manifestations culturelles de la Maison Heinrich Heine

Elles ont repris début septembre.
Calendrier à voir sur le site www.maison-heinrich-heine.org.
Nos félicitations et nos meilleurs vœux de réussite à sa nouvelle directrice, Mme Franziska Humphreys.

 

La vie de l’AFDMA

Décoration :

Mme Hélène Miard-Delacroix, Professeur d’université (Paris-Sorbonne) et déléguée régionale de l’AFDMA pour Paris et l’Île-de- France, a été nominée dans l’Ordre de la Légion d’Honneur (Promotion du 14 juillet 2023).
Toutes nos félicitations.

Un nouveau membre :

Bienvenue à M. Céleste Lett, ancien député-maire de Sarreguemines.

Prix de l’AFDMA

De gauche à droite : Laura Scholz, professeure d’allemand ; Stéphanie Coué, professeure d’allemand et d’histoire/géographie section abibac ; Petar Dimovski avec le diplôme de l’AFDMA ; Cyrille Schott, préfet (h.) de région, délégué pour l’Alsace de l’AFDMA ; Guy Heitz, directeur du collège Saint-Etienne ; Pierre Huss, directeur adjoint.

Le mardi 4 juillet 2023, au Collège Saint-Etienne à Strasbourg, le préfet honoraire de région Cyrille Schott, délégué pour l’Alsace de l’Association française des décorés du mérite allemand (AFDMA), a remis le prix de l’AFDMA à Petar Dimovski, en présence de M. Guy Heitz, directeur du collège, de Mme Stéphanie Coué, professeur d’allemand et d’histoire/géographie section abibac, de M. Pierre Huss, directeur adjoint et de Mme Laura Scholz, professeur d’allemand.
Ce prix récompense l’intérêt et l’enthousiasme des jeunes pour l’Allemagne et la langue allemande. Les récipiendaires sont sélectionnés sur leurs résultats scolaires en allemand, leur projet de poursuite d’études et leur engagement franco-allemand.
Petar Dimovski était en Terminale spécialité mathématiques au Collège Saint Etienne. Il est originaire de Macédoine. Arrivé en France, il a d’abord vécu dans la Sarthe, où il a fréquenté le lycée de la Ferté Bernard, avant de rejoindre Strasbourg.
Il a accompli un remarquable parcours d’insertion et a une année d’avance dans ses études. Il est né le 6 juin 2016 et envisage des études d’ingénieur.

Par ailleurs, le Prix de l’AFDMA 2023 a été remis à la Maison de l’éducation de la Légion d’Honneur à St Denis à Melle Guillemette Fiault, Terminale 2.

Les publications de nos membres

SOLDAT
1953 – 1994

Par Jean Cot, Général d’armée.

Rien, ou presque, ne destinait le général Cot à la carrière des armes.
Il la vécut avec passion, occupant successivement vingt postes opérationnels, à la tête d’unités de combat ou en état-rnajor.
Au fil des pages, on découvrira ses réflexions originales sur l’exercice du commandement, l’extrême exigence de la préparation au combat, les fondements de notre stratégie nationale.
Mieux que des « Mémoires » par lesquelles, le plus souvent, leurs auteurs s’attachent à présenter leur meilleur profil, ce livre relate le parcours d’un soldat et d’un chef, avec ses fortes convictions et ses doutes passagers, ses réussites et ses échecs, ses références littéraires et philosophiques.
Les très nombreux extraits de ses écrits intimes et de documents officiels inédits confèrent à ce livre une rare authenticité, dans un style enlevé, précis et incisif, non dépourvu d’humour.
Ce parcours professionnel d’un homme d’action et de réflexion passionnera le lecteur, bien au-delà des cercles militaires.

Saint-Cyrien, diplômé d’état-major et breveté de L’École de guerre, le général d’armée
Iean Cot commandait la 1 »’ armée lorsqu’il fut appelé à la tête de la Force de protection
des Nations-Unies (Forpronu), en juillet 1993. En désaccord avec M. Boutros Ghali,
il est rappelé en France en mars 1991 et démissionne. Depuis, il a enseigné à l’uni-
versité de Reims, donné de nombreuses conférences, publié cinq ouvrages, écrit de nom-
breux articles, sur l’ex-Yougoslavie, l’ONU la Défense et la Paix. Il est grand Officier
de la Légion d’honneut; commandeur de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne et officier de la Legion of Merit des Etats Unis.

530 P. 33€ + 9€ de frais de port.

 

APPEL / RAPPEL
La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis.
Merci de soutenir notre engagement !

Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2023, à adresser par chèque à notre trésorier, Olivier de Becdelièvre,
Secrétaire général de l’AFDMA, 101bis rue Lauriston, 75116 Paris.
Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA : auprès du Crédit Mutuel de Paris :
IBAN : FR76 10278060100002070210112

Site internet www.afdma.fr

Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe. Voir le « carroussel d’actualité » et « en direct du franco-allemand ».
N’hésitez pas à m’adresser vos articles ou contributions dans le cadre des objectifs de notre association et traitant de l’Allemagne, des relations franco-allemandes et de leur place en Europe.

Page « facebook » de l’AFDMA
Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».
Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe.