Lettre d’information N°29 janvier 2017.

LA LETTRE D’INFORMATION

sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne

 

N° 29 janvier 2017

Responsable de la rédaction :

Bernard Viale,  Délégué à  la « Communication »

www.afdma.fr

 

 

Le mot du Président

 

Cher membres de l’AFDMA, chers amis,

Au lendemain de l’attentat de Berlin, j’ai adressé à M.Meyer-Landrut, ambassadeur d’Allemagne en France, le message suivant :

«  Comme l’ensemble des Français, mais peut-être avec encore davantage d’émotion du fait des liens qui unissent nos membres avec l’Allemagne, je tiens à vous exprimer au nom de l’Association Française des Décorés du Mérite Allemand (AFDMA) notre profonde sympathie et la grande tristesse que nous ressentons face à cet odieux attentat sur un marché de Noël, symbole de paix et de fraternité, qui frappe la population innocente de Berlin et l’Allemagne toute entière.

Nous mesurons parfaitement le choc engendré et nous tenons à vous exprimer toute notre solidarité devant cet acte criminel, lâche et abject.

Nos pensées vont en 1er lieu vers les familles et les proches de ceux qui ont été tués ou blessés. Mais elles vont aussi à l’ensemble des Allemands qui se sentent violemment agressés.»

Comme le dit notre Président d’honneur, l’AFDMA est une « académie de militants. C’est pourquoi, en particulier dans ces moments graves, nous devons tous être des acteurs  du renforcement  de la solidarité et de la coopération entre nos deux pays, au service de l’Europe.

Pour renforcer sa notoriété, elle vient de se doter d’un nouveau moyen de communication, le site internet www.adfma.fr, que je vous invite à consulter régulièrement et à enrichir par vos contributions. N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience, de vos témoignages et de vos réflexions pour alimenter et soutenir notre action.

A vous, à vos proches et à tous ceux qui vous sont chers, j’adresse mes meilleurs vœux de bonne santé et de bonheur en cette année nouvelle.

 

Bertrand Louis Pflimlin

Président

Sommaire /

  • Le mot du Président
  • P. 2 : Les publications:
  • Angela Merkel, les secrets de la longévité politique.
  • P. 5 : Les pays baltes, 25 ans après leur libération en 1991.
  • P. 7 : Note du Cerfa n°134 : le livre blanc allemand 2016
  • Le Prix franco-allemand du journalisme rend hommage à Rémy Pflimlin.
  • P. 8 : Sommaire d’ « Allemagne d’aujourd’hui ».
  • P. 9 : : Sommaire de « Documents / Dokumente »
  • Les manifestations franco-allemandes.
  • P. 10 : La vie de l’AFDMA

 

 

Publications

 

Angela Merkel, les secrets de la longévité politique

Le 20 novembre, Angela Merkel a fait part de son intention d’être à nouveau candidate à la présidence de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) lors du Congrès de son parti à Essen, les 5-7 décembre prochains. Un poste qu’elle détient sans discontinuité depuis 2000 et qui lui permet de briguer un nouveau mandat de chancelière, le quatrième depuis 2005.

Les deux fonctions ne doivent pas, selon elle, être dissociées : une chancelière a besoin du soutien de son parti – quand bien même subsisterait, dans ce cas de figure, le risque de réduire le débat démocratique interne à la question de savoir comment soutenir la politique du gouvernement.

Chef de parti et de gouvernement : la leçon d’Helmut Schmidt

Sans doute Angela Merkel a-t-elle compris la leçon d’un de ses prédécesseurs, le social-démocrate Helmut Schmidt. Ce dernier a reconnu avoir commis une erreur en ne réclamant pas la présidence du SPD quand, en 1974, il a succédé à Willy Brandt comme chancelier fédéral. Willy Brandt, président du SPD depuis 1964, est resté à la tête de son parti jusqu’en 1987, bien au-delà de la fin du deuxième mandat de chancelier Schmidt (1974-1982). Et malgré une collaboration de longue date, la relation entre les deux hommes était difficile à cause de leurs parcours, leurs personnalités et leurs tempéraments différents.

Peut-être faut-il voir dans l’association de ces deux fonctions – présidence du parti et chancelier – une première raison de la longévité d’Angela Merkel au pouvoir en Allemagne. Son prédécesseur chrétien-démocrate, Helmut Kohl, a également combiné les deux fonctions de président de la CDU (1973-1998) et de chancelier (1982-1998). Cette association, qui n’empêche pas les conflits internes, contribue fortement à mettre le parti au service du chancelier et de son gouvernement, au nom de la cohérence de la politique de l’un et de l’autre et de la cohésion du parti en situation de gouverner.

Plusieurs précédents

Mais il y a au moins trois autres types de raisons qui peuvent expliquer la longévité de quelques chanceliers allemands et d’Angela Merkel en particulier : les contextes historiques, le statut institutionnel du chancelier et les qualités individuelles. Avant Angela Merkel, l’Allemagne a connu deux chanceliers, au demeurant chrétiens-démocrates, qui ont gouverné plusieurs mandats de suite. Le premier, Konrad Adenauer (1949-1963), a dirigé le pays dans la situation particulière de l’après-guerre, de la fondation de la République fédérale d’Allemagne et de sa reconstruction.

Helmut Kohl (1982-1998), lui, est parvenu au pouvoir à la suite de la crise de la coalition sociale-libérale portée par Helmut Schmidt : les Libéraux ont refusé en 1982 de continuer à soutenir la politique fiscale et économique des sociaux-démocrates. Fortement contesté au sein de son parti à la charnière des années 1989/90, Kohl se maintient au pouvoir comme chancelier de l’unification.

La fonction de chancelier sortant accorde à son détenteur un bonus lors des élections législatives tous les quatre ans. Mais il n’y a pas là d’automatisme ; après quatre mandatures, Helmut Kohl a cru, à tort, que son statut de chancelier sortant lui conférait une sorte de durabilité à toute épreuve. Mais il n’a pas compris que dans l’opinion publique son image de marque s’était, avec le temps, fortement dégradée et que la durée était perçue comme une façon injustifiée de s’accrocher à une fonction qu’il ne savait plus utiliser pour insuffler une nouvelle politique de réformes.

Le garde-fou du « vote de défiance constructif »

La Loi fondamentale de 1949, devenue en 1990 la Constitution de l’Allemagne unifiée, confère au chancelier fédéral un statut privilégié pour deux raisons majeures : c’est à lui que revient le droit de déterminer la politique du gouvernement et, une fois élu par le Bundestag à la majorité qualifiée de ses membres, un chancelier peut légitimement escompter terminer son mandat sans être renversé.

Pour renverser un chancelier en exercice, il faut en effet substituer à la majorité qui l’a élu une autre majorité qui élit un autre chancelier au terme de la procédure dite « vote de défiance constructif ». Le premier recours à cette procédure – contre Willy Brandt en 1972 – a échoué, seul le second a abouti quand Helmut Kohl a renversé Helmut Schmidt en 1982, substituant à la majorité SPD-FDP une nouvelle majorité CDU/CSU-FDP.

Tout chancelier dispose, par ailleurs, d’un moyen coercitif non négligeable pour mettre au pas les partis qui constituent la coalition gouvernementale : la « question de confiance » par laquelle il associe son sort au vote d’une loi qu’il sent contestée dans ses propres rangs. Toutes proportions gardées, une sorte de 49.3 à l’allemande. Le statut institutionnel du chancelier en fait l’homme fort – ou la femme – du régime, qui peut compter sur la stabilité de sa fonction.

Du bon usage des grandes coalitions

Depuis des années toutefois, le système des partis a évolué d’un tripartisme jusqu’au début des années 1980 (CDU/CSU, FDP et SPD) vers un pluripartisme modéré : le Bundestag compte aujourd’hui, en plus de ces trois partis, les Verts, La Gauche et selon, toute vraisemblance, à partir de 2017, l’Alternative pour l’Allemagne (AFD) – soit six partis qui doivent veiller à dégager entre eux une majorité stable de gouvernement. Cela a été possible jusqu’à maintenant, au prix sans doute de quelques contorsions.

Passée l’époque héroïque et quelque peu anarchique de leur fondation, Les Verts sont devenus un parti de gouvernement, tout d’abord dans les communes et les Länder, finalement au Bundestag en 1998, aux côtés du SPD, sous la direction du chancelier Gerhard Schröder. Quand a disparu l’option d’une coalition associant à un grand parti populaire tel que la CDU/CSU et le SPD à un petit parti tel que le FDP ou les Verts, le moment est arrivé de former une grande coalition associant les deux grands partis populaires au gouvernement fédéral. Ce fut le cas une première fois de 1966 à 1969 pour surmonter la première crise économique et sociale de l’Allemagne occidentale d’après-guerre, et une nouvelle fois en 2005, quand le vote des électeurs a contraint CDU/CSU et SPD à s’associer pour former la première grande coalition conduite par Angela Merkel (2005-2009).

On voit volontiers en France dans la grande coalition une formule typiquement allemande qui plaît et convient aux Allemands. Rien n’est moins sûr aux yeux des partis composant cette coalition comme des partis de l’opposition, l’un des deux partis gouvernementaux survivant dans l’ombre du plus fort et l’opposition se réduisant à celle des petits partis qui ne peuvent pas réellement s’opposer au rouleau compresseur que représente une grande coalition CDU/CSU+SPD, dommageable donc à la démocratie.

C’est ce qui explique qu’en 2009, la CDU/CSU n’a pas détesté pouvoir se réengager avec les libéraux du FDP, plus proches de leur cœur, mais aussi plus rebelles et plus exigeants dans leurs revendications parce que précisément petit parti soucieux d’exister à côté de la grande et forte Union chrétienne-démocrate. Cette coalition chrétienne-libérale était sans aucun doute plus conforme aux vues et au cœur d’Angela Merkel, comme celle-ci d’ailleurs n’avait cessé de le répéter dans sa campagne électorale.

Les électeurs ont pourtant contraint, dès 2013, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates à s’associer au sein d’une nouvelle grande coalition, faute d’une majorité CDU/CSU+FDP ou SPD+Verts. L’évolution n’a pas effrayé la chancelière qui avait acquis le sens du compromis avec le SPD lors de sa première grande coalition (2005-2009) et dont elle avait appris à siphonner à son bénéfice le programme social, au point qu’aux yeux d’un nombre non négligeable de chrétiens-démocrates, Angela Merkel a aujourd’hui la réputation d’être quasiment plus social-démocrate que chrétienne-démocrate.

Adaptabilité et convictions

C’est cette adaptabilité au-delà des clivages idéologiques qui explique, pour une part non négligeable, la capacité de la chancelière à durer : on retrouve cette composante dans sa recherche d’un candidat Vert à la présidence fédérale pour ouvrir une perspective à un éventuel gouvernement CDU/CSU+Verts à l’automne 2017 : pourquoi, en effet, ne pas jouer cette carte pour se libérer du carcan des autres options ?

Pourtant, le choix, en la personne de Frank-Walter Steinmeier d’un candidat commun aux chrétiens-démocrates et aux sociaux-démocrates pour occuper la fonction de président fédéral pour succéder à Joachim Gauck (lequel ne demandait pas le renouvellement de son mandat) montre qu’Angela Merkel a été contrainte de prendre ses décisions sous la pression des réalités existantes et à venir : une alliance CDU/CSU+Verts n’a guère de chance, en l’état actuel des choses, d’aboutir sans provoquer une scission des Verts et, de ce fait, d’être privée de majorité.

Adaptabilité revient à dire pragmatisme, mais Angela Merkel se laisse également conduire par des convictions tout en évoluant au gré des événements et de leurs conséquences pour l’Allemagne et l’Europe : abandon du nucléaire au lendemain de Fukushima, sauvetage de l’euro aux conditions de l’Allemagne lors de la crise grecque, accueil des réfugiés en 2015-2016, sur la base de la profonde conviction qu’il y va de la défense des valeurs qui fondent l’Europe.

C’est la sans doute le plus grand défi qu’Angela Merkel aura à relever dans les mois et années qui viennent, car la contestation s’amplifie du côté des populistes mais nourrit également la contestation au sein de la CDU, et tout particulièrement au sein de la CDU bavaroise dont le président, Horst Seehofer, ne cesse de réclamer que soit mis un terme à la « politique de bienvenue » et fixé un quota annuel indépassable de migrants – chose jugée impraticable, parce qu’irréaliste, par la chancelière.

« Un nouveau mandat, oui, mais pour quoi faire ? »

Angela Merkel pâtit ainsi de la double réputation de ne pas afficher clairement son programme politique et d’être trop au centre-gauche. Reproche lui est fait, par ailleurs, de ne pas anticiper les événements et de réagir trop tard – ce qui l’a amenée à faire le constat récent qu’effectivement elle prenait « [son] temps avant de [se] décider mais qu’une fois [sa] décision prise », elle s’y tenait. Une attitude qui reflète à merveille la façon de travailler des Allemands d’aujourd’hui, leur façon également de négocier sans se mettre sous la pression du temps. Dans cette phrase transparaît la double volonté de faire preuve de compréhension et de souplesse à l’égard de ses partenaires mais aussi de fermeté et de fiabilité.

Toutefois, à l’annonce de sa candidature à un quatrième mandat, de très nombreux observateurs allemands ont réagi par la question suivante : « Oui, mais pour quoi faire ? » Ils attendent qu’Angela Merkel se donne une ligne directrice et dise, vu la fonction de leader échue à l’Allemagne en Europe, ce qu’elle pense faire en matière de construction européenne face aux populismes montants et au « Brexit », comment elle pense la mondialisation et envisage la réforme du régime des retraites, etc.

Déjouant tous les pronostics, la chancelière a été la première à réagir aux menaces de Donald Trump  de réduire le soutien des États-Unis à la sécurité des États européens en annonçant que l’Allemagne se donnait dorénavant pour objectif de consacrer 2 % de son PIB à la Défense – ce qui représentera dans les années à venir un effort considérable en même temps que cela impliquera une évolution des mentalités sur les questions de défense et de guerre. Une façon claire de dénoncer par avance un nouvel isolationnisme américain qui pourrait aller de pair avec un nouvel unilatéralisme.

C’est sans doute là qu’intervient la composante personnelle pour expliquer la longévité d’Angela Merkel. Dans ce contexte lourd d’incertitudes, on notera que son annonce de briguer un quatrième mandat lui a d’ores et déjà a valu un net regain de popularité alors que sa cote fluctuait fortement ces derniers mois sous l’influence de la crise migratoire. Quelque 64 % des Allemands y sont aujourd’hui favorables.

Autre signe qui ne trompe pas, non seulement la cote de popularité de la chancelière croit, mais l’annonce de sa candidature bénéficie également à son parti : lors du sondage le plus récent (EMNID/Bams de fin novembre), la CDU/CSU obtiendrait 37 % des voix – son score le plus élevé depuis le début de l’année – si les élections législatives avaient lieu maintenant (tandis que le SPD perdrait 1 point). Un bond de plusieurs points en une quinzaine de jours pour les chrétiens-démocrates !

 

Jérôme Vaillant

Professeur émérite de civilisation allemande.Univ.Lille 3

Membre de l’AFDMA

Publié dans  « the conversation France ». http://theconversation.com

 

 

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Les Pays Baltes – 25 ans après leur Libération en 1991

 

L’AFDMA s’intéresse à l’Europe :

Carnets de route de Jean-Marie Fèvre, Délégué régional pour le Grand-Est (Lorraine)

 

La Lituanie, la Lettonie et l´Estonie sont des pays culturellement très différents entre eux mais, par commodité et pour des raisons historiques, ils sont évoqués sous l´appellation (géographique) de « pays Baltes ».  Début 1991, quand les Lituaniens se sont soulevés contre le joug soviétique, la situation était angoissante. En poste à Varsovie à l´époque, j´ai ressenti un spectre hanter le quotidien de leurs voisins polonais alors que les media « occidentaux » se consacraient presque exclusivement à la situation en Irak et au Koweit. Et quelque temps plus tard, une visite en Lituanie faisait mal, avec la grisaille, la pauvreté, la pollution.

Certes, des dizaines de victimes sont tombées dans les trois pays mais contrairement à l´été 1940, il n´y a eu ni massacres, ni arrestations, ni déportations massives en Sibérie. 1991 a vu les trois Pays Baltes retrouver la liberté acquise en 1918. D´ailleurs, leur annexion à l´URSS en 1940 n´avait été reconnue en droit international.

En 1940, les pays Baltes étaient entre le marteau soviétique et l´enclume nazie. L´occupation soviétique de 1940 à 1991 a laissé de terribles traces. De plus, de juin 1941 à l´été 1944, l´occupation nazie est venue s´y ajouter, en particulier pour les Juifs,  car les pays Baltes étaient un foyer majeur de Culture juive : Vilnius était devenue avant 1940 la « Jérusalem du nord » avec 98 synagogues. Mais la communauté juive y a été systématiquement anéantie, notamment dans le ghetto de Riga auquel avaient été conduits en plus des juifs d´Europe centrale. À la fin de ces tragiques années 40, les  Pays Baltes étaient exsangues.      En été 2016, 25 ans après leur Libération en 1991, les 3 pays font preuve d´un dynamisme remarquable. Partout, on sent l´esprit d´effort et de progrès même si les stigmates des 51 ans de la chape de plomb soviétique restent encore souvent visibles. Certes, une certaine opulence de façade s´étale parfois avec ostentation mais cela se comprend et le système fiscal doit encore progresser. La douloureuse question de la très forte minorité russophone en Estonie et surtout en Lettonie– dont les plus anciens ne maîtrisent pas bien la langue du pays – et la sollicitude de la Russie pour ces populations constituent un problème bien délicat. Mais l´Union Européenne apporte un très important soutien que les gens savent apprécier et qui est partout visible grâce aux panneaux d´information sur ses aides (par exemple pour l´infrastructure routière et portuaire ou pour le réseau ferroviaire et son matériel roulant). L´euro en est le vecteur et la libre circulation un bienfait tangible. Et pour la défense, il y a l´OTAN. L´Estonie est même en pointe au niveau mondial pour le rôle de l´informatique dans le quotidien de tous. Les jeunes sont entreprenants et ouverts sur le monde. Certains sont d´ailleurs des descendants d´émigrés revenus aider à reconstruire non seulement les bâtiments mais l´âme du pays de leurs ancêtres.

 

On ne peut qu´admirer la métamorphose réalisée en 25 ans. Sans parler de l´ambre omniprésente, voici quelques jalons pour préparer une découverte personnelle : En Estonie, outre la capitale Tallinn, on peut citer la ville de Tartu, cœur de la vie universitaire depuis presque 4 siècles. Plus au sud, Riga est non seulement la capitale de la Lettonie mais aussi en fait celle de l´Art Nouveau (Jugendstil) : on y dénombre environ 800 maisons de ce style, avec des particularités locales.

Immeuble Art Nouveau à Riga

Immeuble Art Nouveau à Riga

L´élan de rénovation et de reconstruction porte déjà des fruits impressionnants. En Lituanie, la capitale, Vilnius, le site médiéval de Trakai ou Kaunas sont des lieux particulièrement attachants. Le site de la « Colline des Croix » où, depuis le XIXème siècle, des Lituaniens apportent des croix pour rappeler les morts et les disparus, victimes de la répression (tsariste, bolchevique, nazie, soviétique), constitue un lieu de mémoire saisissant quand on pense que le pouvoir soviétique l´avait fait détruire trois fois à coup de bouteurs.

Le souvenir de siècles de présence de l´Ordre Teutonique puis de domination des Deutschbalten est rappelé de manière décomplexée. Memel a fait partie de l´Empire allemand jusqu´en 1919 puis, après une courte période d´administration française, ce port a été attribué à la Lituanie et est devenu Klaipéda.  Au printemps 1939, sous la pression et afin « d´amadouer l´ogre », la Lituanie l´a rendu au Reich et Hitler est venu y prononcer un discours sur le balcon du théâtre. Une seule personne lui tournait le dos : la statue d´Ännchen von Tharau sur la place.

 

Klaipeda (Memel) Ännchen von Thurau

Klaipeda (Memel)
Ännchen von Thurau

Les autorités nazies ont lavé cet affront en la faisant disparaître. Or, avant même la fin de l´ère soviétique, des amoureux de l´Histoire ont financé et sont parvenus à ériger une nouvelle statue d´Ännchen inaugurée dès la fin des années 80 ! Et sur son socle, son nom est mentionné en allemand comme sur de nombreuses plaques dans la ville pour rappeler des personnages célèbres. Les casernes locales en briques rouges utilisées pour l´université ou bien l´ancienne  poste magnifiquement rénovée, sont les cousines de la même époque des bords de la Sarre ou du Rhin.

Enfin, mais pas en dernier lieu, le nord de  la «Flèche de Courlande » (Kurische Nehrung) – car le sud appartient aujourd´hui à l´enclave russe de Kaliningrad (Königsberg) -, est d´une beauté rare. Humboldt avait écrit à cet égard en 1809 : „Die Kurische Nehrung ist so merkwürdig, dass man sie eigentlich ebensogut als Spanien und Italien gesehen haben muss.“ On y découvre près de Nida la villa que Thomas Mann, comblé par le Prix Nobel de littérature en 1929, avait fait construire sur une dune dominant la lagune. Il y a passé 3 étés (de 1930 à 1932). C’était pour lui et sa famille le rêve devenu réalité. Mais début 1933, il devait fuir son pays, était déchu de sa nationalité et un long exil commençait. Même après 1945, il n´y est jamais revenu. Par chance, la maison n´avait pas été détruite et elle a été restaurée. C´est aujourd´hui un musée. Ainsi, ce saisissant exemple de la fragilité de la condition humaine illustre le devenir  de pays chargés d´Histoire où se côtoient arts et tragédie.

Nos amis de Lituanie, de Lettonie et d´Estonie vont de l´avant depuis 25 ans et méritent vraiment d´être mieux connus et appréciés. Alors, allons-y !

 

Jean-Marie Fèvre, en automne 2016

 

 

Note du CERFA n° 134

 

Parution en ligne de la nouvelle publication

« Le Livre blanc allemand 2016. La consolidation du “consensus de Munich” et des questions qui persistent »,

Notes du Cerfa, n° 134, octobre 2016 de Barbara Kunz, qui peut être téléchargée sur le site internet de l´Ifri.

Le Livre blanc 2016 témoigne de la volonté de Berlin de s’investir davantage sur la scène internationale, d’assumer plus de responsabilité et d’assurer un leadership en étroite concertation avec ses partenaires : c’est ce que l’on appelle désormais le « consensus de Munich », en référence à plusieurs discours tenus par de hauts responsables allemands lors de la conférence annuelle sur la sécurité dans la capitale bavaroise. Berlin reste en même temps fidèle à soi-même en misant sur le multilatéralisme, l’approche globale, et en insistant sur le fait que la Bundeswehr n’est qu’un outil parmi d’autres de la politique de sécurité allemande – et pas forcément le plus approprié dans tous les cas.

Barbara Kunz est chercheur au Comité d’études franco-allemandes à l’Ifri

 

Le Prix Franco-Allemand du Journalisme rend hommage à Rémy PFLIMLIN

05.12.2016 Sarrebruck, Paris et Berlin

Le Prix Franco-Allemand du Journalisme (PFAJ) rend hommage à Rémy PFLIMLIN, ancien PDG de France Télévisions : Le journaliste, grand patron des médias et fervent ambassadeur de la collaboration franco-allemande, est décédé le 3 décembre 2016 à l’âge de 62 ans à Paris.

L’apport de Rémy PFLIMLIN au Prix Franco-Allemand du Journalisme, un des prix les plus prestigieux en Europe, fut d’une grande importance pour la collaboration transfrontalière. Le Président du PFAJ et PDG de la Saarländischer Rundfunk, Thomas Kleist rend hommage à Rémy PFLIMLIN qui fut un citoyen européen exceptionnel et un membre engagé du PFAJ. « Il a toujours été conscient de l’importance du rôle des medias et d’un journalisme indépendant de qualité pour la démocratie et une société ouverte. La coopération transfrontalière lui tenait particulièrement très à cœur au-delà de son origine alsacienne. » Sous la présidence de Rémy PFLIMLIN, France Télévisions a entre autre renforcé son engagement pour la promotion des journalistes dans le cadre du PFAJ. Jusqu’en 2015, il a été membre du bureau directeur du Prix ou il a contribué de façon significative à la transformation et au développement du Prix en une association. Le PFAJ présente ses sincères condoléances aux proches et à la famille de Rémy PFLIMLIN.

Thomas Kleist ajoute : « Il fut un grand européen, une personnalité d’une vraie authenticité et un partenaire fiable. »

Le Prix Franco-Allemand du Journalisme gardera de Rémy PFLIMLIN en mémoire un engagement et une coopération de grande qualité.

Pour plus d’informations : www.pfaj.eu

ALLEMAGNE D’AUJOURD’HUI

 

No 218 (octobre-décembre 2016), 256 p.

http://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100760020

 

SOMMAIRE

 

ÉDITORIAL

 J. VAILLANT – Du nouveau sous le ciel berlinois ?

G. ValinDeutsche Bank : un maillon faible dans un univers financier à hauts risques ?

H. Ménudier – Poussée électorale de l’AfD. Les élections régionales en Mecklembourg-Poméranie antérieure et Berlin.

L’actualité sociale par B. Lestrade

Notes de lecture de J.-C. François

 

DOSSIER : Disparaître ou renaître – Les défis démographiques de l’Allemagne

Un dossier dirigé par Brigitte Lestrade et Anne Salles

B. Lestrade, A. Salles – Quels défis démographiques pour l’Allemagne aujourd’hui ?

 

I – Enjeux du vieillissement démographique et du niveau bas de la fécondité

A. Ayerbe, D. Breton, C. Monicolle – Évolution démographique et nouvelles constellations familiales en Allemagne.

C. Aquatias – À l’Est, du nouveau ? Stratégies adoptées à tous niveaux de l’État pour combattre – ou pallier ? – la crise démographique dans l’est de l’Allemagne.

A. Salles, M.-T. Letablier, S. Brachet – Avoir des enfants dans un contexte d’incertitude économique : une comparaison entre l’Allemagne et la France.

G. Perrier – La promotion de l’emploi des femmes, nouvel objectif des politiques d’emploi allemandes ? Des réformes en trompe l’œil

B. Lestrade – Vieillissement de la population active : quelles perspectives pour le marché de l’emploi

C. Oberlé – Impact du vieillissement sur le marché et la consommation en Allemagne

W. Zettelmeier – Conséquences des mutations démographiques sur le système d’éducation et de formation en Allemagne

 

II – Les enjeux démographiques liés aux mouvements migratoires

M. Weinachter – La gestion politique du défi migratoire.Un bilan très provisoire.

J.Thorel – Le jeu politique de la CSU sur fond de crise des réfugiés.

M. Tambarin – L’opinion allemande face à la crise des réfugiés.

A. Schumacher – Un changement de paradigme :L’évolution du droit d’asile allemand entre 1992 et 2016. Spécificité nationale et servitudes européennes.

G. Sebaux – Nationalité et citoyenneté : l’Allemagne post-migratoire au défi.

G. Leroux– Mesures phares, acteurs et transversalité des politiques allemandes d’intégration.

J. Sellier – L’intégration des descendants d’immigrés en France et en Allemagne : bilan et perspectives.

 

 

logomail

 

Au sommaire du n°4 /2016,

un dossier sur « l’Europe sans la Grande-Bretagne » et un dossier     «  Französisch – Allemand, des langues bien vivantes » sur l’emploi et les évolutions de nos langues aujourd’hui

Et, bien sûr, les rubriques  « Politique », « Histoire », « Culture », Société » et « Chronologie ».

 

Des articles en français et en allemand.

 

Pour plus d’informations : E-Mail : redaktion@dokumente-documents.info

Internet : www.dokumente.documents.info

 

 

 

            Les manifestations franco-allemandes

 

A la Maison Heinrich Heine,

Cité universitaire internationale de Paris, 27c Bd Jourdan, Paris 14ème

 

Mercredi 18 janvier 2017  de 19h30 à 22h00
« Adenauer, de Gaulle et les relations franco-allemandes «

Le 50e anniversaire de la mort de Konrad Adenauer, le 19 avril 1967, donne l’occasion d’évoquer la place de l’ancien Chancelier dans l’histoire allemande, son importance pour les relations franco-allemandes, les succès et les échecs de son étroite coopération avec le Général de Gaulle. Quels enseignements peut-on tirer de la rencontre de ces deux grands hommes d’État pour aujourd’hui et pour demain ?

Ingo Espenschied, documentariste, présente en avant-première son film sur Adenauer et De Gaulle

Ciné /Débat avec Konrad Adenauer, notaire, Georges-Henri Soutou, historien, animé par Henri Ménudier, prof. hon. Paris III

En coopération avec la Fondation Konrad Adenauer

 

Lundi 6 février 2017 à 19h30

 

« Les nouveaux allemands – un pays face à son avenir »

 Conférence-débat avec Marina et Herfried Münkler, animée par Jérôme Vaillant.

Comment l’intégration peut-elle être un succès ? Le débat sur les migrants a engendré de profondes fractures dans le paysage politique de la République fédérale. Ainsi, l’Allemagne se trouverait-elle face à un tournant historique, entre risques et dangers, mais aussi face à la chance de se redéfinir à travers une culture d’ouverture. H. Münkler, politologue à l’Université Humboldt de Berlin et M.Münkler, prof. de littérature et de culture au Moyen-âge à l’Université technique de Dresde, sont auteurs de « die neuen Deutschen – ein Land vor seiner Zukunft ».

Jérôme Vaillant est prof. ém. de l’Université de Lille.

 

Lundi 27 février 2017 à 19h30

 

« Sociétés divisées : tendances populistes et crise démocratique en Europe »

 Conférence-débat avec Ralf  Melzer et Nicolas Lebourg.

2016, année de bouleversement politique en Europe et dans le monde. Partis et mouvements populistes gagnent du terrain, attisant la haine contre les migrants et contestant les principes établis de nos régimes démocratiques européens. Pour comprendre les causes de ce climat social hostile, l’étude réalisée pour la Friedrich Ebert Stiftung « Gespaltene Mitte – feinselige Zustände. Rechtsextreme Einstellungen in Deutschland 2016 analyse les tendances d’extrême droite de l’intérieur et propose des réponses politiques concrètes pour les mettre en perspective avec la situation actuelle en France et en Allemagne.

Ralf Melzer est historien et directeur du département « gegen Rechtsextremismus » au siège de la Friedrich Ebert Stiftung à Berlin.

Nicolas Lebourg est historien, chercheur à l’Université de Montpellier et membre de l’Observatoire des radicalités politiques (ORAP) de la Fondation Jean-Jaurès

En coopération avec la Fondation Friedrich Ebert

 

 

Vous trouverez l’ensemble du programme culturel (concerts, colloques, conférences, cinéma…) de la maison Heinrich Heine sur son site www.maison-heinrich-heine.org

 

 

 

La vie de l’AFDMA

 

Le Prix de l’AFDMA

Andrée Kempf, notre Déléguée pour le grand Est (Alsace) remet le Prix de l'AFDMA àYannick Fritsch, élève du Gymnase de Strasbourg, le 05.11.2016 au Pôle européen de gestion et d'économie de l'Université.

Andrée Kempf, notre Déléguée régionale pour le Grand Est (Alsace), a remis le prix de l’AFDMA à Yannick Fritsch, élève du Gymnase de Strasbourg, le 5.11.2016 au Pôle européen de l’Université de Strasbourg.

 

Décorations

François Balique, maire du Vernet (Hautes Alpes) et membre de notre association, a été décoré Chevalier de la Légion d’Honneur lors de la dernière promotion du 1er janvier 2017.

Laurent Stéfanini, ambassadeur permanent auprès de Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, a été promu au grade d’Officier.

Toutes nos félicitations.

 

chateau-de-klingenthal-2016Bilan et perspectives

Le Bureau et les Délégués régionaux de l’AFDMA se sont réunis du 25 au 27 octobre 2016 à Klingenthal, à l’invitation de la Fondation Goethe, pour examiner le bilan et définir les perspectives pour les années à venir.

A l’ordre du jour :

– l’évolution des effectifs de l’association et la nécessité de mieux connaître les Décorés.

– l’action des Délégués dans les Régions (remises du Prix de l’AFDMA, relations avec les autorités consulaires…)

– une communication renforcée grâce au site internet, déjà opérationnel (www.afdma.fr)

– des projets de manifestations à l’automne 2017 dans le Grand Est et en Occitanie.

 

Décès

Le Lieutenant-Colonel Norbert Kugel, Président de l’association du Saillant de St. Mihiel et membre de notre association, est décédé subitement le 24 décembre 2016.

Le travail de mémoire, la réconciliation et les relations d’amitié entre nos deux pays constituaient le cœur de son engagement.

Nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches.

 

Assemblée générale

Pour mémoire, elle aura lieu le 9 février prochain à 14 h 30 au Palais Beauharnais, résidence de S.E. M. l’ambassadeur d Allemagne en France, qui nous fera l’honneur d’échanger avec nous.

N’oubliez pas de renvoyer votre bulletin de participation à notre Secrétaire général et venez nombreux.

 

Site internet

L’AFDMA dispose maintenant d’un outil de communication, le site  www.afdma.fr.

Il sera régulièrement mis à jour pour répondre à la mission de notre association d’information sur les réalités allemandes et la relation entre nos deux pays, au service de l’Europe.

 Merci de nous aider à faire vivre ce site par vos témoignages et contributions. N’hésitez pas à nous contacter.

APPEL

 

La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres.

Le montant reste inchangé en 2017 : 30€, à adresser par chèque dans les meilleurs délais à notre trésorier,

 

Bernard Lallement, 142 rue Boucicaut, 92260 Fontenay aux Roses.